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Festivals

19e Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières

Le 16 septembre 2017 débute le festival de Charleville-Mézières qui réunit, tous les deux ans, les marionnettes du monde entier. S'il n'est plus nécessaire de présenter ce festival avec son cortège de spectacles, de rencontres, d'expositions et de colloques, il faut en revanche, de part la présence de tous ses bénévoles et de la qualité des compagnies présentes, en souligner toujours l'importance culturelle et sociale.



"R.A.G.E." par Les Anges au Plafond © Vincent Muteau.
"R.A.G.E." par Les Anges au Plafond © Vincent Muteau.
Avec son Mont Olympe qui domine la Meuse (occupé cette année par la compagnie Les Anges au Plafond)*, Charleville-Mézières est bien la capitale mondiale du royaume de la marionnette.

Oh bien sûr ! Quand celle-ci est inerte, elle n'est que matière. Mais dès qu'elle est manipulée (avec Art) elle est transfigurée. Elle est "animée". La marionnette est le plus ancien et le plus moderne des arts du spectacle. Et au-delà de l'objet, elle est un phénomène étrange.

Elle semble recevoir justement toute l'âme de son manipulateur jusqu'au bout de ses doigts et celle de son spectateur jusqu'au bout de ses yeux. Elle manifeste par sa fragilité une forme d'avidité qui concentre toute l'attention durant le temps de la représentation. La poupée s'incorpore et rend au centuple ce qu'elle reçoit.

"La Valse des Hommelettes" de Patrick Sims © Jean-Pierre Estournet.
"La Valse des Hommelettes" de Patrick Sims © Jean-Pierre Estournet.
Explorant les secrets intimes que chacun garde enfouis au fonds de lui-même et qui sont des obstacles à l'appréhension de toute réalité, la marionnette les fait s'évaporer comme faits imaginaires trop bien réels. C'est pour cela qu'elle peut aborder tous les problèmes.

Plus que surréaliste, elle est humaine et… indécrottablement optimiste.

Elle est donc essentielle pour le développement de l'humain et le colloque "Marionnette et thérapie" est là pour rappeler cette évidence. Et c'est pour cela aussi qu'il faut saluer le travail des compagnies qui œuvrent en milieux fragiles. La Revue du Spectacle pense, entre autres, à l'action de La Licorne à Dunkerque qui, avec son espace de travail, ses ateliers et sa documentation, construit patiemment un outil de création ouvert à la formation, la résidence et le compagnonnage. Pour parfaire le plaisir, la curiosité et la transmission des savoirs.

* Smiley Un ange passe.

"Ricdin Ricdon" d'Ilka Schönbein © Marinette Delanné.
"Ricdin Ricdon" d'Ilka Schönbein © Marinette Delanné.
Du 16 au 24 septembre 2017.
Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes,
25, rue du Petit Bois, Charleville-Mézières (08).
Tél. : (+33) (0)3 24 59 94 94.
Ouverture billetterie (25 rue du Petit Bois) :
du lundi au vendredi de 16 h à 19 h,
du 14 au 24 septembre : ouverture non-stop de 9 h à 20 h.

>> festival-marionnette.com
>> Programme complet téléchargeable

Jean Grapin
Mercredi 13 Septembre 2017

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
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© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

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© Philippe Hanula.
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Gil Chauveau
26/03/2024