La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
CédéDévédé

Quatuor Debussy - Quatuor Arranoa : Le Maître et l’Élève

Le célèbre Quatuor Debussy masculin rencontre le jeune Quatuor Arranoa féminin pour le cinquième opus du projet discographique "Le Maître et l’Élève". Après la pianiste Natacha Kudritskaya*, lancée par le Festival 1001 Notes dans cette même collection, ce nouveau CD "Octuorissimo" fait la part belle au quatuor à cordes puissance 2, accompagné pour deux pièces de Osvaldo Golijov par la contrebasse de Simon Luce.



© Laurent Bugnet.
© Laurent Bugnet.
La jeune garde du quatuor à cordes, c’est désormais aussi le Quatuor Arranoa formé au CSNM de Lyon en 2009. C’est au Conservatoire lyonnais que ces quatre jeunes filles dans le vent ont pu suivre les cours du cycle supérieur de quatuor à cordes créé par le Quatuor Debussy, fort de sa renommée internationale forgée en vingt ans de carrière. Pour cet enregistrement, les neuf musiciens nous entraînent dans un voyage fou et sans concession, des rives de la Neva à Leningrad où vécut Dimitri Chostakovitch aux rues populaires des barrios du Buenos Aires d’Astor Piazzolla, sans oublier les USA et ses désormais classiques musiques répétitive et minimaliste - avec le compositeur Marc Mellits.

Le programme choisi est donc un premier sujet de satisfaction. Que ce soit l’argentin Osvaldo Golijov aux racines ashkénazes qui mêle culture klezmer et tango dans son "Last Round", composé en hommage à Astor Piazzolla (disparu en 1992), ou le "Tango Ballet" du Maître lui-même, bande-originale du film de Enrique de Rosas sorti en 1956, les choix de notre octuor à cordes séduisent. Et plus encore ces "Deux pièces pour quatuor à cordes" transcrites à partir de son opéra "Lady Macbeth de Mzensk" et de son ballet "L’Age d’or" par Chostakovitch, ou ces "Deux pièces pour octuor à cordes" de jeunesse écrites par lui à une vingtaine d’années. On sait que le répertoire chambriste du génie de Leningrad n’a aucun secret pour le Quatuor Debussy qui a gravé en studio une intégrale de ses quatuors.

L’interprétation du maître quatuor et de son élève impressionne dans des formations à effectif variable. Expressivité à fleur de peau, attaques tranchantes, dissonances explosives, pulsations sensuelles ou rythmes savants, tout réussit à ces interprètes en parfaite osmose - en octuor ou en quatuor. Une belle leçon de transmission enregistrée de surcroît dans une abside romane classée du Prieuré de Chirens (XIe siècle) en Isère.

*Natacha Kudritskaya a été photographiée en train de jouer sur la place Maïdan à Kiev pendant les journées révolutionnaires précédant la fuite du tyran V. Ianoukovitch.

● "Octuorissimo - Le Maître & l’Élève".
Quatuor Debussy - Quatuor Arranoa.
Collection 1001 Notes - Festival 1001 Notes !
Direction artistique : Roger Germser.
Durée : 57 minutes.
Sortie : 9 janvier 2014.
>> festival1001notes.com

Programme :
Osvaldo Golijov, "Last Round".
Dimitri Chostakovitch, "Deux pièces pour quatuor à cordes".
Dimitri Chostakovitch, "Deux pièces pour octuor à cordes" opus 11.
Astor Piazzolla, "Tango Ballet" (arrangement : José Bragato).
Marc Mellits, "Octet".

Quatuor Debussy.
Christophe Collette, premier violon.
Marc Vieillefon, second violon.
Vincent Deprecq, alto.
Fabrice Bihan, violoncelle.

Quatuor Arranoa.
Marina Beheretche, premier violon.
Laura Prieu, second violon.
Aude Fade, alto.
Emmanuelle Bacquet, violoncelle.

Pour "Last Round".
Simon Luce, contrebasse.

Tournée :
Sur le site >> quatuordebussy.com

Christine Ducq
Mardi 25 Février 2014

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024