La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Avignon Off 2013 : Jeanne et Marguerite... L’émergence d’une ode, d'une table des correspondances reliant les générations

Années 2000. Années 1900. Jeanne et Marguerite vivent en des temps que tout oppose. Dans le texte écrit par Valérie Péronnet, les épisodes de leur vie, dans les banalités qui sont leurs sont propres, se juxtaposent, s’entrecroisent, s’entremêlent, se fondent.



© Compagnie Françoise Cadol.
© Compagnie Françoise Cadol.
Cousu avec comme point de surjet un narrateur qui se dédouble, le récit bâtit des symétries et de similitudes de destinée.

Il y a l’homme rêvé puis rencontré. Puis l’éloignement par les guerres qui séparent les couples. Et le reste qui est du temps, le temps de la distribution des courriers ou des courriels ; et le temps de leur lecture et des interrogations qui accompagnent. Le temps de l’attente. Le temps du souvenir. Le temps de l’absence.

Car si les manières de réagir changent d’un siècle à l’autre, si le temps s’est accéléré depuis 1900 et est devenu frénétique, le monde, lui, ne change pas et maintient sous l’évolution des mœurs comme une permanence de la condition féminine.

© Compagnie Françoise Cadol.
© Compagnie Françoise Cadol.
"Jeanne et Marguerite" est une comédie de l’intime et de son drame que Christophe Luthringer traite avec tact, mesure et humour, et dont la scène est un lieu unique : celui de la table d’écriture, la table épistolaire. Table des correspondances.

C’est un lieu de transition, de métamorphoses dont Françoise Cadol exploite toutes les ressources pour exprimer avec gourmandise la variation des sentiments : de la joie enfantine à la désillusion, de l’abattement à l’excitation de la colère.

Papioles ou clavioles ? Dans "Jeanne et Marguerite", le spectateur applaudit l’émergence d’une ode, cette correspondance qui relie les générations.

"Jeanne et Marguerite"

© Compagnie Françoise Cadol.
© Compagnie Françoise Cadol.
Texte : Valérie Péronnet.
Metteur en scène : Christophe Luthringer.
Interprète : Françoise Cadol.
Créateur lumières : Thierry Alexandre.
Régisseur plateau : Philippe Zielinsky.
Costumes : Alice Touvet.
Créateur sons : Franck Gervais.
Durée : 1 h 15.
Par la Compagnie Françoise Cadol.

Avignon Off 2013
Du 6 au 31 juillet 2013.
Théâtre Buffon, Avignon, 04 90 27 36 89.
Tous les jours à 14 h 55.
>> procreart-avignon.fr/salle-buffon

Jean Grapin
Samedi 27 Juillet 2013

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024