La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Péril sur les Molières, premier babil pour les P'tits Molières

À l'heure où 29 directeurs de théâtres privés parisiens "déclarent" la cérémonie des Molières "obsolète", les P'tits Molières font leurs premiers gazouillis sous le slogan : "Parce que dans les petites salles, il y a aussi de grands spectacles".



Anny Duperey et son fils Gaël lors de la dernière (?) cérémonie des Molières en avril 2011 © Gil Chauveau.
Anny Duperey et son fils Gaël lors de la dernière (?) cérémonie des Molières en avril 2011 © Gil Chauveau.
Mais tout d'abord, rappel des faits... Premier acte :
En début de semaine dernière, les plus importants théâtres privés parisiens (dont le Théâtre Marigny, le Théâtre Édouard VII, le Théâtre Saint-Martin...) envoient une lettre à l'Association des Molières, à France 2 et au ministère de la Culture où ils déclarent "qu'ils ne présenteront pas leurs spectacles dans le catalogue 2012 des Molières et déclineront toute proposition de concourir à la prochaine édition".

"Nous ne voulons plus nous sentir la caution d’une manifestation qui n’est plus la nôtre", ajoutent les signataires. "Nous assistons aujourd’hui à ce paradoxe qu’un événement censé promouvoir le théâtre perd peu à peu de son attractivité auprès des téléspectateurs et du public et dessert presque la cause qu’il est censé servir." Néanmoins, ceux-ci disent avoir pour unique motivation, en remplacement de la cérémonie actuelle, la réalisation d'une nouvelle soirée qui serait "un évènement culturel, moderne et festif, capable de donner ou de redonner aux téléspectateurs le goût, l'envie, la curiosité de venir au théâtre, sans se cantonner dans le registre des remises de prix et des discours convenus".

Il est évident que, sans la participation de ces théâtres* représentatifs des "grandes scènes" parisiennes, les Molières - déjà au plus mal - ne valent plus tripette... Affaire à suivre donc !

Deuxième acte :

"Aimez-vous la nuit ?" au Guichet Montparnasse © DR.
"Aimez-vous la nuit ?" au Guichet Montparnasse © DR.
Pendant ce temps, une nouvelle association naît et nous fait part de ses premiers balbutiements. Ce sont les "Les P'tits Molières", créée par des professionnels du spectacle vivant, qui se donne pour mission d’organiser la cérémonie des P'tits Molières, celle-ci ayant pour but de soutenir les petits théâtres parisiens dont la jauge est inférieur ou égale à 100 places.

L'association "Les P'tits Molières" se compose d'un conseil qui sera charger de rendre les spectacles se produisant dans les Théâtres affiliés éligibles dans les différentes catégories (définies à la création de cette association et listées ci-dessous) et d'un jury composé de comédiens, metteurs en scène, décorateurs, traducteurs, régisseurs, journalistes, étudiants, spectateurs, etc., qui sera en charge de voter pour nominer les différents spectacles et artistes. Les catégories sont : Meilleur spectacle tout public, Meilleur spectacle jeune public, Meilleur seul(e) en scène, Meilleur spectacle musical, Meilleur scénographie (décor, costumes, lumières), Meilleur adaptateur, Meilleur auteur, Meilleur mise en scène, Meilleur comédien dans un 1er rôle, Meilleur comédien dans un 2e rôle, Meilleur comédienne dans un 1er rôle, Meilleur comédienne dans un 2e rôle, Meilleur visuel, Meilleur théâtre, P'tit Molière d’honneur et Prix du public.

Jusque-là, rien de bien nouveau sous le manteau d'Arlequin ! Il est bien évident que le but des P’tits Molières n’est pas de concurrencer la cérémonie des Molières destinée aux grandes salles - qui est bien partie pour disparaître de toute façon - , mais bien de pouvoir fédérer les petites salles autour d’un événement ; de sensibiliser public, médias et professionnels du spectacle sur la qualité de programmation des petites salles parisiennes. Il faut noter également que "les théâtres choisis pour être affiliés à l’association ne seront en aucune sorte des loueurs de scènes. Ils contribuent tous à la richesse, la diversité et la qualité du paysage culturel parisien".

La cérémonie de remise des prix devrait se tenir au mois de novembre de chaque année. Cette cérémonie se voudra à l’image des petites salles parisiennes : dynamique, innovante, rythmée et festive. Elle devra mettre à l’honneur les spectacles, les compagnies et les théâtres affiliés à l’association "Les P'tits Molières" par la remise des récompenses qui permettront la pérennité des spectacles et des compagnies.
Aujourd'hui, six théâtres sont partie prenante de cette initiative : la Comédie Nation, le Théâtre Pixel, le Guichet Montparnasse, l'Auguste Théâtre, l'Aktéon Théâtre et le Tremplin Théâtre.

Le dynamisme et la gnaque (de l’occitan nhac = "mordant") nécessaires à la vie/survie des petites structures seront-ils suffisants pour ne pas tomber dans le piège de la célébration caricaturale dans lequel sont tombés les "grands" Molières... la question reste posée pour l'instant et nous gardons, pour notre part, un a priori favorable en attendant la réalisation de la 1ère cérémonie des "P'tits Molières"...

* 25 des signataires :
Yves Lemonnier (Comédie Bastille), Jean-Pierre Bigard (Comédie de Paris et Palais des Glaces), Stéphanie Fagadau (Comédie et Studio des Champs-Elysées), Jacques Mailhot (Théâtre des 2 Ânes), Bernard Murat (Théâtre Edouard VII), Dominique Deschamps (Théâtre Fontaine), Danièle et Pierre Franck (Théâtre Hebertot), Jean-Noël Hazemann (Théâtre de la Huchette), Jean Robert Charrier (Théâtre de la Madeleine), Pierre Lescure (Théâtre Marigny), Xavier Letourneur (Le Mélo d'Amélie), Didier Caron (Théâtre Michel), Jacques Crépineau (Théâtre de la Michodière), Pedro Gomes (Théâtre Mogador), Pascal Legros (Théâtre des Nouveautés), Gérard Maro (Théâtre de l'Oeuvre), Françis Nani (Théâtre du Palais-Royal), Stéphane Hillel (Théâtre de Paris), Jean-Claude Camus (Théâtre de la Porte Saint-Martin), Christian Spillemaecker (Théâtre de la Renaissance), Alain Mallet (Théâtre Rive-Gauche), Marie-France Mignal (Théâtre Saint-Georges), Bruno Moynot (Splendid Saint-Martin), Pascal Héritier (Théâtre de la Tête d'Or), Jean Manuel Bajen (Théâtre des Variétés)...

Gil Chauveau
Lundi 5 Décembre 2011

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter











À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024