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Théâtre

N°4 : Les bons conseils de Mickaël Duplessis.

C’est la rentrée pour tout le monde. Y compris au théâtre. Certains tapent fort et n’hésitent pas à surprendre ; d’autres (beaucoup… trop ?) reprennent des formules qui marchent histoire de ne pas trop prendre de risques. Et oui, rentrée oblige, les salles aussi doivent se remplir. Entre sorties parisiennes et "blockbusters" du théâtre, voyons un peu ce qui est à l'affiche...



Une rentrée un peu frileuse côté "gros" théâtre privé

N°4 : Les bons conseils de Mickaël Duplessis.
Les reprises… Dans le théâtre privé, les années se suivent et se ressemblent un peu : grosses comédies et grosses têtes d’affiches. Voilà certaines reprises dont on se passerait bien…
Celle de La Vérité au Théâtre Montparnasse, par exemple, dont son auteur Florian Zeller a été porté aux nues comme incarnant la relève du boulevard en France… Il n’en est rien, on lui remettrait plutôt la palme du meilleur mystificateur : un mari, une femme, une maîtresse, on prend les mêmes et on recommence. Évidemment, il y a Pierre Arditi dont on ne peut que regretter son absence totale de prise de risque dans le choix de ses rôles. Après tout, la salle continue à se remplir d’une foule de permanentées. Ici, n’y a-t-il pas que cela qui compte ?

Quant au public de TF1, il ne sera pas trop dépaysé en se rendant aux Bouffes Parisiens où il pourra retrouver Jean-Luc Reichman et Véronique Jannot dans Personne n’est parfait. Et oui, c’est mieux qu’à la télé, c’est en vrai !

Les reprises qui font plaisir au contraire, ce sont celles de Diplomatie à la Madeleine, pour ceux qui ont raté le face à face Dussolier - Arestrup l’année dernière, ou encore celle d’Abraham, de et avec Michel Jonasz. Ce bijou créé au Petit Montparnasse a déjà été repris à la Gaîté Montparnasse et continue sa route du succès vers les Mathurins. Le comédien (et chanteur), seul en scène, joue ce texte avec une émotion et une finesse rares.

Pour essuyer le four de Pour l’amour de Gérard Philipe, de Pierre Notte, le Théâtre La Bruyère nous ressort un spectacle de derrière les fagots qui a déjà fait ses preuves durant deux saisons d’affilée : dans un registre complètement délirant, le triomphe des 39 marches continue dans la mise en scène explosive et sans faille d’Eric Métayer.

Ne manquez pas également la performance de Dominique Blanc dans La Douleur de Duras, à l’Atelier, qui lui a valu le Molière de la meilleure comédienne, dans une mise en scène de Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang.

Du côté des créations, à présent, certains théâtres privés n'hésitent pas à mettre en avant de grosses têtes d’affiches…

Plus ou moins alléchantes, certaines créations jouent ouvertement la carte "attention événement". C’est le cas par exemple au Théâtre Edouard VII où, après Patrick Bruel l’année dernière, Bernard Murat nous offre Le paradis sur terre en mettant en scène, cette fois, Johnny Hallyday dans une pièce de Tennesse Williams. Rien que ça. On ne sera pas mauvaise langue avant d’avoir vu la pièce, s’il vous plait !

Après Le dîner de cons, on remonte le niveau aux Variétés. Avec Collaboration, une pièce sur Zweig et Strauss dont le trio Michel Aumont, Didier Sandre et Christiane Cohendy risque de réserver de belles surprises. On retrouvera aussi de beaux acteurs à la Comédie des Champs Elysées : Claude Rich et Nicolas Vaude dans L’Intrus, d’Antoine Rault.

Le Théâtre Antoine, fraîchement racheté par Laurent Ruquier, réunit Daniel Russo, Thierry Frémont et Samuel Le Bihan dans Hollywood, une histoire improbable autour du film "Autant en emporte le vent".

Nicolas Briançon revient à Shakespeare pour notre plus grand plaisir en mettant en scène Lorànt Deutsch et Mélanie Doutey dans un Songe d’une nuit d’été aux accents pop britannique des années soixante-dix. Prometteur !

Mais on ne perdra pas de temps au Tristan Bernard avec Les Conjoints. Cette création semble aussi plate que les Illusions conjugales, données l’année dernière dans le même théâtre, avec le même auteur, le même metteur en scène, les mêmes acteurs et un décor qui semble sorti du même moule.

Enfin, une pièce à ne pas manquer, le Théâtre Hébertot met à l’honneur un auteur contemporain très intéressant, Fabrice Melquiot, avec Youri, une comédie intrigante servie par Jean-Paul Rouve et Anne Brochet, entre les mains expérimentées de Didier Long… Cela promet.

Il ne s'agit là que des "gros" théâtres privés parisiens. Un petit tour (forcément succinct vu l'ampleur de la tâche) mériterait d'être fait du côté des plus petits théâtres privés. Nous aurons l'occasion d'en reparler.

Bonne rentrée à tous, et bonnes sorties au théâtre !
Le spectacle vivant bouge... Soyez dans le mouvement !

Plus de renseignements sur les spectacles cités sur :
www.theatresparisiensassocies.com

Michaël Duplessis
Lundi 12 Septembre 2011


1.Posté par anne le 13/09/2011 14:12
Ô combien d'accord avec votre critique de "La Vérité"! Je m'y suis laissée prendre l'an dernier... Souvenir éprouvant! Pauvre texte, et succès incompréhensible, à moins de se dire que tous ces spectateurs ne sont pas des connaisseurs.

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À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
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Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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