La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Crystal Lesser "sur le bout de la langue"…

Crystal Lesser est une toute jeune comédienne de vingt-deux ans. Elle interprète des textes de Xavier Durringer qu’elle porte (en elle ?) sur la scène du Théâtre Les Feux de la rampe.



Crystal Lesser © D.R.
Crystal Lesser © D.R.
À la voir arriver, Sylvie, avec sa robe à pois, son rouge à lèvre beaucoup trop rouge et son bandeau de lolita, on comprend ce que Xavier Durringer a voulu dire par "j’ai le type même d’une fille sans type". Sylvie, c’est le genre de fille un peu paumée, qui cherche à donner un sens à sa vie. Le ton est donné, il sera le même d’un bout à l’autre du spectacle : "Moi j’suis la fille qui bouffe la vie, mais qui la bouffe mal".

L’avantage avec ce type de texte, c’est que chacun peut y raccrocher un morceau de sa vie et s’y voir un peu comme à travers la loupe d’un kaléidoscope : rouge-fatale, noir-intense, blanc-fragile, rose-p’tite fille… Sous toutes ses faces, de toutes les couleurs. Troublant ! Surtout quand on observe une mise à nu pareille. Non, pardon, disons pour être plus juste que Crystal Lesser se fout littéralement à poil. Le récit est touchant, le personnage écorché vif.

Révolte d’une jeune femme qui ose dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Courageuse, elle l’est. Elle enfonce sans demi-mesure le clou de son désespoir. Et son cynisme nous laisse bien souvent pantois.

Bien que le jeu et la parole soient encore un peu instables, Crystal Lesser sait attraper les mots de Xavier Duringer. Elle épouse ces textes d’une manière troublante, la voix est parfois chancelante, le corps vulnérable.

Attention néanmoins à ne pas se laisser émouvoir (plus qu’il n’en faut pour le personnage) par l’œil d’une caméra (ce soir-là, le spectacle était filmé et la comédienne a bien mis un bon quart d’heure avant d’arriver à entrer complètement dans son rôle). L’âge et l’expérience lui apprendront à vaincre ce type d’émotion.

Il n’empêche, on aurait bien envie de l’écouter encore un peu cette Sylvie. Et comme elle dit si bien : "Venez vous coller à ma langue"... Elle aura certainement des choses à vous raconter.

J'ai le type même d'une fille sans type

Crystal Lesser © D.R.
Crystal Lesser © D.R.
(Vu le 04 mai 2011)

Extraits de Chroniques des jours entiers, des nuits entières et Chroniques 2 quoi dire de plus du Coq.
Texte : Xavier Durringer.
Mise en scène : Laurent Le Doyen.
Avec : Crystal Lesser.
Lumière : Arthur Oudin.
Musique : Jean-Pierre Detrez.
Actinie Productions.

Du 5 avril au 28 juin 2011.
Reprise pour cause de succès.
Spectacle du 20 septembre au 27 décembre 2011.

Chaque mardi à 21 h 30.
Théâtre Les Feux de la rampe.
2, rue Saulnier, 75009 Paris.
Réservations : 01 42 46 26 19.
Pour plus de renseignements :
www.theatre-lesfeuxdelarampe.com

Sheila Louinet
Lundi 9 Mai 2011


1.Posté par Margaux Mouvenpucc le 01/11/2011 11:00
Chère Madame,
Vous devriez vous mettre à jour !
Fors de son succès ce spectacle est prolongé jusqu'au 20 décembre 2011 ...
Et petites corrections .... La comédienne ne se "fout pas à poil", elle se révèle, c'est cru et c'est beau....
Peu ou pas d'actrice le font sur scène, en "Live", tous les soirs.

Et dans le texte de Xavier Durringer la phrase exacte est " Venez vous coller sur ma Lampe", la diction de cette jeune comédienne est extra-ordinaire....je ne vois pas où vous avez entendu "langue" ?

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024