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Théâtre

"Mère Courage" avec Carmen-Maja Antoni pour huit dates à Paris

"Mère Courage", Théâtre de la Ville, Paris

Soixante ans après sa première présentation en France, "Mutter Courage und ihre Kinder" de Bertolt Brecht, portée par le Berliner Ensemble, revient à Paris. Le rôle est repris par Carmen-Maja Antoni. C'est un événement.



Carmen-Maja Antoni © Monika Rittershaus.
Carmen-Maja Antoni © Monika Rittershaus.
"Mutter Courage" (Mère courage en français) est un personnage populaire en Allemagne, tellement populaire que l'on a presque oublié qu'il était un personnage littéraire créé au XVIIe siècle par Grimmelshausen.

Truculente, pleine de vivacité et de fougue, Mère Courage (l'originale) traverse la guerre de trente ans et ses malheurs ; gaillarde et paillarde, elle change d'amants comme de chemises. Mais adaptée aux circonstances, elle en tire bénéfices. Elle est une aventurière.

Comme personnage de la mémoire enfantine, comme personnage picaresque, sa vitalité est exemplaire, le côté sombre lui est oublié.

Carmen-Maja Antoni © Monika Rittershaus.
Carmen-Maja Antoni © Monika Rittershaus.
Le personnage de Brecht est tout autre. Elle erre, affligée d'enfants qui meurent les uns après les autres. Mère Courage est portée par le chant et le souvenir d'elle-même, c'est-à-dire une forme de gouaille et de passion de vivre qui lui donnent la force de tirer sa charrette. Elle est un personnage de la tragédie.

Écrite en 1939, de manière prémonitoire et jouée dix ans plus tard dans Berlin en ruines, elle est un personnage de l'entre deux au réalisme exacerbé. Comme figée en une phase cataleptique dont seul son courage la sort... Mère Courage fascine. Son abattement et son énergie sont ceux du quotidien et deviennent universels.

Son courage est celui de toutes les victimes civiles. Étonnamment porteur d'espoir sur l'avenir, cent ans après la der des ders, soixante-dix ans après la destruction de l'Europe, Mutter Courage continue de rapprocher les sensibilités de part et d'autre du Rhin sur les malheurs de la Guerre.

"Mère Courage"

Carmen-Maja Antoni © Monika Rittershaus.
Carmen-Maja Antoni © Monika Rittershaus.
"Mère Courage"
En allemand, surtitré en français.
Texte : Bertolt Brecht.
Mise en scène : Claus Peymann.
Musique : Paul Dessau.
Avec : Carmen-Maja Antoni, Claudia Burckhardt, Raphael Dwinger, Ursula Höpfner-Tabori, Roman Kaminski, Manfred Karge, Michael Kinkel, Detlef Lutz, Gudrun Ritter, Michael Rothmann, Marko Schmidt, Martin Schneider, Veit Schubert, Martin Seifert, Karla Sengteller, Axel Werner.
Musiciens : Matthias Erbe/Michael Yokas (violon), Cathrin Pfeiffer (accordéon), Silke Eberhard (saxophone alto, clarinette, basse clarinette), Clemens Rynkowski (piano), Manfred Wittlich (guitare).
Scénographie : Frank Hänig.
Costumes : Maria-Elena Amos.
Dramaturgie : Jutta Ferbers.
Direction musicale : Rainer Böhm.
Par le Berliner Ensemble.
Durée : 3 h 20.

Du 17 au 26 septembre 2014.
Lundi, mercredi, jeudi et vendredi à 20 h 30 ; dimache à 15 h.
Théâtre de la Ville, Paris 4e, 01 42 74 22 77.
>> theatredelaville-paris.com

Jean Grapin
Mardi 9 Septembre 2014

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© Jean-François Delon.
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Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
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06/03/2024
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Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

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Brigitte Corrigou
08/09/2023
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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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Bruno Fougniès
15/10/2023