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Humour

Le sens de la vie... via The Oliver Saint John Gogarty Pub

Ne cherchez pas dans le titre un véritable lien réel avec le célèbre pub irlandais (situé au cœur de Temple Bar, le quartier bohème artistique et culturel de Dublin), si ce n'est la "descente" de pintes de bières successives (habituelle dans ce type d'Irish Bar) qui aurait pu éventuellement amener, lors de leur passage à Dublin, les Chiche Capons à aiguiser leur imagination. Mais la rencontre avec les consommateurs dudit pub a suffi pour laisser naître dans leurs cerveaux de clowns farfelus et fertiles l'idée de ce spectacle. Et l'histoire ainsi créée, traitée sous forme de cabaret, complétement loufoque, est un pur moment de bonheur !



Les Chiche Capon © Thierry Guillaume.
Les Chiche Capon © Thierry Guillaume.
Que l'enquête d'opinion qu'ils nous disent avoir effectuée ait eu lieu ou pas, peu importe... Le résultat, bien qu'il aurait pu paraître improbable, donne un spectacle étonnant, joyeusement décalé et incroyablement jubilatoire où nous est contée l'histoire de l'homme en quatre tableaux, burlesques et absurdes... que n'aurait pas renié les Marx Brohters. Fred Blin, Matthieu Pillard et Ricardo Lo Giudice nous prouvent que leur maîtrise de l'art clownesque est aboutie et qu'ils peuvent se jouer de toutes les subtiles mécaniques de cet art du cirque depuis longtemps sorti de sa piste originelle. De répliques absurdes ou répétitives en fausses maladresses, tout est calé au millimètre près, nous donnant parfois l'agréable illusion de situations improvisées... mais il n'en est rien !

Les Chiche Capon © Thierry Guillaume.
Les Chiche Capon © Thierry Guillaume.
Nos trois clowns, reprenant les codes du triptyque "clown blanc, auguste et contre-pitre", y apportent une dimension supplémentaire en testant les rapports de pouvoir entre les hommes... Mais ici sur un mode "comico-dérisoire". Et leurs personnages retranscrivent parfaitement cela. Matthieu Pillard, le grand "dadais" du trio, à la dégaine rappelant celle de John Cleese (parfois même le "chaloupé" d'un Tati) joue subtilement une partition allant du dégingandé maladroit à l'insolence faussement naïve d'un Laurel. Son numéro de l'échelle est remarquable et incroyablement réussi, de bout en bout, jusqu'au rappel. Fred Blin se dévoile immédiatement en perturbateur mais toujours sur un fil tendu entre poésie et franc délire... un Harpo Marx qui aurait retrouvé la parole et ne voudrait plus la quitter ! Quand à Ricardo Lo Giudice, il est le costaud de la bande, clown roi sans cesse détrôné mais aux gags irrésistibles, passant du chanteur d'opérette (mémorable numéro du Duc d'Italie) à la performance d'human beatbox bluffant !

Et le burlesque trio nous entraîne entre mots et silences, gags désopilants et chutes spectaculaires, dans une histoire de l'homme - sans évidemment aucune véracité historique - qui met à rude épreuve nos zygomatiques et nous laisse une sacrée "banane" à la sortie... Le remède efficace, en somme, pour lutter contre les frimas de l'hiver.

"Les Chiche Capon présentent Le Oliver Saint John Gogerty"

(Vu le 15 novembre 2010)

Spectacle écrit, mis en scène et interprété par les Chiche Capon.
Les Chiche Capon : Fred Blin, Matthieu Pillard et Ricardo Lo Giudice.
Avec les complicités de Patrick de Valette, Grégory Lackovic, Doriane Moretus.

Du 11 octobre au 27 décembre 2010.
Tous les lundis à 21 h.
Reprise à partir du 13 janvier 2011 à 19 h.
La Pépinière théâtre, Paris 2e, 01 42 61 44 16.

Gil Chauveau
Lundi 10 Janvier 2011

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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

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Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023