La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
CédéDévédé

C'est le retour des beaux jours... Higelin sort de son Beau Repaire !

Il y a des saveurs qui ne changent pas, des rides qui ne salissent pas la voix. C’est en tout cas ce que nous prouve, une fois de plus, Jacques Higelin, avec son nouvel album "Beau Repaire" dans les bacs depuis lundi.



© Gil Chauveau.
© Gil Chauveau.
Un album qui vient avec le printemps, au bon moment. Plein de fleurs pour notre odorat qui ne demandait pas moins que d’être gâté en ces froids absolus. Ce nouvel opus nous annonce déjà l’arrivée du soleil, du temps passé à se balader "Seul" ou en amoureux. Jacques Higelin nous emmène vers un printemps poétique, voyageur, et peut-être à teints mélancoliques dont on ne se lasse pas.

Que dire sur cet artiste, mieux, cet homme, qui n’a plus rien a prouvé ? Que dire sur cet album empli de poésie qui nous touche au plus profond et nous fait voyager comme toujours avec Higelin sans aucune naïveté. Douze titres, certains légers, de belles ballades telles que "Rendez-vous en gare d’Angoulême" ou encore "Pour une fois" qui sonne ténébreux comme un texte funéraire. "Être là, être en vie", vibrant hommage à Barbara.

© Gil Chauveau.
© Gil Chauveau.
On retrouve un Higelin sulfureux avec Sandrine Bonnaire dans "Duo d’anges heureux", un je t’aime moi non plus à la sauce Higelin et remplit de passion. Et enfin il faut bien boucler l’album, même si on ne s’en lasse pas de chanson en chanson et on en redemande, « Château de sable », une mélodie envoûtante au violon qui forme une poésie à la hauteur du texte, on a l’impression d’écouter un recueil de poésie, somptueux. Ça nous fait presque mal, larme à l’œil, comme si il s’en allait, nous laissait sur ce point d’orgue fabuleux. Mais nous ne gardons bien sûr pas cette conclusion.

Cet opus est un recueil magique avec une certaine mélancolie mais aussi, et encore, avec un swing irréprochable. Le piano et les violons sont mis en avant ce qui rend l’ambiance intimiste. Je finirai cette chronique par les mots d’Arthur H (fils de Jacques Higelin) sur son père lors du spectacle au Zénith pour ses 70 ans le 18 octobre2010 : "Pour Jacques la retraite à 70 ans, pour Jacques la retraite à 80 ans, pour Jacques la retraite à 100 ans".

C'est le retour des beaux jours... Higelin sort de son Beau Repaire !
● Higelin "Beau Repaire".
Sortie : 1er avril 2013.
Label : Jive Epic. Distribution : Sony Music.

En concert les 10 et 11 juin 2013 au Casino de Paris, Paris 9e.

Tournée :
Jeudi 11 avril 2013 : Illiade Côté jardin, Illkirch Graffenstaden (67).
Vendredi 19 avril 2013 : Cabaret Botanique, Rennes (35).
Samedi 27 avril 2013 : Théâtre Musical, Besançon (25).
Samedi 4 mai 2013 : Gymnase Christian Gand, Montivilliers (76).
Samedi 18 mai 2013 : Espace Delta, Pleurtuit (35).
Vendredi 24 mai 2013 : Zinga Zanga, Béziers (34).

Clément Rastoul
Jeudi 4 Avril 2013

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025







À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024