La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Les causeries d'Emma la clown pour éclairer le monde ! Passion de comprendre et désir de partager

Mais quel âge a donc Emma . Ses vêtements étriqués. Son babil enfantin, avec cet air gauche de préadolescente grandie trop vite. À la curiosité incessante et cet aplomb, cette insistance, voire cette impertinence, à questionner des adultes. Avec ces questions directes, déconcertantes dans leur pertinence sur le pourquoi et le comment des choses.



© Pascal Gely.
© Pascal Gely.
Emma, n'ayant pas de vraies réponses, n'hésite pas, elle, à l'inverse d'autres, à interpeller, interroger les vedettes en leur domaine, la cantatrice, la chanteuse, le physicien, l'astrophysicien, l'écologue, que sais-je encore… S'adresser aux bons dieux plutôt qu'à leurs saints.

Emma organise des causeries et a dégotté la salle Gaveau ; et, fière comme Artaban, reçoit sous le grand orgue.

Emma convoque, asticote, pile une heure. Le réveil posé sur la table, histoire de presser ses invités à parler d'eux sans biaiser. À parler aussi de ce qu'ils savent et que l'on ne comprend jamais : leur vraie vie, leur sapience, leur connaissance, leur métier.

Emma, au cours de l'entrevue qui prend l'allure d'une conversation bienveillante, décontracte son monde, insiste, revient à la charge, reformule, interprète, essaie de comprendre, prend à témoin, fait la bête.

© Radio France.
© Radio France.
Emma est fine mouche. Grâce à ce qu'il faut bien appeler son art de la question, le diaphragme de la cantatrice, le collusionneur de hadron et le collecteur de gluons du physicien, le colimaçon de l'écologue n'ont plus de secrets. Et le miracle, c'est que la personnalité en face d'elle, cette icône invitée salle Gaveau, révèle ce quelque chose en plus : une énergie mue par un désir, une passion, avec le sens de l'observation, la chance aussi un peu que l'on sait saisir, la ténacité dans l'apprentissage.

Œuvrer, persévérer. Vingt fois sur le métier remettant l'ouvrage. Chaque invité tient le récit de sa vie d'artiste en son domaine. Tout devient proche, compréhensible : le public découvre que la complexité n'est pas la complication, que la simplicité est au cœur. Il suffit de tirer le bon fil.

Emma sait faire. Il est vrai que son nez rouge aide beaucoup car Emma est un clown et ce nez cache Meriem Menant, une grande artiste, engagée, fine, subtile dans sa passion de comprendre, son désir de partager, de communiquer. Qui sait être la médiatrice parce que elle-même sait un peu, beaucoup, passionnément.

Emma est une pédagogue cachée. Trouver le sens de cette matière, cette pâte humaine qui se pose plein de questions trop souvent éludées. Pourquoi ci et pourquoi pas çà ? Pourquoi la vie, etc.

Causeries pour éclairer le Monde !

De et avec : Meriem Menant.

Mardi à 12 h 30.
Mardi 5 novembre 2019 avec Étienne Klein, physicien.
Mardi 3 décembre 2019 avec Juliette, chanteuse.
Mardi 7 janvier 2020 avec Anne Queffelec, pianiste.
Mardi 28 janvier 2020 avec Hubert Reeves, astrophysicien écologiste.
Mardi 3 mars 2020 avec Jean-Pierre Bibring, astrophysicien.
Salle Gaveau, Paris 8e, 01 49 53 05 07.
.

Jean Grapin
Jeudi 24 Octobre 2019

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024