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Soutien au spectacle vivant : le gouvernement en marche arrière  19/11/2018

À l’occasion de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi de finances pour 2019 et plus particulièrement des crédits d’impôt relatifs à la culture, les députés ont adopté des dispositions paradoxales.

D’un côté, ils ont conforté, à juste titre, les crédits d’impôt cinéma et audiovisuel qui ont permis depuis plusieurs années de relocaliser des créations sur notre territoire et d’attirer des productions internationales.

En revanche, la SACD déplore vivement que la représentation nationale ait suivi le gouvernement dans sa volonté d’exclure les spectacles d’humour et les comédies musicales du crédit d’impôt sur la musique et les variétés.

Cette décision, qui intervient de façon brutale et sans étude d’impact, est un mauvais coup fait au spectacle vivant qui va pénaliser le soutien à l’émergence de nouveaux auteurs, compositeurs et humoristes et la dynamique de création qui l’accompagnait.

De plus, elle porte la marque de l’incohérence à l’heure où des réflexions sont en cours pour doter le secteur musical, l’humour et les comédies musicales d’un centre national commun à tous. Dès lors, il est paradoxal et injuste de mettre en œuvre une politique fiscale à deux vitesses qui distingue en fonction du genre des créations.

Cette décision s’ajoute au refus renouvelé et incompréhensible de créer un crédit d’impôt spécifique au théâtre, comme l’ont proposé les députés Brigitte Kuster et Pierre-Yves Bournazel.

Là encore, la création théâtrale, qui irrigue toute la France, qui crée du lien dans des territoires qui en manquent, qui porte des dynamiques culturelles fortes, reste le parent pauvre de la politique culturelle.

Il est temps que le gouvernement et les députés de la majorité prennent à la fois la mesure du rôle utile que joue le spectacle vivant, dans toute sa diversité, de son économie souvent précaire, et de son extrême fragilité, notamment celle des auteurs et des compagnies.

Alors que l’examen du projet de loi de finances se poursuit, la SACD appelle les sénateurs à redonner un cap fiscal plus favorable à la culture et le gouvernement à doter la politique en faveur du spectacle vivant de cohérence, de sens et d’ambition.

Pour suivre la SACD >> sacd.fr

Communiqué SACD du 19 novembre 2018.

La Rédaction

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
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Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

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Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

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