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Nomination d’Emmanuelle Vo Dinh à la direction du centre chorégraphique national du Havre - Haute Normandie  12/07/2011

Sur la proposition des partenaires réunis en jury, le 5 juillet 2011, pour auditionner les cinq candidats précédemment retenus, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication annonce la nomination d’Emmanuelle Vo Dinh pour succéder, le 1er janvier 2012, à Hervé Robbe à la direction du centre chorégraphique national du Havre - Haute Normandie.

L’établissement connaîtra avec Emmanuelle Vo Dinh sa quatrième direction, après Joëlle Bouvier/Régis Obadia, François Raffinot et Hervé Robbe.

Danseuse contemporaine formée notamment à la Merce Cunningham School de New York, Emmanuelle Vo Dinh connaît de l’intérieur le centre qu’elle va diriger, puisqu’elle y a été durant six ans l’une des interprètes fidèles de François Raffinot. Elle a tissé sur ce territoire des liens durables qui deviennent aujourd’hui des atouts importants pour une inscription du CCN dans le contexte régional.

C’est en 1998 que la danseuse a endossé le métier de chorégraphe en créant la Compagnie "Sui Generis", à ce jour implantée en Bretagne (Saint-Brieuc, pays de Morlaix, Rennes, etc., depuis 2001) où l’État l'accompagne en tant que compagnie chorégraphique conventionnée. Une douzaine de pièces porte sa signature et s’offrent à une diffusion nationale et internationale. On retiendra notamment "Anthume ou la sensation du membre fantôme" (1998) qui privilégie la singularité de chaque interprète ; "Texture/Composite" (1999) et "Sagen" (2001) abordant des thématiques comme la neurologie ou la psychiatrie ; un cycle de trois pièces, "CROISéES" (2004), "White Light" (2005) et "ici/Per.For" (2006), offrant une réflexion autour du rythme et de l’espace ; ou encore "Ad Astra" (2009) et "- transire -" (2010).

Riche de complicités fortes avec des collaborateurs fidèles, le projet d’Emmanuelle Vo Dinh pour Le Havre est nommé "Le Phare", un lieu, écrit l’artiste dans le prologue du dossier "qui rayonne, qui guide, qui accompagne". Création, partage, transmission s’y développeront dans la volonté d’inscrire résolument le centre dans les réseaux de son territoire, de la danse, des arts.

Le Phare sera, comme le propose Emmanuelle Vo Dinh en conclusion de son exposé : "Un lieu pour faire, écrire, penser la danse... un espace de dialogue avec les œuvres, pour mieux les regarder, mieux se laisser émouvoir".

Photo : © DR.
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"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
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Brigitte Corrigou
09/10/2024
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"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
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Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024