La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Un village entier devient une immense scène de rêves pour "Ekinox"

Dans le cycle de Esch 2022 - Capitale européenne de la culture du grand Est, Le NEST, Centre Dramatique National Transfrontalier de Thionville, a transformé le village d'Aumetz en machine festive, spectaculaire et onirique. C'était la deuxième phase de ce projet géant qui s'est proposé de se pencher sur les rêves des habitants de la région. Le premier chapitre s'est déroulé en mars dernier à Rumelange au Luxembourg avec "La Foire du Sommeil", ce samedi s'intitule "Fête des Rêves".



© Olivier Toussaint.
© Olivier Toussaint.
De ce premier temps, ont été recueillis des dizaines, des centaines de témoignages d'habitants (plus de mille personnes ont participé). Leurs rêves ont été collectés par les équipes artistiques lors d'ateliers, de rencontres, d'échanges. Et c'est sur la grande place du village où ont été déployés en éventail huit longues travées de tables capables d'accueillir cinquante personnes chacune que ces rêves vont devenir histoire, veillée et théâtre.

Au centre de ce dispositif en forme de cadran d'horloge, un parquet circulaire où un maître de cérémonie présente la soirée à venir tandis qu'à chaque longue table, des comédiens viennent susurrer des rêves piochés au hasard. Vont alterner alors les narrations, des chants, mais aussi les interventions de spécialistes des rêves et du sommeil, dont celle, passionnante, de l'anthropologue Arianna Cecconi.

Cette dernière s'est penchée sur les coutumes d'un village du Pérou où les rêves sont collectifs, c'est-à-dire qu'ils sont racontés le matin de maison en maison et sont autant d'indices prémonitoires que les habitants suivent. Dans d'autres pays, les rites vis-à-vis des mauvais rêves diffèrent : au Maroc, il faut offrir à manger à un inconnu ; au Maghreb, il faut s'en débarrasser via l'eau qui coure ou les toilettes.

© Olivier Toussaint.
© Olivier Toussaint.
Mais les rêves peuvent être les mêmes d'un continent à l'autre, parfois, comme de se retrouver nu ou nue dans l'univers de son travail.

La soirée (totalement gratuite) offre alors en repas un plat chaud préparé par une douzaine de chefs sur le bord de la place, puis la nuit étant tombée, les comédiens entraînent les spectateurs sur le flanc de l'église où une cérémonie musicale et chantée se déroule avant que la foule ne reparte dans une marche aux flambeaux, toujours à la suite de la chanteuse qui semble être soit une victime, comme l'un de ces mauvais rêves qu'il faut jeter au bûcher pour s'en défaire, soit une guide fantomatique. Ainsi s'effectue le tour du village avant la traversée d'un champ énigmatique où une dizaine de lits lumineux ont poussé avec leurs dormeurs dedans… une installation de Claire Ruffin de la Compagnie l'Insomnante.

La soirée s'achève par un retour sur la place du village où chant, danses et bal closent la Fête des rêves qui aura mobilisé trente comédiens et musiciens, quatre-vingts choristes, cuisiniers et participants.

Cette Fête des rêves à eu lieu le samedi 24 septembre 2022 de 18 h 30 à 22 h.

"Ekinox"

© Olivier Toussaint.
© Olivier Toussaint.
Fête des rêves à Aumetz (57), dans le cadre d'Esch2022 - Capitale européenne de la culture.
Orchestration des rêves : Fabienne Aulagnier, Sophie Langevin, Alexandra Tobelaim.
Assistant mise en scène : Julien Duval.
Compagnie l'Insomnante : Claire Ruffin, David Bouvard, Aline Maclet, Catherine Exbrayat et Vincent Beaume.
Compagnie Rara Woulib : Julien Marchaisseau, Pierrick De Salvert, Garance Rolland, Alexandra Satger, Vincent Salagnac, Soraya Boudraa, Sebastien Castelain.
Comédiens : Lucile Oza, Carlos Martins, Aude-Laurence Biver, Brice Montagne, Magaly Teixeira, Laure Roldan, Isabelle Bonillo, Stéphane Brouleaux.
Comédiens de l'Académie de l'Union de Limoges : Siméon Ferlin, Youness Polastron, Adelaïde Bigot, Richard Dumy, Joris Rodriguez, Luka Mavaetau, Roxane Coursault-Defrance, Robinson Courtois, Marianne Doucet.
Comédiens amateurs : Anne Mercier, Sylvie Barre, Aurore Antoine, Jean-Paul Delgrange, Catherine Decombas, Joël Scholler, Philippe Cordel, Laetitia Oison, Particia Henry.
Comédiens enfants amateurs : Manon Reeb, Juliette Sillaume, Insaf Nekaa, David Manukyan, Naïm Mersni, Fatma Mersni, Acelya Chaoui, Soline Bolognini.

© Olivier Toussaint.
© Olivier Toussaint.
Musiciens : Claire Vailler, Vincent Ferrand, Yoann Buffeteau, Lionel Laquerrière.
Scénographie : Hervé Coqueret.
Compositeur : Olivier Mellano.
Participation exceptionnelle de Jean-René Lemoine, auteur.
Pyrotechnie : Pierre De Mecquenem.
Conseiller artistique : Julien Marchaisseau.
Création et régie lumière : Alexandre Martre.
Création et régie son : Émile Wacquiez.
Anthropologue : Arianna Cecconi.
Plasticienne : Tuia Cherici.
Cuisiniers : Alexandre Monce et Pierre Schaeffer.
Costumes : Karine Marques Ferreira.

Création initiée par le NEST - CDN Transfrontalier de Thionville-Grand Est.
>> nest-theatre.fr

© Olivier Toussaint.
© Olivier Toussaint.

Bruno Fougniès
Lundi 3 Octobre 2022

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024