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Théâtre

"Tu voulais un coup de foudre ?" Une "dramédie"pour dire autrement et de façon pétillante ce qu'est le sujet universel de l'amour… ou de l'absence de celui-ci

Trois femmes, aux parcours individuels totalement distincts, sont assises côte à côte dans un vol éco qui a du retard au décollage. Elles ne se connaissent pas. Soudain, un orage gronde. Une hôtesse de l'air blasée joue du violoncelle et du piano entre deux plateaux-repas, une violence conjugale éclate, un clitoris géant fait irruption, un cours de séduction est donné, un défilé de Catherinettes est organisé. Embarquez dans cet avion pour un voyage pour le moins particulier. Vous n'en ressortirez pas indemnes d'émotions partagées !



© DR.
© DR.
Dans cet avion, ces trois femmes en ont des choses à dire... Il y a Louisa, coach en vie sentimentale, Zoé, militante féministe assez loufoque, et Alice, étudiante romantique plutôt "fleur bleue". Elles sont toutes les trois célibataires. Dès le début, le ton est donné, et s'installe dans des confidences féminines respectives, puis rapidement autour des relations "hommes femmes" compliquées, voire impossibles.

"C'est compliqué d'être Homo sapiens !" "Et puis, c'est difficile d'être dans le réel, alors autant être dans le virtuel, non ?" Chacune se targue d'être très résistante, de ne pas avoir les mêmes attentes ni les mêmes envies que les deux autres, mais, pourtant, on découvre rapidement des failles bien présentes chez ces trois femmes qui n'aspirent qu'à une chose : être vraiment aimées pour ce qu'elles sont. Car quoi d'autre d'essentiellement vital dans la vie !

Comment, par l'acte créatif, notamment celui du Théâtre, évoquer encore les éternelles questions des "rapports hommes-femmes" ? Y a-t-il encore de la place à l'originalité, la nouveauté, la découverte à aborder un tel marronnier ? D'aucuns s'y sont frottés et n'en sont pas ressortis indemnes, s'y sont piqués à force de redites et de poncifs déconcertants.

© Rita Hodée.
© Rita Hodée.
"Tu voulais un coup de foudre", pièce écrite conjointement par les trois comédiennes en alternance au plateau, Daisy Magli d'Alba, Aziliz Tranchant et Sandra Luce, aurait pu basculer, elle aussi, dans ces écueils. Malgré quelques passages par moments un peu bavards – comment en effet faire le tri à l'écriture dans les vécus respectifs, surtout quand on est femmes ? –, la pièce propose un véritable panel de "choses à savoir et à intégrer" dans ce qui constitue le fait d'essayer, tant bien que mal, de vivre ensemble quand on est femme et homme.

Au départ, il s'agit d'un projet de la comédienne Aziliz Tranchant, né en 2016, centré sur l'Amour, avec un grand "A". "(…) Et si on écrivait un spectacle sur l'Amour ? Sur l'amour que l'on vit, nous, celui de notre génération d'enfants de divorcés désabusés, à travers des écrans. L'amour quand on est célibataire dans une société où le couple est la clé de l'ascenseur social."

Au départ, elles n'ont pas été d'accord sur tout, nos trois autrices, chanteuses, comédiennes, allant même jusqu'à ne pas avoir pris conscience d'être féministes. Et puis les choses ont évolué.
La pièce est féministe, mais pas trop, intimiste parfois, mais juste ce qu'il faut, drôle, mais sans tomber dans l'humour de bas étage, amer aussi, pour faire prendre conscience que rien n'est décidément simple entre les femmes et les hommes, mais plutôt à l'image de l'orage qui gronde dans le ciel, empêchant l'avion de décoller. Cet orage qui empêche d'atteindre "l'inaccessible étoile" pourtant tant espérée…

Les thèmes abordés foisonnent dans l'écriture et auraient pu constituer un trop-plein frôlant la logorrhée soporifique. Pourtant, il n'en est rien.

© Rita Hodée.
© Rita Hodée.
Les trois comédiennes virevoltent dans leur jeu respectif avec aisance et intelligence en traitant successivement de sujets tels que les différents problèmes sociétaux auxquels les femmes doivent faire face : la contraception, le couple, forcément, les enfants, l'âge et l'amour, le plaisir féminin (un énorme clitoris rose trône sur le plateau)… sans oublier des sujets plus sombres comme les violences conjugales, les humiliations, les sites de rencontres dévastateurs et, plus globalement, l'impossible rencontre.

"Tu voulais un coup de foudre" est en effet une "dramédie" (le mot est bien trouvé) et percute le spectateur sans commune mesure à l'image de l'orage qui rugit.

On rit, on sourit, on est transporté dans un flot d'émotions partagées justement dosées. Le tout joliment agrémenté par de la musique en live et des passages chorégraphiés, ce qui constitue un moment de spectacle intensément jouissif !
◙ Brigitte Corrigou

"Tu voulais un coup de foudre ?"

© Kristina Bijoux.
© Kristina Bijoux.
Texte : Daisy Magli d'Alba, Aziliz Tranchant et Sandra Luce.
Mise en scène : Daisy Magli d'Alba, Aziliz Tranchant et Sandra Luce.
Avec : Daisy Magli d'Alba ou Calypso Larrazet-Llop, Solène Guittenit ou Estelle Breton, Aziliz Tranchant ou Laura Tardino, Juliette Tranchant ou Luc Emmanuelle Betton (violoncelle et piano).
Collaboration artistique : Calypso Larrazet-Llop.
Compagnie Lune et l'Autre Production
Durée 1 h 10.
La pièce a été jouée au Off d'Avignon en 2022 et 2023.

Du 22 septembre 2024 au 5 janvier 2025.
Dimanche à 19 h 30.
Théâtre du Marais, Paris 3e, 01 71 73 97 83.
>> theatredumarais.fr

Brigitte Corrigou
Mercredi 6 Novembre 2024

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"Différente" Carolina ou "Cada uno es un mundo (Chacun est un monde)"

Star internationale à la frange rouge, Carolina est de retour en France, après sa tournée mondiale. Heureuse de retrouver son public préféré, elle interprète en live des chansons populaires qui touchent le cœur de toutes les générations.

© Audrey Bären.
Mais qui est donc cette incontournable Carolina ? Ou, plus exactement, qui se cache derrière cette artiste plutôt extravagante, à la folie douce ? De qui est-elle l'extension, au juste ?

L'éternelle question autour de l'acte créatif nous interpelle souvent, et nous amène à nous demander quelles influences l'homme ou la femme ont-ils sur leurs "créatures" fabriquées de toutes pièces ! Quelles inspirations les ont portées ! Autant de questions qui peuvent nous traverser particulièrement l'esprit si tant est que l'on connaisse un peu l'histoire de Miguel-Ange Sarmiento !

Parce que ce n'est pas la première fois que Carolina monte sur scène… Décidément, elle en a des choses à nous dire, à chaque fois. Elle est intarissable. Ce n'est pas Rémi Cotta qui dira le contraire, lui qui l'accompagne depuis déjà dix ans et tire sur les ficelles bien huilées de sa vie bien remplie.

Rémi Cotta, artiste plasticien, graphiste, comédien, chanteur lyrique, ou encore metteur en scène, sait jouer de ses multiples talents artistiques pour confier une parole virevoltante à notre Carolina. Il suffit de se souvenir du très original "Carolina Show", en 2010, première émission de télé sans caméra ayant reçu de nombreux artistes connus ou moins connus ou le "Happy Show de Carolina", ainsi que les spectacles musicaux "Carolina, naissance d'une étoile", "Le Cabaret de Carolina", ou encore " Carolina, L'Intelligence Artificielle".

"Différente" est en réalité la maturation de plusieurs années de cabarets et de spectacles où Carolina chante pourquoi et comment elle est devenue une star internationale tout en traversant sa vie avec sa différence". Miguel-Ange Sarmiento.

Brigitte Corrigou
08/11/2024
Spectacle à la Une

"Tout va très bien !" Le Grand Orchestre du Splendid, bon pied bon œil, revient avec de la musique sur tous les fronts

Voir les choses en grand tout en restant léger ! Prendre du plaisir et, surtout, en donner ! Voilà la philosophie du Grand orchestre du Splendid qui régale le public depuis 1977. Bientôt 50 ans… Bientôt le jubilé. "De la musique avant toute chose" et vivre, vivre, vivre…

© Aurélie Courteille.
En 1977, quelques amis musiciens professionnels se retrouvent entre eux et décident de s'amuser en réinterprétant des classiques tels que ceux de Ray Ventura ou de Duke Ellington. Ce qui ne devait être qu'un plaisir entre copains devient vite un succès immédiat qui dure depuis presque 50 ans. Mais quel est donc le secret de cette longévité entre rythmes endiablés, joyeuses cadences et show totalement désopilants ?

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Brigitte Corrigou
13/11/2024
Spectacle à la Une

"Jacques et Chirac" Un "Magouille blues"* décapant et burlesque n'occultant pas le mythe du président sympa et séducteur

Une comédie satirique enjouée sur le pouvoir, le mensonge et la Cinquième République portée par une distribution tonitruante et enthousiaste, dégustant avec gourmandise le texte de Régis Vlachos pour en offrir la clownesque et didactique substantifique moelle aux spectateurs. Cela est rendu aussi possible grâce à l'art sensible et maîtrisé de l'écriture de l'auteur qui mêle recherche documentaire affinée, humour décapant et bouffonnerie chamarrée pour dévoiler les tours et contours d'un Jacques sans qui Chirac ne serait rien.

© Fabienne Rappeneau.
Portraitiste décalé et impertinent d'une Histoire de France ou de l'Humanité aux galbes pas toujours gracieux dont surgissent parfois les affres de notre condition humaine, Régis Vlachos, "Cabaret Louise" (Louise Michel), "Dieu est mort" (Dieu, mieux vaut en rire)"Little Boy" (nom de la bombe larguée sur Hiroshima), revient avec un nouveau spectacle (création 2023) inspiré d'un des plus grands scandales de notre histoire contemporaine : la Françafrique. Et qui d'autre que Jacques Chirac – l'homme qui faisait la bise aux dictateurs – pouvait être convoqué au "tribunal" du rire et de la fantaisie par l'auteur facétieux, mais doté d'une conscience politique aiguë, qu'est Régis Vlachos.

Le président disparu en 2019 fut un homme complexe composé du Chirac "bulldozer" en politique, menteur, magouilleur, et du Jacques, individu affable, charmeur, mettant autant la main au cul des vaches que des femmes. Celui-ci fut d'abord attiré le communisme pour ses idéaux pacifistes. Il vendra même L'Humanité-dimanche devant l'église Saint-Sulpice.

La diversité des personnalités importantes qui marquèrent le début de son chemin politique joue tout autant la complexité : Michel Rocard, André Malraux et, bien sûr, Georges Pompidou comme modèle, Marie-France Garaud, Pierre Juillet… et Dassault comme portefeuille ! Le tout agrémenté de nombre de symboles forts et de cafouillages désastreux : le bruit et l'odeur, la pomme, le cul des vaches, les vacances à l'île Maurice, les amitiés avec les despotes infréquentables, l'affaire ELF, etc.

Gil Chauveau
03/11/2024