La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Trib'Une

Piquer en plein cœur au théâtre La Flèche, Paris, Jeudi 6 Janvier, 21 heures… - 10/01/2022

Comment démarrer cette chronique ? Par une citation ? "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé", Lamartine. Oui ! Qu'en dirait Laurent Orry ? Ah ! Oui. Laurent Orry, c'est l'acteur impeccable vêtu d'un vieux manteau usé et poussiéreux qui, pendant 1 h 15, déploie toute sa force, son énergie mais surtout sa palette d'émotions au service de ce délicieux texte écrit par Alessandro Baricco :...  

"Cendres sur les mains" La femme qui murmurait à l'oreille des morts - 21/12/2021

Dead Can Dance : "Les morts peuvent danser" ! Beauté, Lisa Gerrard est ma chanteuse préférée… J'ai assisté à la représentation de "Cendres sur les mains" sans avoir pris le temps de me renseigner. Bien m'en a pris ! Par les temps qui courent, j'aurais pu penser que ce spectacle allait ajouter au blues de la saison et au retour des contaminations, encore un peu plus de dépression. Et non ! Ce que...  

"Cosmétique de l'Ennemi" Du théâtre en Corse… comme une gourmandise à partager ! - 22/07/2021

Paris, 19 degrés, 9 juillet. Il paraît que l'été va bientôt arriver… Corse, 29 degrés, 11 juillet. L'été, je l'ai trouvé ! De Santa Reparata à Calvi, de l'île Rousse à Pigna, le soleil est là… le soleil est là et je le prends dans les bras ! Les bras, quelle transition ! Antonella me présente Marie qui, elle, me passe Florence au téléphone après que j'ai salué Jérôme et, soudain, arrive dans la...  

J'ai peur de ne pas renouveler mes droits… Eux en ont la certitude - 19/02/2021

Je suis intermittente du spectacle. Ce n'est pas mon métier, mon métier, c'est comédienne. Intermittente, c'est juste mon régime d'indemnisation du chômage. C'est aussi une pratique d'emploi : je travaille à la mission, souvent avec des contrats très courts, pour différents employeurs. D'où un régime d'indemnisation adapté. J'exerce bien évidemment au théâtre, parfois au cinéma, à la TV ou pour...  

"Ma B.O. en couleurs" Silvano Jo… J'ai la mémoire qui chante… - 05/02/2021

"Et si pour toi, là bas c'est l'paradis Dis-toi qu'dans leur p'tite tête l'paradis C'est ici hum! C'est ici" Jean-Louis Aubert. Le paradis c'est, un dimanche, rejoindre quelques amis. Le paradis, c'est passer quelques instants, masqués, oui ! (Monsieur le président !) À échanger des mots avec quelques invités triés sur le volet. Non pas par prétention, mais par précaution puisque le virus circule...  

Se battre pour que le spectacle, la culture, les intermittents(es), les artistes, les techniciens(nes)… restent vivants ! - 18/12/2020

"J'ai hâte de savoir en quoi le fait d'assister au récit de la naissance d'un homme nommé Jésus serait sans danger, alors que le récit d'un homme nommé Tartuffe serait source de contamination" Samuel Churin. Samuel Churin, toujours là ! Présent et engagé dans la lutte pour défendre tous les droits des chômeurs et précaires. Lui, puisqu'il est question d'église, ne prêche donc pas que pour sa...  

Un manifeste pour une nouvelle réforme de l'assurance chômage ! - 18/06/2020

"Manifester derrière un écran, c'est écrire noir sur blanc et avec fougue sur son clavier ce qu'il nous est actuellement impossible de crier haut et fort sur les pavés !" Franck Riester a disparu. Cela ferait un bon titre de roman. Moi qui aime écrire je n'ai pourtant pas pris le bateau telle une "Robinsonne" parcourant les touches du clavier de mon vieil ami prénommé "Asus"… Je n'ai pas...  

"Toute Nue" et le rythme and blues d'une femme qui entre en résistance - 04/03/2020

La toute première de la pièce "Ne te promène donc pas toute nue" de Georges Feydeau a été présentée au Théâtre Femina, c'est drôle non ? "Femina"… Un siècle plus tard, Feydeau n'est plus de ce monde mais son théâtre continue à faire les belles heures du spectacle vivant… Et c'est au Théâtre Paris-Villette, un 27 février 2020, en pleine déferlante de Coronavirus, dont on ne sait rien mais on...  

"T'es Toi !" Sois-toi ! Et surtout, ne te tais pas ! - 04/02/2020

"Kiki de la Huchette" se donne à cœur et à corps dans un solo maîtrisé et haut en couleurs. Quand j'ai reçu l'invitation et lu "T'es toi", j'ai pensé "Tais-toi" et à ce type-là qui prenait son pied à rabaisser les femmes qui parlaient trop. Celles qui racontent ou voudraient raconter une histoire mais qui ne le peuvent pas car il y a ce mec qui ne supporte pas que la femme brille plus que lui....  

Année 2020, rouge rosé ou blanc, avec ou sans les bulles… modérément avant le spectacle vivant - 19/01/2020

Une fois n'est pas coutume pour ce billet d'année nouvelle et 2020, ma chronique est adressée au public. Plus précisément aux quelques têtes à claques qui composent parfois la jauge d'une salle de spectacle. Qu'elle soit grande, petite, connue, nouvelle ou carrément classée - je parle de la salle… et non de la tête à claques - chacune a un véritable point commun : l'emmerdeur(euse), le ou la...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024