La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

"Tout va bien en Amérique"… L’histoire des États-Unis vue au travers de sa musique

"Tout va bien en Amérique", Théâtre des Bouffes du Nord, Paris, puis en tournée

Le spectacle mêle musique, chant et théâtre et raconte l‘Histoire des États-Unis, une histoire où on rencontre des figures aussi étrangères les unes aux autres que Sitting Bull et Leonard Cohen mais marquantes et fondatrices de la culture américaine.



© Christophe Raynaud de Lage.
© Christophe Raynaud de Lage.
Irène Jacob avance devant son micro et débute une tirade scénique avant même que le noir apparaisse. Le théâtre investit la scène pour être rapidement rejoint par une très belle performance vocale de Mike Ladd, rappeur américain pratiquant le spoken word. La voix caverneuse, il chante "Fathers’", une très belle chanson dans laquelle l’émotion et la technique vocale cohabitent avec délice.

Plus loin, les chansons s’enchaînent avec Ursuline Kairson et D' de Kabal souvent en soutien vocal de Mike Ladd. Un scat est joliment interprété par Kairson alors que D' de Kabal égrène des sons percussifs vocaux rythmant le chant de Mike Ladd.

La batterie de Steve Argüelles est l’instrument phare du trio complété de la guitare de Franco Mannara et du piano de Benoît Delbecq. La guitare glisse quelques riffs et reste très présente en appui des voix. Le piano laisse envoler quelques notes mélancoliques. La batterie donne un tempo plus rythmé avec une présence plus marquée.

© Christophe Raynaud de Lage.
© Christophe Raynaud de Lage.
Séquence comique avec une scène très réussie où le batteur joue des claquettes en tapant des chaussures sur sa batterie quand le guitariste habillé en italien un peu mafieux mime, lui, quelques vrais pas de claquettes. Une autre scène pleine d'humour intervient quand un discours d’un membre du Ku Klux Klan est ponctué de "KL" qui donne une atmosphère "Klomique" de très belle "klomposition".

C’est l’Histoire des États-Unis qui nous est contée où slam, rap et blues se partagent la vedette. Ce sont aussi de grandes figures historiques ou musicales qui apparaissent au fil de l’Histoire tels Sitting Bull ou encore Leonard Cohen. Des figures aussi étrangères les unes aux autres mais ayant en commun le fait d’avoir participé de très près à l’histoire culturelle, sociale ou artistique des États-Unis. Des figures, des styles, des musiques de différents bords contant l’histoire américaine, une histoire bâtie aussi sur la musique et ayant donné aux États-Unis une aura universelle.

Le spectacle est musicalement très réussi avec des présences vocales de très bel acabit. C’est beau et élégant.

"Tout va bien en Amérique"

© Christophe Raynaud de Lage.
© Christophe Raynaud de Lage.
Un essai théâtral de Benoît Delbecq et David Lescot.
Mise en scène : David Lescot.
Assistante à la mise en scène : Linda Blanchet.
Scénographie : Éric Vernhes.
Lumières : Paul Beaureilles.
Costumes : Sylvette Dequest.

Batterie : Steve Argüelles.
Texte, chant : D' de Kabal.
Piano, claviers, électronique, chant et texte : Benoît Delbecq.
Texte et chant : Irène Jacob.
Chant gospel et texte : Ursuline Kairson.
Rap, texte, claviers et électronique : Mike Ladd.
Guitares, électronique, chant et texte : Franco Mannara.
Cinéaste électronique : Éric Vernhes.
Durée : 1 h 35.

Du 19 mars au 6 avril 2013.
Du mardi au samedi à 21 h.
Théâtre des Bouffes du Nord, Paris 10e, 01 46 07 34 50.
>> bouffesdunord.com

Dates de tournées :
8 et 9 avril 2013 : La Filature, Mulhouse.
19 avril 2013 : Théâtre de Chelles.
27 et 28 novembre 2013 : Luxembourg.

Safidine Alouache
Mardi 2 Avril 2013

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024