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"Tango Pasión"… un Tango à deux visages, traditionnel et acrobatique

"Tango Pasión", Folies Bergère, Paris

Dans un spectacle où se mêlent chansons, danses et musique, c’est un show, un peu "Broadway", qui pointe parfois son nez dans les chorégraphies. Deux Tangos se tiennent la main pour emmener le spectacle, un Tango traditionnel et un Tango moderne aux allures très acrobatiques.



© Anja Beutler.
© Anja Beutler.
Ils sont six couples de tangueros sur scène. Derrière, un orchestre, avec guitares, batterie et mini accordéon accompagne le spectacle. Celui-ci est découpé en deux parties avec, en première partie, du Tango traditionnel et, en deuxième partie, un tango moderne plus "acrobatique". Des chansons se glissent dans le spectacle apportant une sorte d’entracte dans les danses. Cette disposition, orchestre et chants, donne parfois au spectacle une allure de show.

Danses de couple groupées ou en "solo", les danseurs et danseuses font de multiples pas chassés et levés. Dans des déplacements longitudinaux, c’est tout le corps qui s’étire sur la scène avec des mouvements de jambes très rapides. La deuxième partie est plus acrobatique avec des mouvements plus élancés, plus amples. Les positionnements sont plus fermes, les attitudes plus graves, les danses moins rapides, le rapport dans le couple plus serré, moins charnel.

© Anja Beutler.
© Anja Beutler.
La mise en scène, dans la première partie, est faite d’histoires autour de rivalités, de jalousies et dans laquelle une danseuse fait tourner les cœurs. Nous sommes dans un "cafetin" de Buenos Aires dans laquelle la sensualité est aux prises avec la séduction et la bagarre, nous rappelant les origines du Tango. La deuxième partie fait place à un Tango plus spectaculaire qui la coupe quelque peu de ses origines populaires.

Les chansons sont comme des respirations... collant au spectacle sans lui être vraiment homogènes. Elles permettent toutefois de donner un rythme différent. Les danseuses sont soit dans la séduction, soit dans une fidélité au couple. Dans la deuxième partie, chaque couple de tangueros danse séparément et fait de lui un îlot artistique qui se suffit à lui-même. Les danses sont très bien agencées avec une mise en espace très réussie.

Un soin autant esthétique qu’acrobatique est apporté à chaque pas, chaque mouvement, chaque danse. Ce sont deux approches du Tango assez antinomiques qui cohabitent durant tout le spectacle, mais réussissant à établir un pont entre tradition et contemporanéité... avec une qualité artistique et visuelle digne d'un show - créé en 1992 - qui a déjà fait le tour du monde.

"Tango Pasión"

© Anja Beutler.
© Anja Beutler.
Chorégraphie : Osvaldo Ciliento & Hector Zaraspe.
Conseiller artistique : Mel Howard.
Direction artistique : Osvaldo Ciliento.
Directeur musical : Gabriel Merlino.
Arrangements : Juan Carlos Zunini & Gabriel Merlino.
Le Sexteto : Gabriel Merlino, Pablo Estigarribia, Jorge Orlando, Ines Rojas, Lucia A. Herrera, Marc A. Fernandez, Jose M. Taulamet.
Danseurs : Osvaldo Ciliento et Graciela Garcia, Marcos Ayala et Paola Camacho, Alejandro Andrian et Lida Mantovani, Leandro Gomez et Carolina Giannini, Marcelo Bernadaz et Silvia Fuentes, Silvana Carolina Allievi et Mariano Pardo.
Chanteuse : Vanina Sol Tagini.

Du 29 janvier au 17 février 2013.
Du mardi au samedi à 20 h, matinée samedi à 16 h et dimanche à 15 h.
Folies Bergères, Paris 9e, 08 92 68 16 50.
http://www.foliesbergere.com/

© Anja Beutler.
© Anja Beutler.

Safidine Alouache
Mardi 5 Février 2013

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

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"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023