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Trib'Une

Se battre pour que le spectacle, la culture, les intermittents(es), les artistes, les techniciens(nes)… restent vivants !

"J'ai hâte de savoir en quoi le fait d'assister au récit de la naissance d'un homme nommé Jésus serait sans danger, alors que le récit d'un homme nommé Tartuffe serait source de contamination" Samuel Churin.



© DR.
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Samuel Churin, toujours là ! Présent et engagé dans la lutte pour défendre tous les droits des chômeurs et précaires. Lui, puisqu'il est question d'église, ne prêche donc pas que pour sa paroisse mais pour tous ! Membre actif de la Coordination des intermittents et précaires d'Île-de-France, Samuel Churin, est passionné, enflammé, parfois énervé et reste en place quand les ministres de la Culture eux, défilent dans les fauteuils de la rue de Valois comme des vedettes face à leurs tableaux de maîtres.

Les ministres de la Culture qui ont pour fonction première de promouvoir la création artistique sont désormais plutôt occupés à se promouvoir eux-mêmes usant de bons mots sur tous les plateaux. "J'adore l'Opéra, Mozart et j'ai lu tout Ronsard !", c'est beau et tellement fun sur Twitter… mais c'est déjà bien pour Roselyne Bachelot étant donné que Franck Riester préférait les bagnoles que la trilogie de Marcel Pagnol !

Face à ce défilé de perles d'inculture, au sens "méconnaissance" totale du milieu culturel et de ce qu'implique une création, certains luttent à notre défense, dont Samuel Churin. En 2020, notre ministre actuelle évoque un peu plus les artistes puisqu'elle kiffe l'opéra, osons donc espérer que le ou la prochaine saura au moins citer un auteur, metteur en scène ou chorégraphe vivants ! Sous nos applaudissements. Du moins, les artistes qui le seront encore, vivants !

© DR.
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Je ne vais pas reprendre ici tout ce qui a déjà été dit par tous mais depuis mars 2020 et ce premier confinement, nous ne pouvons plus travailler. Les théâtres, salles de cinéma et musées sont donc toujours fermés mais la consommation reprend du poil de la bête puisque les commerces pour les achats de Noël renaissent. Nous pouvons donc nous entasser de nouveau aux rayons jeux et chocolats des hypermarchés pour préparer les fêtes de fin d'année ! Youpi ! Noël, sapin et confettis, nouvel an confiné… pas de sortie - sauf pour aller prier - mais l'incontournable télé et tous les bêtisiers pour nous faire marrer ! Divertissement assuré. Nous, artistes du spectacle divers et variés, nous pourrons toujours assurer une couturière devant les quelques membres de la famille. Avec un peu de chance, mère, père ou belle-mère aideront à rafistoler le costume qui pendant des mois aura aussi pris la poussière.

Le flou qui s'installe autour de la réouverture des établissements culturels, de "l'après" comme dirait Castex, devient anxiogène et cette impossibilité de jouer, de poursuivre les créations démarrées, de n'avoir aucune visibilité sur l'avenir… ajoutent à l'anxiété, la peur du lendemain. Chronique d'une morte-saison annoncée. Nous, artistes de tous bords qui nous retroussons les manches, redoublons d'énergie pour monter des spectacles, pour aller à la rencontre des publics de France et de Navarre dans ce pays "d'exception culturelle", sommes pour la plupart abattus et désespérés. Nous voulons travailler, nous aimons travailler et l'année blanche n'a jamais été une finalité.

Ce mardi 15 décembre, nous nous sommes rassemblés. Nombreux cette fois, ce qui a redonné du baume aux cœurs. Cœurs bousculés et inquiets. Nous étions Place de la Bastille non loin de l'Opéra que "kiffe" Roselyne Bachelot. Nous l'avons cherchée. Nous ne l'avons pas trouvée. Pourtant, en nous réunissant au pied de l'Opéra Bastille, nous lui avons fait un joli cadeau. Nous attendons le sien ! Nous attendons… oui ! Tous unis avec ce qui nous reste encore d'énergie… espérant sincèrement que, d'ici-là, nous soyons encore bien vivants !

Isabelle Lauriou
Vendredi 18 Décembre 2020

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"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

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© François Vila.
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© Christophe Raynaud de Lage.
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© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

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Safidin Alouache
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