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Théâtre

Rouge Tango… ou la danse Passion

"Rouge Tango", Manufacture des Abbesses, Paris

Théâtre et danse se partagent la scène dans une belle dualité représentée par un couple de tangueros... vivant intensément leur relation amoureuse au travers de la danse. C’est un camaïeu de sentiments et d’émotions qui enlace le couple dans des rapports faits de passion.



© Raffaele Salis.
© Raffaele Salis.
Tango et théâtre, l’idylle s’y prête. Comme un homme avec une femme. Comme ce couple (Yves Thuillier et Valérie Choquard) sur scène qui se regarde, se touche, s’enlace ou se fuit. D’un côté un corps qui parle, de l’autre une parole qui lui fait corps. C’est une histoire d’amour, de colère et de passion qui se joue.

Le mariage entre théâtre et Tango est réussi même si le jeu théâtral laisse quelque peu à désirer parfois, comme s’il était en retrait des émotions, apparaissant un peu trop axé sur le texte et des sentiments manquant un peu de naturel. Mais cela ne perturbe en rien le spectacle car le rendez-vous avec le Tango est honoré et donne un cachet, un timbre artistique au spectacle de très bel acabit. Les danses sont effectuées avec beaucoup de grâce et un brin de tension. Les pas se chassent, s’entrecroisent, se chevauchent avec des huit qui se coupent, se recoupent dans des déplacements tout au long de l’avant-scène. Les corps s’attirent et fusionnent pour se rejeter ensuite, le couple vit son amour dans le Tango avec ses hauts et ses bas.

© Raffaele Salis.
© Raffaele Salis.
L’auteur et metteur en scène Raffaele Salis met en exergue le côté passionnel du Tango, une danse du Désir dans laquelle la colère, les émotions et le ressenti explosent entre les danseurs. Parler la même langue corporelle avec la même émotion, le Tango est une danse de couple où les figures tangueras prennent toute leur saveur dans l’intimité des danseurs. Tout est corps et fusion.

Le spectacle se découpe en huit chorégraphie, tout d'abord du tango traditionnel dans les premières chorégraphies pour finir avec du Tango Nuevo dans la dernière chorégraphie. À la fin du spectacle, Yves Thuillier donne de façon synthétique des informations sur l’histoire du Tango où il résume l’évolution de cette danse. C’est très agréable et didactique.

"Rouge Tango"

© Raffaele Salis.
© Raffaele Salis.
Texte et mise en scène : Raffaele Salis.
Avec Valérie Choquard, Yves Thuillier.
Création et arrangements musicaux : Raffaele Salis (musique choisie avec les comédiens).
Par Compagnie Belle Rive Théâtre.
Durée : 1 h 20.

Du 1er septembre au 23 septembre 2013.
Dimanche et lundi à 21 h
Du 29 septembre au 27 novembre 2013.
Du Dimanche au mercredi à 21 h.
La Manufacture des Abbesses, Paris 18e, 01 42 33 42 03.
>> manufacturedesabbesses.com

Rouge Tango… ou la danse Passion

Safidine Alouache
Lundi 16 Septembre 2013

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
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© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

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Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
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Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023