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Théâtre

Romane Bohringer donne vie à "Respire" comme une mère porte un enfant à la vie

C'est dans la simplicité et le dépouillement que Romane Bohringer porte le texte sensible et riche de Sophie Maurer. Un texte, une comédienne, un musicien (piano, guitare ouvrant des espaces sonores délicats) et une mise en scène qui les accompagne sans heurts, sans artifices, soulignant juste les lieux, les ambiances, les temps à l'aide de quelques ambiances lumineuses et des projections le plus souvent floutées comme pour donner de la matière au mur de fond de scène de cette petite salle en forme d'amphithéâtre.



© Karine Letellier.
© Karine Letellier.
Cette disposition rend les interprètes si proches qu'on pourrait les toucher en tendant le bras. Une intimité propice à cette rencontre avec le personnage qu'interprète Romane Bohringer dans ce monologue qui ne s'adresse pas directement au spectateur, mais à l'enfant qui vient de naître. Sa mère lui parle au travers la vitre qui protège les prématurés sous aide respiratoire du reste du monde.

Durant une heure, durant une longue nuit sans fin, elle va tendre le fil de la parole pour toucher l'être à qui elle vient de donner naissance et l'attirer à la vie, un flux de mots qu'elle lance comme on jette et rejette mille fois un filin vers celui qui est en train de se noyer au milieu de la tempête. Et c'est exactement cela qui éclate dans cette mise en scène, l'étrange impression qu'une tempête est là, en train de jeter son eau et son vent et sa fureur dans l'indifférence capitonnée du silence de la maternité.

Romane Bohringer porte, dès les premières secondes et jusqu'au terme du spectacle, cette tempête battant dans son cœur, ses tempes, ses tripes et surtout dans cette manière sans détours d'adresser cette impérieuse volonté de dire.

© Lou Sarda.
© Lou Sarda.
Dire quoi ? Que dire à l'enfant qui hésite encore à vivre, à respirer par ses propres moyens sans l'aide de la machine, que dire à celui qui n'est encore et surtout qu'un futur possible probable, sa fille en train de presque être ? Dire le monde qui l'attend et ses merveilles, ses amours, ses bonheurs, ses joies ? Dire ce monde qui ne l'attend pas et ses défaites, ses guerres perpétuelles, ses débâcles et ses horreurs toujours renouvelées ?

Le personnage de "Respire" ne fait pas ce choix. Ses mots décrivent le monde qui attend la nouvelle née sans rien farder. Elle parle autant des étranges violences du passé que des sanglants cataclysmes d'aujourd'hui et ces cycles des civilisations dont la roue semble sans cesse passer du pire au meilleur et du meilleur au pire dans un manège que rien ne semble pouvoir stopper. Cette mère raconte ainsi tout, non pour effrayer son bébé, mais pour lui donner la force du choix, la force de décider de vivre.

Ce faisant, elle est elle-même la vie, dans tous ses extrêmes. Une vie qui éclate dans ce beau moment où elle se dresse contre la mort qu'elle vit arriver, l'apostrophe, la défie, et la met en fuite. Elle est la vie, toute droite, mais surtout toute cabossée, toute friable, toute impétueuse, pleine de cette belle ivresse de l'existence.

Sortant du cercle protecteur de l'amphithéâtre de la Piccola Scala, on garde longtemps dans l'oreille le timbre un peu rauque, velouté, de la voix de Romane Bohringer et, dans l'œil, son regard limpide et franc. Une présence grave, tenue, dépouillée, mais qui est comme le murmure de la vie qui accompagne quelque temps.

"Respire"

Texte : Sophie Maurer
Mis en scène : Panchika Velez
Avec : Romane Bohringer et Bruno Ralle
Scénographie et lumières : Lucas Jimenez
Musique : Baloo Productions
Collaboration artistique : Mia Koumpan
Production : François Volard, Acte 2.
Durée : 1 heure.
À partir de 14 ans.

Du 15 septembre au 8 octobre 2022.
Du 3 février au 1er avril 2023.
Du jeudi au samedi 19 h 30.
La Scala, Salle La Piccola Scala, Paris 10e, 01 40 03 44 30.
>> lascala-paris.fr

Bruno Fougniès
Lundi 26 Septembre 2022


1.Posté par Christian Bach le 30/09/2022 13:23
Le texte de Sophie Maurer Respire est paru aux Editions Kïnè sus le titre original de Héméra ou Respire.

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"Différente" Carolina ou "Cada uno es un mundo (Chacun est un monde)"

Star internationale à la frange rouge, Carolina est de retour en France, après sa tournée mondiale. Heureuse de retrouver son public préféré, elle interprète en live des chansons populaires qui touchent le cœur de toutes les générations.

© Audrey Bären.
Mais qui est donc cette incontournable Carolina ? Ou, plus exactement, qui se cache derrière cette artiste plutôt extravagante, à la folie douce ? De qui est-elle l'extension, au juste ?

L'éternelle question autour de l'acte créatif nous interpelle souvent, et nous amène à nous demander quelles influences l'homme ou la femme ont-ils sur leurs "créatures" fabriquées de toutes pièces ! Quelles inspirations les ont portées ! Autant de questions qui peuvent nous traverser particulièrement l'esprit si tant est que l'on connaisse un peu l'histoire de Miguel-Ange Sarmiento !

Parce que ce n'est pas la première fois que Carolina monte sur scène… Décidément, elle en a des choses à nous dire, à chaque fois. Elle est intarissable. Ce n'est pas Rémi Cotta qui dira le contraire, lui qui l'accompagne depuis déjà dix ans et tire sur les ficelles bien huilées de sa vie bien remplie.

Rémi Cotta, artiste plasticien, graphiste, comédien, chanteur lyrique, ou encore metteur en scène, sait jouer de ses multiples talents artistiques pour confier une parole virevoltante à notre Carolina. Il suffit de se souvenir du très original "Carolina Show", en 2010, première émission de télé sans caméra ayant reçu de nombreux artistes connus ou moins connus ou le "Happy Show de Carolina", ainsi que les spectacles musicaux "Carolina, naissance d'une étoile", "Le Cabaret de Carolina", ou encore " Carolina, L'Intelligence Artificielle".

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Portraitiste décalé et impertinent d'une Histoire de France ou de l'Humanité aux galbes pas toujours gracieux dont surgissent parfois les affres de notre condition humaine, Régis Vlachos, "Cabaret Louise" (Louise Michel), "Dieu est mort" (Dieu, mieux vaut en rire)"Little Boy" (nom de la bombe larguée sur Hiroshima), revient avec un nouveau spectacle (création 2023) inspiré d'un des plus grands scandales de notre histoire contemporaine : la Françafrique. Et qui d'autre que Jacques Chirac – l'homme qui faisait la bise aux dictateurs – pouvait être convoqué au "tribunal" du rire et de la fantaisie par l'auteur facétieux, mais doté d'une conscience politique aiguë, qu'est Régis Vlachos.

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