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Théâtre

"Oliver Twist"... Associant théâtre, chant et marionnette, une comédie musicale allègre et festive

"Oliver Twist", Théâtre de l'Épée de Bois, Paris

Oliver - dit - Twist, orphelin malmené qu'un méchant voudrait tordre et pervertir, faire chuter du mauvais côté de la vie, du mauvais côté de la ville. Londres, monstrueuse dans ces bas-fonds de misère, dont les divers faits criés par les vendeurs de journaux alimentent un roman du crime propre à sa croissance...



© Ludo Leleu.
© Ludo Leleu.
Oliver se tord, survit dans une bande d'enfants voleurs destinés à la potence, se débat mais ne tombe pas. Sauvé, sa vertu jamais perdue malgré les préjugés lui est restituée ainsi que son héritage. Le méchant, son demi- frère, est puni.

La mise en scène d'Olivier Mellor pour "Oliver Twist" de Charles Dickens s'appuie sur le théâtre, la musique et la marionnette. Elle reprend l'adaptation d'Éric de Dadelsen et Danièle Klein de 1986 qui alterne chansons et dialogues tout en respectant le développement du roman. Elle se concentre sur l'essentiel, souligne ces formes de providence qui alimentent les rebondissements de tout bon mélodrame qui se respecte. "Oliver Twist" est une authentique comédie musicale au rythme rapide.

À chaque danger encouru son joker. Alors que l'histoire croise et tutoie le sordide, le spectateur est impliqué dans le jeu d'un destin farceur jusqu'au happy end final et nécessaire... C'est que l'histoire est traversée par un courant altruiste. Recette éminemment populaire que la mise en scène restitue pleinement. Elle présente même un côté festif propre à un feuilleton populaire réussi. Sans mièvrerie, ni larmoiement. Allègre plutôt.

© Ludo Leleu.
© Ludo Leleu.
La forme du spectacle est architecturée par une bande de chanteurs-musiciens, à l'évidence orphéons des rues. Volontiers espiègles, volontiers gouailleurs, ces orphéonistes qui connaissent le choral, un peu baloche, un peu boogie, ne se refusent pas des détours vers un twist endiablé et autres pop (ulars). Ils savent aussi faire pleurer Margot avec une berceuse de Brahms.

Les récitatifs animent les épisodes, les commentent et jouent avec les comédiens. Ceux-ci composent bien plus que des tableaux. Et le récit dans une totale cohérence entre le théâtre le chant et la marionnette se déroule au rythme d'une rumeur qui court, positive. Musicalement très riche et théâtralement aboutie, cette comédie musicale évite les pièges et la fadeur d'un simple storytelling.

Le spectateur participe à l'engouement pour "Oliver Twist", héros populaire. Comme en un conte.

Oliver Twist ? Twist again.

"Oliver Twist"

© Ludo Leleu.
© Ludo Leleu.
D'après l'œuvre de Charles Dickens.
Adaptation : Danièle Klein et Éric de Dadelsen.
Mise en scène : Olivier Mellor.
Avec : Jean-Christophe Binet, Marie Laure Boggio, Marie-Béatrice Dardenne, François Decayeux, Dominique Herbet, Olivier Mellor, Adrien Michaux, Marie-Angèle Moreno, Rémi Pous, Stephen Szekely et, en alternance, Thomas Champlois ou Léonard Jacquot.
Musiciens et chansons originales : Séverin "Toskano" Jeanniard, Cyril "Diaz" Schmidt, Romain Dubuis, Louis Noble, Boris Bénézit, Olivier Mellor.
Scénographie : Noémie Boggio, Alexandrine Rollin.
Costumes, maquillages : Hélène Falé assistée de Martine Boggio.
Marionnettes : Marie-Angèle Moreno, Jocelyne Durand, Alexandrine Rollin.
Lumières : Guillaume Rubin.
Son : Olivier Wils, Benoît Moreau.
Compagnie du Berger et Compagnie Syma.

© Ludo Leleu.
© Ludo Leleu.
Du 4 au 28 juin 2015.
Jeudi et vendredi à 20 h 30, samedi à 16 h et 20 h 30, dimanche à 16 h.
Théâtre de l'Épée de Bois, Salle en pierre, Cartoucherie, Paris 12e, 01 48 08 39 74.
>> epeedebois.com

Jean Grapin
Mardi 9 Juin 2015

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

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Brigitte Corrigou
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© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

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Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023