La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

"Les particules élémentaires"… Un récit-théâtre qui devient action et parole protéiformes

"Les particules élémentaires", Odéon Théâtre de l'Europe, Ateliers Berthier, Paris

Ayant adapté le texte de Michel Houellebecq, Julien Gosselin en propose une mise en scène où la parole devient action et événement, dans une scénographie donnant à chaque scène son atmosphère propre.



© Simon Gosselin.
© Simon Gosselin.
La pièce démarre dans l’obscurité, soutenue par une voix au micro. La présence d’une femme se découpe dans l’obscurité baignée par un tamis de lumière. Puis un autre personnage apparaît, ressemblant à Houellebecq, jeune. La parole bascule dans le récit après avoir butiné avec la poésie des mots.

Sur scène, ce livre-récit, pour éviter toute monotonie, est brisé, bousculé avec de la vidéo, de la musique, des atmosphères variées plongeant la pièce dans une dynamique faite de multiples ruptures de jeu entre les scènes. La pièce est ainsi découpée en différentes séquences dans lesquelles chacune a son atmosphère boutant la monotonie hors du plateau.

Au rebord de celui-ci, des fauteuils, des sièges, des chaises, des bureaux et deux guitares sont disposés autour de comédiens attendant leur entrée sur scène. Une attente dans laquelle les acteurs semblent être spectateurs de ce qui se déroule sur scène, lieu du faire et du dit, des rencontres, des événements et des dialogues. La scène devient ainsi l’antre dans laquelle le propos devient action, incarnée dans les corps et les touchers.

© Simon Gosselin.
© Simon Gosselin.
Interview, discussion, narration, cri ou discours lancés, la parole prend différentes formes. Elle devient le récit d’un théâtre qui se joue scéniquement et corporellement. La mise en scène de Julien Gosselin réussit à faire d’un récit une mosaïque scénique dans laquelle chaque moment a son univers, son périmètre de jeu créant ainsi un entrecroisement de saynètes tout en gardant une homogénéité entre elles.

Ainsi, les personnages, particules élémentaires scéniques, se trouvent à la confluence de différents mondes. D’un livre où le récit "machinal" de son auteur nous livre une décomposition sociale et philosophique de notre macrocosme, Julien Gosselin a choisi d’opérer un découpage scénique avec des personnages lotis dans différents univers. Les scènes sont en décalé, comme jouées chacune dans leur propre espace-temps.

Le spectacle "Les particules élémentaires" se finit comme elle a débuté. Houellebecq jeune revient, le récit à la bouche et la parole pleine et entière.

"Les particules élémentaires"

© Simon Gosselin.
© Simon Gosselin.
Texte : Michel Houellebecq.
Mise en scène : Julien Gosselin.
Compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur.
Adaptation et scénographie : Julien Gosselin.
Assistant à la mise en scène : Yann Lesvenan.
Avec : Guillaume Bachelé, Marine De Missolz, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Alexandre Lecroc, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Tiphaine Raffier.
Création musicale : Guillaume Bachelé.
Vidéo : Pierre Martin.
Son : Julien Feryn.
Lumière : Nicolas Joubert.
Costumes : Caroline Tavernier.
Durée : 3 h 50 avec un entracte.

Du 9 octobre au 14 novembre 2014.
Du mardi au samedi 19 h 30, dimanche à 15 h.
Théâtre de l’Odéon, Ateliers Berthier, Paris 17e, 01 44 85 40 40.
>> theatre-odeon.eu

Tournée 2014/2015
18 et 19 novembre 2014 : Le Quartz, Brest (29).
21 et 22 novembre 2014 : TNB, Rennes (35).
25 et 26 novembre 2014 : Le Phénix, Valenciennes (59).
28 et 29 novembre 2014 : La Filature, Mulhouse (68).
2 et 3 décembre 2014 : Lieu Unique, Nantes (44).
5 et 6 décembre 2014 : L’Espal, Le Mans (72).
9 décembre 2014 : Théâtre Évreux, Automne en Normandie, Évreux (27).
12 décembre 2014 : Le Préau, Vire (14).
16 au 19 décembre 2014 : CDR, Tours (37).
8 au 10 janvier 2015 : La Criée, Marseille (13).
13 janvier 2015 : Théâtres en Dracénie, Draguignan (83).
16 et 17 janvier 2015 : CNCDC, Châteauvallon, Ollioules (83).
21 au 23 janvier 2015 : La Comédie, Saint-Étienne (42).
27 et 28 janvier 2015 : La Comédie, Valence (26).
31 janvier 2015 : Château Rouge, Annemasse (74).
3 au 7 février 2015 : Les Célestins, Lyon (69).
11 au 13 février 2015 : Théâtre des 2 rives, Rouen (76).
… /….

Safidin Alouache
Lundi 27 Octobre 2014

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024