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Le théâtre peut-il être acteur et témoin du politique ?

Cycle Théâtre et Politique, 5e édition à L'Apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise (95)

Pour la 5e saison consécutive, L'Apostrophe ouvre le cycle "Théâtre & Politique" du 13 au 27 mai 2014. Parce qu’il y a du théâtre en politique et de la politique dans la création théâtrale, ce cycle trouve parfaitement sa place dans la saison artistique de la scène nationale. Depuis l'Antiquité jusqu’à aujourd’hui, le théâtre ne cesse d’interroger la cité, d’interpeller nos consciences, de nous tendre un miroir en forme d’appel.



"Le Cochon" de Vaclav Havel © Jakub Jira.
"Le Cochon" de Vaclav Havel © Jakub Jira.
À l'heure où la Culture subit, comme de nombreux autres secteurs, les conséquences de la crise économique, pouvant souvent mettre en péril l'existence même de certains de ses acteurs, le cycle "Théâtre & Politique" prend aujourd'hui un relief tout particulier en proposant les regards et les réflexions d'auteurs, de metteurs en scènes et de chercheurs sur nos sociétés en difficulté.

La programmation, pensé par Jean-Joël Le Chapelain directeur de la Scène nationale, se compose de 5 pièces de théâtre, d'une soirée chorégraphique (Antonio Gadès, rénovateur du flamenco sous Franco) et d'une rencontre-débat - mardi 20 mai 2014 - proposant un espace de réflexion sur les voies citoyennes dans l'art au sein de différentes cultures.

"American tabloïd" de James Ellroy © Victor Tonelli/Artcomart.
"American tabloïd" de James Ellroy © Victor Tonelli/Artcomart.
● 13 et 14 mai 2014 : "Le Cochon", texte peu connu de Vaclav Havel, manière de farce burlesque sur les absurdités du
système, mis en scène par le Tchèque Vladimir Moravek ;
● 16 et 17 mai 2014 : "Tout un homme" de Jean-Paul Wenzel ou les récits singuliers d’anciens mineurs maghrébins ;
● 19 et 26 mai 2014 : "Al Atlal" (Les Ruines), poème immortalisé par la voix mythique d'Oum Kalsoum en 1966, donne corps au spectacle de Sharif Andoura ;
● 22 et 23 mai 2014 : "American tabloïd" de James Ellroy, mis en scène par Nicolas Bigards, un portrait au vitriol de l’Amérique sous Kennedy ;
● 24 et 25 mai 2014 : "Les Justes", la célèbre pièce d’Albert Camus, mise en scène par Hubert, Jappelle questionne les ressorts du terrorisme.
● 27 mai 2014 : "Noces de Sang & Suites Flamenca", deux pièces majeures du danseur et chorégraphe engagé, Antonio Gadès.

"Les Justes" d’Albert Camus © Dominique Chauvin.
"Les Justes" d’Albert Camus © Dominique Chauvin.
Ces œuvres fortes d'origines diverses incitent à renouer avec les fondamentaux du théâtre en faisant apparaître différents formes de traitement de la question du politique grâce aux paroles artistiques mais aussi à travers l'histoire et les cultures de différents pays. Ces multiples perspectives abordées seront sans doute à même de nourrir la rencontre du 20 mai, à 19 h 30 : "Le théâtre, témoin engagé du politique".

Cette rencontre est aussi l'occasion d'échanges avec le public, tant à partir des spectacles déjà vus que sur les questions posées : Qu'est-ce qui fait témoignage au théâtre ? Quels enjeux résultent de la relation entre les œuvres et le public ? Comment des sujets comme l'immigration, l'exclusion, le nomadisme, l’oppression, la révolte, etc., résonnent-ils auprès du public et des citoyens d'aujourd'hui ? Si le théâtre est encore l'endroit du politique, comme le geste artistique s'en empare-t-il ? Cette liste d'interrogations n'est pas, bien sûr, exhaustive. Les intervenants prévus sont notamment Judith Depaule, metteure en scène ; Rachid Ouramdane, chorégraphe ; Jack Ralite (sous réserve), Hélène Kuntz, maître de conférence à l'université Paris III (sous réserve). La rencontre devrait être animée par Pascal Paradou.

5e édition du Cycle Théâtre et Politique.
Du 13 au 27 mai 2014.
L'Apostrophe (Théâtre des Arts - Théâtre des Louvrais), Cergy-Pontoise, 01 34 20 14 14.
>> lapostrophe.net
Rencontre du 20 mai : Entrée libre sur réservation aux accueils ou au 01 34 20 14 14.

Gil Chauveau
Jeudi 15 Mai 2014

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
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© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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© Philippe Hanula.
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