La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
CédéDévédé

La "Romance oubliée" d'Hermine Horiot et Ferenc Vizi

Un premier CD très prometteur de la jeune violoncelliste Hermine Horiot dans la Collection 1001 Notes est paru il y a quelques semaines. Dans le cadre du projet "L'Envol" créé par le Festival 1001 Notes et destiné à accompagner les débuts de jeunes solistes, Hermine Horiot propose ici un programme de pages romantiques accompagnée au piano par Ferenc Vizi. Une bien jolie promenade musicale.



La toute jeune violoncelliste Hermine Horiot, lauréate en 2012 du Festival Juventus - comme Xavier Phillips, Marc Coppey, Alexandre Tharaud ou encore Ferenc Vizi -, appartient à l'ensemble fondé par David Grimal "Les Dissonances". Pour autant à l'audition de son premier enregistrement consacré à de belles pages romantiques de Schumann à Dvorak - et dont l'âme est la "Sonate pour violoncelle et piano" opus 65 de Frédéric Chopin - un destin de soliste se dessine à coup sûr. À juste titre.

Hermine Horiot nous emmène dès l'abord dans les forêts légendaires de cette Bohême où naquit Antonin Dvorak avec la cinquième partie d'un cycle prévu à l'origine pour le piano à quatre mains (la version pour violoncelle date de 1893). Nous voilà invités à une traversée rêveuse teintée de ce lyrisme populaire "molto cantabile" niché dans les ombres et lumières de ces "Waldesruhe" (ou "Bois silencieux") opus 68. L'interprétation toute de grâce et de tendresse se retrouve dans la "Sonatine" opus 100 écrite plus tard à New York par le compositeur tchèque pour ses enfants - à qui elle est dédiée. Quatre mouvements courts à l'origine composés pour le violon et le piano avec leurs couleurs nostalgiques ou riantes que révèlent avec talent Hermine Horiot et Ferenc Vizi. Le duo entre la jeune soliste et le virtuose du piano convainc grâce à une générosité et une complicité sans faille.

Après les "Trois Romances" élégiaques et fiévreuses opus 94 de Robert Schumann (transcrites en 1849), le tête à tête violoncelle-piano exalte ensuite avec sentiment et justesse la "Sonate" opus 65 de Chopin - pépite d'or et œuvre maîtresse du CD. Rare partition écrite pour un autre instrument que le piano par le compositeur franco-polonais, c'est l'une des plus marquantes pour notre duo des quatre destinées en 1846 à l'ami, le violoncelliste Auguste Franchomme. Les mouvements de la sonate se déploient dans un dialogue fait d'orages et de délicate intelligence à l'écoute (sans appesantissement) dans ce dernier opus publié du vivant de l'artiste. L'enregistrement se clôt sur la superbe "Romance oubliée" S.132 de Franz Liszt qui donne son titre au CD. La voix du violoncelle fait alors surgir avec une notable expressivité (et toujours grâce à un jeu d'une grande maîtrise) l'émotion intacte de cette élégie malgré tout passionnée, vrai "andante malinconico" (ou mélancolique) d'un vieux compositeur recru de chagrins.

● "Romance oubliée" Dvorak - Schumann - Chopin - Liszt.
Hermine Horiot (violoncelle) et Ferenc Vizi (piano).

Label : Collection 1001 Notes.
Distribution : Socadisc.
Durée : 64'16''.
Sortie : Janvier 2015.
>> festival1001notes.com

Christine Ducq
Vendredi 6 Mars 2015

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024