La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

"Et la Lumière fut" Quand notre société vacillante engendre un acte créatif brillamment réjouissant

Les Swing Cockt'Elles sont un trio vocal féminin accompagné au piano, spécialisé dans l'harmonie vocale et l'humour musical, fondé en 2012 par Annabelle Sodi-Thibault. Dans la tradition des Andrew Sisters, en passant par l'opéra, les chansons françaises, les musiques de films et la pop américaine, le groupe revisite tubes et standards de façon inattendue et pour le moins insolite : Britney Spears flirte par exemple avec Rachmaninov, Gershwin fait de l'œil à Bach, ou encore Chopin a une liaison avec Sabine Paturel…



©  Ludyvine Laforme.
© Ludyvine Laforme.
Les Swing Cockt'Elles n'en sont pas à leurs premières vocalises… Loin de là ! Pendant quatre années consécutives, leur spectacle d'humour musical "Amour, Swing et Beauté" est programmé au Festival Off d'Avignon où il y rencontre un vif succès.

Il s'est produit aussi plus de 200 fois sur de nombreuses scènes nationales et internationales.
En 2020, c'est la rencontre avec le très prolifique metteur en scène Alain Sachs qui propulsera ces trois gentes dames et leur pianiste dévoué sur un autre chemin et qui donnera naissance à "Et Dieu créa le swing !". Ce spectacle, haut en couleurs et en notes virevoltantes, sera également à l'affiche trois années consécutives à la Comédie Bastille, tout comme au Festival d'Avignon, en 2022 et 2023.

Décidément, rien ne semble pouvoir arrêter l'énergie sans failles du groupe, ni sa fructueuse collaboration avec Alain Sachs qui se poursuit de façon rebondissante, telle une longue odyssée hautement réjouissante !

Car un nouveau spectacle vient en effet de pointer le bout de son nez : "Et la Lumière fut".
Le soleil radieux d'Avignon, l'été prochain, collaborera à nouveau avec la lumière éclatante des projecteurs du Théâtre du Girasole et gageons que, cette année encore, le succès sera au rendez-vous. Le contraire serait impensable !

©  Ludyvine Laforme.
© Ludyvine Laforme.
On ne présente plus Alain Sachs, grand virtuose de la scène, à l'origine de très nombreuses mises en scène qui lui ont valu une trentaine de nominations aux Molières, dont celui du Meilleur Spectacle musical pour "Le Quatuor", celui de la Comédie pour "Accalmie passagère", ou encore celui du Metteur en scène pour "Le Passe-Muraille". Sans oublier sa récompense du Prix du Brigadier, la plus haute distinction théâtrale française.

Dans le spectacle "Et Dieu créa le swing", Alain Sachs avait choisi de raconter l'histoire de la voix, du cri primal depuis ses origines, son évolution au fil des siècles, mais aussi de dire des choses précises sur les femmes, sur leur libération à travers la chanson. Le message y était assez féministe.

Ici, c'est davantage à la condition humaine et à l'état du monde que le fidèle quintet s'attaque. Vaste gageure s'il en est !

Envie de changer de cap, de rêver pour garder la tête haute ! De rêver pour continuer à avancer droit devant en gardant la tête hors de l'eau. Mais aussi nécessité d'entendre les aspirations de chacune et de chacun, de s'écouter, pour que les choses aillent un peu mieux ! S'écouter, et se respecter !

"Il est un fait indéniable que nous traversons toutes et tous une période emplie des pires doutes et des pires angoisses quant à notre avenir sur Terre… Et si, sans en occulter la réalité, nous prenions plutôt le parti de l'espoir (…)", Alain Sachs.

"Et la Lumière fut" n'est pas une simple succession de chansons, aussi bien interprétées soient-elles par trois chanteuses hors pair à l'harmonieuse gestuelle (Chapeau bas, Mesdames), mais c'est aussi une bien jolie comédie musicale, élégante, drôle à l'envi, dynamique, chatoyante, avec une trame dramaturgique justement agencée.

Au piano, Jonathan Soucasse insuffle au spectacle un regain d'énergie électrisante qui galvanise avec brio celle des trois merveilleuses chanteuses.

Ce nouvel opus des Swing Cockt'Elles est un vrai moment festif qui vous drapera chaleureusement en ces temps de grisaille et de froidure hivernales.
Courez-y, chantez si le cœur vous en dit… Bref : vivez !
◙ Brigitte Corrigou

"Et la Lumière fut"

©  Ludyvine Laforme.
© Ludyvine Laforme.
Spectacle musical des Swing Cockt'Elles.
Trio vocal : Annabelle Sodi-Thibault ou Alice Buro, Morgane Touzalin-Macabiau, Anne Herrscher.
Piano et beat box : Jonathan Soucasse ou Djaîz Gil.
Direction musicacle : Annabelle Sodi-Thibault.
Arrangements : Annabelle Sodi-Thibault et Jonathan Soucasse.
Conception et mise en scène : Alain Sachs.
Costumes : Hervé Delachambre.
Peintures et graphisme : Ludyvine Laforme.
Durée : 1 h 15.

Du 25 janvier au 26 avril 2025.
Vendredi à 21 h et samedi à 17 h.
La Comédie Bastille, Paris 11ᵉ, 01 48 07 52 07.
>> Comédie Bastille

Tournée
18 janvier 2025 : Kembs (68).
1er février 2025 : Buc (78).
14 février 2025 : Magny-les-Hameaux (78).
7 mars 2025 : Feytat (87).
28 mars 2025 : Saint-Priest-en-Jarez (42).
12 avril 2025 : Boege (74).
24 mai 2025 : Hagueneau (74).
Puis au Festival Off d'Avignon.

Brigitte Corrigou
Jeudi 30 Janvier 2025

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024