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À l'affiche

22/01 au 27/03/2012, Comédie de la Contrescarpe, Paris, "Tout va à vélo"

"Tout va à vélo", seul en scène sous forme de confidence exaspérée, est un spectacle décalé et poétique, souvent drôle, parfois dérangeant, toujours émouvant. Entre jeu de rôles et confidence, stand up et travestissement, un homme se révèle, tout simplement, avec ses grandeurs, ses petites misères et ses "minableries".



© Carabistouilles & Cie.
© Carabistouilles & Cie.
Philippe Ferran (metteur en scène de "La Contrebasse", mais aussi de tous les shows de Jacques Villeret et de Smaïn…) a eu un véritable coup de cœur pour le comédien Denis Barré, qu’il a décidé d’accompagner dans son seul en scène, et dont les textes ciselés viennent nous bousculer. C'est vivifiant, iconoclaste et drôle !

"Je vous emmène avec moi dans un spectacle cascadant de drôleries, ébouriffant en diable, dans lequel l’enthousiasme le plus irresponsable le dispute à une lucidité quasi suicidaire. Oui, montez dans ma rondelle volante. Vous entendrez parler entre autres, de l’importance des secrétaires dans la stabilité du monde, de la relation privilégiée de mon psy avec mon argent et de celle, inquiétante, que j’entretiens avec la peluche de mon fils. Et si vous êtes sages vous assisterez à mes retrouvailles avec Michel le petit con qui ne voulait pas me prêter ses jouets et nous essaierons, avec mon garagiste, de changer le monde pour moins de 1 000 euros. Vous avez là, pour une somme avoisinant le ridicule, à la fois un spectacle divertissant, une analyse vertigineuse de notre siècle et l’humanité sidérante d’un homme nu. C’est Noël avant les boules, c’est la belle-mère qui dégage, c’est fromage ET dessert.

© Carabistouilles & Cie.
© Carabistouilles & Cie.
"Mon intention première aurait peut-être été de faire pouêt-pouêt, mais la rigueur insoumise de ma pensée m’a poussé à déchiffrer au sein du groupe social les conditions propices à l’expression du rire, et son imbrication dans la relation à l’autre, en tant que vecteur de cohésion. Pouêt. Je ne pouvais dès lors que m’intéresser à la genèse même de l’humour dans son acception la plus large, au décalage entre réel perçu, réel vécu et rêve debout. Pouêt-pouêt.

"Hélas ! Je devais m’apercevoir bientôt que je n’avais pas la force de cette synthèse qui aurait pu m’être salvatrice dans cette quête insensée. Il fallait que je m’affranchisse de l’analyse et que je m’engage dans la voie certes la plus radicale, certes la plus triviale, mais aussi la plus payante dans ce genre d’entreprise, d’être drôle donc.

22/01 au 27/03/2012, Comédie de la Contrescarpe, Paris, "Tout va à vélo"
"Alors m’est venue cette idée qui je l’avoue m’impressionne encore et qui soudain a fait entrer la lumière : celle de laisser le public trouver lui-même où est l’humour, après avoir trouvé précédemment où était le spectacle. Et l’amener progressivement à comprendre pourquoi il est venu. Pourquoi veut-il rire à tout prix ? A quoi veut-il échapper en venant ici ? Est-ce que l’argent investi dans ce billet est rentable ? Peut-il en récupérer la TVA ? Quel est le bilan carbone de cette démarche ? Et pourquoi moi ?" Denis Barré.

"Tout va à vélo"
De et par Denis Barré.
Mise en scène : Philippe Ferran.

Spectacle du 22 janvier au 27 mars 2012.
Du dimanche au mardi à 20 h.
Comédie de la Contrescarpe, Paris 5e, 01 43 26 25 60.
>> comedie-contrescarpe.com

Annonce
Mercredi 22 Février 2012

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© François Vila.
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© Christophe Raynaud de Lage.
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