La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Pitchouns

"Un tigre dans le crâne"... Faire entendre nos mondes intérieurs pour un jour "être"

Un tigre dans le crâne", en tournée en France

Spectacle créé en novembre 2012, après deux résidences (au Théâtre d'Auxerre et au Nouveau Relax de Chaumont), "Un tigre dans la tête", la nouvelle création de la Compagnie Le Turlupin. sera en tournée à partir de mi-février. Mêlant situations loufoques et écriture poétique, le texte de Karin Serres - remarquablement adapté par Elvire Ienciu - laisse le champ libre à l'imaginaire et permet aux enfants de laisser libre cours à leurs rêves d'aventures.



"Un tigre dans le crâne"... Faire entendre nos mondes intérieurs pour un jour "être"
Yellow Banane, balayeuse de gare, est en train d'écrire. À l'instant où elle écrit "tigr..." un gros tigre du Bengale jaillit de la feuille et s'installe à l'intérieur de son crâne. Comment faire sortir ce tigre de son crâne ? Et voilà que s'installe une cohabitation entre le félin envahissant et Yellow Banane qui se rebelle. Guib, le petit voisin, qui lui rend visite, ne peut croire à cette histoire... De leurs échanges naîtra un merveilleux et incroyable voyage dans l'imaginaire.

Prenant un parti-pris résolument burlesque, où le clown sera le vecteur de la parole - du dit -, mais aussi du geste, du mouvement - offrir des images à l'imaginaire -, Elvire Ienciu donne vie au conte, aux différents personnages. Avec une belle énergie, un rythme soutenu, une étonnante aisance gestuelle et une très bonne diction (qualité rare... et indispensable quand on s'adresse au jeune public), la comédienne fait ainsi naître des personnages aux multiples facettes : le petit voisin-enfant ; un homme-père ; une sœur-annonceuse de gare, etc.

"Un tigre dans le crâne"... Faire entendre nos mondes intérieurs pour un jour "être"
Elvire Ienciu nous entraîne dans le récit mythologique d'où surgit "le monstre qui parle". Les enfants de plus de 8 ans adhèrent complètement à l'histoire, les plus jeunes ont un peu peur. Mais la parole - histoire libérée -, étant dite par la figure emblématique du clown, est désacralisée afin que les enfants se l'approprient, puissent aussi un jour faire entendre - raconter - leur "tigre dans le crâne" ! Faire entendre nos mondes intérieurs pour un jour "être"...

Ayant fait pour ce spectacle le choix d'un travail clownesque contemporain, Elvire Ienciu, toujours en mouvement, déploie une énergie communicative où l'on reconnaît sa pratique de la danse et de l'acrobatie. Comédienne talentueuse et lectrice (elle pratique beaucoup la lecture à voix haute), elle n'en est pas à sa première expérience, ayant mis en scène et joué plusieurs spectacles en direction du jeune public. Elle travaille également régulièrement avec des publics en difficulté (handicap ou précarité).

Cette adaptation de "Un tigre dans le crâne" de Karin Serres par Elvire Ienciu s'inscrit dans la continuité d'une recherche (par Elvire et la Cie Le Turlupin) sur la parole dite, sur notre capacité à dire et à faire entendre nos mondes intérieurs... comme processus de la construction de soi. Ce spectacle, réussi et d'une facile compréhension, s'adresse parfaitement à un public à partir de 8/9 ans. À recommander...

"Un tigre dans le crâne"

"Un tigre dans le crâne"... Faire entendre nos mondes intérieurs pour un jour "être"
Texte : Karin Serres.
Publié aux Éditions Théâtrales II Jeunesse.
Conception et interprétation : Elvire Ienciu
Mise en scène : Elvire Ienciu et Nathalie Azam.
Création lumières et espace : Jean-Jacques Ignart.
Création son : Joël Patin.
Création vidéo : Nina Patin et Charlotte Denamur.
Technique vidéo : David Juillet.
Création costumes : Charlotte Passajou.
Avec la participation de Myriam Crouzel, Simon et Raynald Flory.
Par la Compagnie Le Turlupin.
Durée : 1 h.
>> elvire-ienciu.fr

"Un tigre dans le crâne"... Faire entendre nos mondes intérieurs pour un jour "être"
Tournée 2013 :
14 et 15 février 2013 : Festival A pas Contés, Théâtre des Feuillants, Dijon (21).
28 février à 18 h : Le Flambeau à Reims (51).
1er mars 18 h, 2 mars à 20 h 30 et 4 mars à 15 h (séance scolaire) : Le Ludoval à Reims (51).
14 mars à 20 h 30 et 15 mars à 14 h 15 : Théâtre Municipal de Beaune (21).
30 avril à 20 h 30 : ECLA à Saint-Vallier (71).
14 mai : Salle Événementielle d’Auxonne (21).

"Un tigre dans le crâne"... Faire entendre nos mondes intérieurs pour un jour "être"

Gil Chauveau et Laurence Navarro
Vendredi 11 Janvier 2013

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024