La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Danse

"Peubleto"… Danse au chant d'une passion

Festival "Traversées africaines", Le Tarmac, Paris

Pour le festival "Traversées africaines", le Tarmac réunit, autour de la danse, du théâtre, de la poésie et de la musique, huit compagnies pour nous faire découvrir une partie du continent africain dans sa richesse artistique.



© Frédéric Desmesure.
© Frédéric Desmesure.
"Peubleto" raconte l'histoire d'un homme avec ses rêves et sa réalité. Banal ? Pas tout à fait puisque ceux-ci ont été réalisés et que cela est montré au travers de la danse, de vidéos et d'une bande-son évocatrice.

Bienvenue Biate nous amène jusqu'aux rivages de sa vie. L'homme est seul sur scène dans une scénographie qui laisse voir six toiles blanches transparentes suspendues. La chorégraphie s'articule autour d'un tronc en équilibre où les bras font des mouvements souples et tournants. L'exercice est difficile à réaliser car le corps est essentiellement statique et tout se joue dans un périmètre corporel assez limité où les notions de distance disparaissent.

Tout procède par une gestuelle des membres supérieurs qui font des torsions autour du tronc, comme si celui-ci était un chêne autour duquel se nouaient des branches. Pour garder cet équilibre, Bienvenue Biaté met une de ses jambes au-dessus du sol alors que l'autre s'appuie sur la plante des pieds. L'équilibre est constant, maintenu. Les membres inférieurs étant à la fois stables, avec la plante du pied au sol, et instables avec l'autre jambe qui reste en l'air dans une position souvent angulaire pour contrebalancer le déplacement circulaire des bras.

© Frédéric Desmesure.
© Frédéric Desmesure.
Ainsi, circularité et angularité sont les deux versants de son expression chorégraphique. Celle-ci est au début assez lente puis gagne en intensité suivant la position des membres. Plus les bras sont proches du tronc et plus le mouvement est rapide, plus ils sont éloignés et plus la vitesse est lente comme si l'équilibre était moins assuré. La chorégraphie est d'ailleurs le corollaire de ce tâtonnement, de ce choix difficile et assumé pour lui d'être danseur où, tout au long du spectacle, une confiance, un choix assumé pour son métier et son art est revendiqué.

Autour de silences et de paroles, le spectacle s'accompagne de claquements de main. Devant nous, derrière un magnétophone qui égrène l'étonnement d'une vieille femme sur la "chorégraphie", Biaté accapare l'espace, fait tomber trois toiles blanches, l'incorpore autour de son seul corps, pour faire exister son art, celui d'une danse qui ne prend appui que sur le corps, abandonnant presque la scène à sa géométrie.

Les déplacements sont peu utilisés, restant principalement situés au milieu du plateau, circulant parfois pour faire exister une scène où il semblait se chercher au début. Ceux-là ne sont pas dans un processus artistique où les pas de danse sont articulés. Ils participent surtout à un positionnement du chorégraphe-interprète sur son art, sa passion et son histoire.

"Peubleto"

© Frédéric Desmesure.
© Frédéric Desmesure.
Conception, direction artistique : Bienvenue Bazié, Auguste Ouédraogo.
Chorégraphie, interprétation : Bienvenue Bazié.
Assistanat chorégraphique : Auguste Ouédraogo.
Scénographie : Marc Vallandon.
Composition musicale : Adama Kouanda.
Vidéo : Grégory Hiétin.
Création lumière : Fabrice Barbotin.
Durée : 50 minutes.
Production Compagnie Auguste-Bienvenue.

A été représenté les 23 et 24 mars 2018.
Dans le cadre du Festival "Traversées africaines"
qui se déroule du 6 mars au 13 avril 2018
au Tarmac - Scène internationale francophone, Paris 18e.

Spectacles à venir

© Frédéric Desmesure.
© Frédéric Desmesure.
Du mardi 27 au vendredi 30 mars 2018.
"Tram 83"
Fiston Mwanza Mujila/Julie Kretzschmar.
Théâtre - République démocratique du Congo.

Du mardi 3 avril au vendredi 13 avril 2018.
"Le fabuleux destin d'Amadou Hampâté Bâ"
Hassane Kassi Kouyaté/Bernard Magnier.
Théâtre - Mali.

"Africaman original"
Du vendredi 6 avril au samedi 7 avril 2018.
Qudus Onikeku.
Danse - Nigeria.

© Frédéric Desmesure.
© Frédéric Desmesure.
Du 12 avril au 13 avril 2018.
"Un cadavre dans l'œil"
Hakim Bah/Guy Theunissen.
Théâtre - Guinée/Belgique.

Réservations : 01 43 64 80 80.
>> letarmac.fr

>> Pétition en ligne pour défendre le Tarmac qui risque de fermer suite à une décision ministérielle.

Safidin Alouache
Mercredi 28 Mars 2018

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024