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Cirque & Rue

Gilles Cailleau… Attention fragile, nouvelle création en cours !

Gilles Cailleau (et la Compagnie Attention Fragile), dans le cadre d'une résidence à la Gare Franche (Marseille), présente "Gilles et Bérénice" et poursuit les répétitions publiques de sa nouvelle création "Le Nouveau Monde". Cette dernière sera présentée en janvier 2017 pour la deuxième biennale des Arts du Cirque de Marseille Creac Archaos.



"Gilles et Bérénice" © Sébastien Armengol.
"Gilles et Bérénice" © Sébastien Armengol.
Gilles Cailleau est en gestation d'une nouvelle œuvre artistique... et un nouveau monde devrait naître ! Cela a commencé il y a quelques mois, à la Passerelle à Gap notamment. Puis il s'est installé à la Gare Franche à Marseille. Amoureux du lieu, il a décidé de s'y poser durant un mois afin de répéter dans l'Usine (voir ci-dessous détail sur la Gare Franche) "Le Nouveau Monde", un projet encore en construction dont la naissance, l'apparition au monde, devrait avoir lieu à l'occasion de la deuxième biennale des Arts du Cirque de Marseille en février 2017.

En cohérence avec sa démarche habituelle d'élaboration créative ouverte au public, aux gens d'où qu'ils soient, socialement, professionnellement, ethniquement, quel que soit leur univers d'origine, il investit cette fabrique, métamorphose entre théâtre et plateau de cinéma, où tous peuvent se croiser, s'arrêter pour voir l'artiste créer, explorer, essayer. Là, Gilles Cailleau élabore une histoire générale et poétique du XXIe siècle, une création comme un voyage pour imaginer la suite de ce qu'est le monde aujourd'hui, ce qui va venir, l'après cet inconnu ; et, comme un enfant, émettre des hypothèses.

"Gilles et Bérénice" © Sébastien Armengol.
"Gilles et Bérénice" © Sébastien Armengol.
En complément de ce temps d'exploration, d'écoute, d'échanges et de conception, il présente le soir dans son chapiteau parapluie "Gilles et Bérénice". Créé en 2011 au Quai des Rêves à Lamballe (22), ce spectacle est un parcours solo d'une étonnante tonicité où Gilles Cailleau nous donne à découvrir une version d'une étrange modernité, entre cirque et déambulatoire en espace clos (un joli paradoxe !), des amours adolescentes qu'offre à lire en alexandrins Racine dans son "Bérénice".

"C'est ça qui est magnifique et mystérieux dans Bérénice, l’implacable adresse du langage de Racine, dans laquelle s’incarne la maladresse incroyable de ses héros. Dans cette langue si pure, ces 2 garçons et cette fille bafouillent. Ils cafouillent en alexandrin. La poésie de la pièce, ce n’est pas la pureté de son langage, c’est le mariage improbable entre des contraires : la perfection du langage et le bredouillage des sentiments." Gilles Cailleau.

La Gare Franche

"Gilles et Bérénice" © Sébastien Armengol.
"Gilles et Bérénice" © Sébastien Armengol.
La Gare Franche est un lieu atypique situé dans le XVe arrondissement de Marseille, dans le "village" de Saint-Antoine, dédié aux créations et événements pluridisciplinaires, allant du théâtre aux arts de la rue en passant par le cirque, la musique, les arts plastiques et la danse. C'est un espace composé d'une usine de 1 250 m² (intégrant un théâtre de 689 m²), d'une bastide de 350 m² (lieu social et de vie des artistes, des invités et autres, avec chambres, cuisine, salle à manger, bureaux, etc.) et un jardin de 1 000 m²… plus un poulailler avec oies, poules, lapins ; et plus si affinités !

Elle a été fondée en 2001 par Wladyslaw Znorko (avec sa compagnie Le Cosmos Kolej) et fut pensée dès le départ par celui-ci comme une enclave poétique ouverte qui doit participer au désenclavement du quartier. Avec les jardins qui deviennent rapidement un territoire de partage pour les résidents de la cité et l'ouverture des lieux de répétitions, de recherches artistiques aux voisins et au public en général, la Gare Franche devient un lieu de rencontres et d'échanges… et une zone de passage pour les habitants entre la cité de Plan d'Aou et le noyau villageois de Saint-Antoine.

Aujourd'hui, et après la disparition de Wladyslaw le 5 mars 2013, elle reste une fabrique artistique basée sur le système des résidences. Les durées et les types de résidence peuvent être très variables, ainsi que les modalités d’accueil. Trois modes principaux coexistent. Premièrement "Les Habitants" qui peuvent y résider de manière intensive et dans la durée. L’accompagnement est pensé de manière globale et adapté à chaque projet (aide au montage de production, visibilité du projet, espaces de travail, etc.). L’équipe de la Gare Franche sera coproducteur et/ou chef de file des productions et travaillera avec une attention soutenue à la mise en réseau de ces projets.

Ensuite, le "Port d'attache" est un cycle de trois ans. L'artiste est à l’a(e)ancre et la Gare Franche devient son port d’attache, point de départ d’un dialogue poétique avec les voisins. Il y pose ses valises, imagine des projets pour le lieu et y poursuit son travail de création. C'est le cas actuellement de la Compagnie Vol Plané d'Alexis Moati. Il imagine comme matière première à leur prochaine création une adaptation du film de Sydney Lumet, "À bout de course". La présence à la Gare Franche permet à la compagnie d’affirmer un processus de création expérimental qui devrait aboutir en 2018.

"Gilles et Bérénice" © Sébastien Armengol.
"Gilles et Bérénice" © Sébastien Armengol.
La porte reste ouverte à d’autres projets sur des formes plus légères d’accompagnement. Les artistes accueillis comme Gilles Cailleau peuvent mêler plusieurs modes d’expressions artistiques : théâtre, danse, cinéma, arts plastiques, marche, création sonore ou vidéo. Les durées de résidence sont variables et dépendent de la nature et de l’avancement du projet : de quelques jours de retrait propice à l’écriture, au travail de plateau, de l’immersion dans le quartier à la confrontation avec un public ; tous les types de résidence peuvent être pensés à la Gare Franche !

"Gilles et Bérénice"
Écriture et scénographie : Gilles Cailleau et Jean Racine.
Avec : Gilles Cailleau.
Grand accoucheur : André Gighlione.
Costumes : Virginie Breger avec la participation de Patou Bondaz.
Décor et accessoires : Christophe Brot.
Lumières : Nils Brimeur.
Avec l’aide musicale involontaire de : Nick Cave, Richard Cocciante, P. J. Harvey, Kylie Minogue, Cat Power.
Cie Attention fragile.
Durée : 2 h.
Tout public à partir de 13 ans.

L'Usine, Gare Franche, Marseille © DR.
L'Usine, Gare Franche, Marseille © DR.
Du 30 septembre au 16 octobre 2016.
Vendredi et samedi à 20 h, dimanche à 16 h.
Samedi 8 octobre soirée spéciale : à 18 h, un bon moment avec "Le Nouveau Monde", création en cours et à 21 h, "Gilles et Bérénice".
La Gare Franche, sous chapiteau, 7, Chemin des Tuileries, Marseille 15e, 04 91 65 17 77.
>> lagarefranche.org

"Le Nouveau Monde"
Nouvelle création de Gilles Cailleau.
Cie Attention Fragile.
Pôle Jeune Public - Scène conventionnée.
Sous le chapiteau de l’École Fragile, 1140 avenue Pablo Picasso, La Valette-du-Var (83).
Réservation >> Pôle Jeune Public
Tél. : 06 17 45 84 59.

Lundi 30, mardi 31 janvier 2017 et jeudi 2 février 2017 à 14 h 30 (représentation scolaire).
Vendredi 3 février à 10 h (représentation scolaire).
Biennale Internationale des Arts du Cirque de Marseille Creac Archaos.
Samedi 4 février à 14 h, première tout public.
Dimanche 5 février à 17 h.

Gil Chauveau
Vendredi 14 Octobre 2016

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© Jean-François Delon.
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© Pics.
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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

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Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023