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"Stellaire" Une symphonie visuelle et musicale d'où naît l'univers d'où éclot l'amour

La féerie est au rendez-vous, la plongée dans la magie enfantine se fait en joyeuse apnée, l'imaginaire distillé par le foisonnement d'images, de musiques, de sons, en création directe et spontanée, nous porte dans une double aventure, celle de l'univers et de l'amour… "Stellaire" de Stereoptik est d'une insolente réussite car de rien ils font tout… Tel le processus qui donna naissance à notre cosmos.



© Stereoptik.
© Stereoptik.
Amour sidéral sous nuit étoilée, aventure astrale pour univers en expansion… Entre relation amoureuse et balades dans les champs stellaires nous est conté, en une étonnante cohabitation, l'intime et le cosmique. D'un côté, la création de l'espace infini et son extension ; de l'autre, la rencontre d'une femme, astrophysicienne spécialiste de l'espace-temps, et d'un homme, peintre explorateur de mondes parallèles, leur romance et son devenir…

Personnages filmés, le couple interprété par Randiane Naly et Clément Métayer apparaît aussi sous forme d'animations engendrées par les mains expertes de Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet. C'est d'ailleurs l'exemple parfait de l'union subtile et réussie des techniques utilisées, très variées, avec des séquences vidéo réalisées en amont puis transformées en direct pour être injectées ensuite dans les dessins, maquettes et animations générés sur scène au cours de la narration.

L'utilisation d'un aquarium – pour des dissolutions de peintures aux densités variables dans l'eau, avec parfois un effet réfléchissant – procure des résultats optiques prodigieux et bluffants. Divers objets sont aussi de la partie (vaisseau spatial, radeau, etc.) créant un continuum onirique cadré par une histoire pleine de poésie.

© Stereoptik.
© Stereoptik.
Des découpes en carton entrent aussi dans la composition des images, donnant, selon l'angle et l'intensité de la lumière projetée sur ceux-ci, des effets ou des formes particulières, fantastiques, sur les illustrations créées, allant d'une simple façon de décor à l'amplification ou déformation graphique de la représentation fictionnelle. Tracés digitaux sur le sable, pluie de gouttelettes de gouache blanche, ou encore douces griffures de brosses sur l'huile chamarrée, alimentent ainsi nos imaginations de fulgurances fantasmagoriques.

Les talents de nos deux plasticiens sont aussi dans la virtuose maîtrise des différentes pratiques de dessin et dans le choix de l'incroyable variété des matières - solides ou liquides -, des textures, des peintures, des poudres (sables) qu'ils mettent en action, qu'ils détournent, qu'ils déforment, distillent pour concevoir des tableaux, des compositions, des silhouettes, des miniatures, des cartographies spatiales, des paysages, habillés parfois d'arabesques, aux teintes pastel, nées de l'isatis fleurissant, ou aux vernis psychédéliques, mais tous incroyablement, étonnamment expressifs.

Enfin, dans un arc-en-ciel musical permanent, l'homme-orchestre qu'est également Jean-Baptiste Maillet instille des ambiances sonores à l'aide de plusieurs instruments (synthés, guitares, etc.) mais aussi en usant de samples numérisés et de musiques préenregistrées aux accents plus cinématographiques.

Bref, tout concourt à créer un spectacle merveilleux et enchanteur… C'est de la féerie à l'état pur !

"Stellaire"

© Stereoptik.
© Stereoptik.
Une histoire d'amour sur l'expansion de l'univers.
De et par : Romain Bermond & Jean-Baptiste Maillet.
Collaboration scientifique : Pratika Dayal & Anupam Mazumdar, University of Groningen.
Avec la participation filmée de Randiane Naly et Clément Métayer.
Durée : 1 h.
À partir de 9 ans, tout public.
Production : Stereoptik.
Création au Théâtre de la Ville - Espace Cardin.

Du 29 octobre au 9 novembre 2019.
Mardi 29 et jeudi 31 octobre à 19 h 30, mercredi 30 octobre à 15 h, samedi 2, jeudi 7 et vendredi 8 novembre à 19 h 30, mardi 5 et jeudi 7 novembre à 14 h 30, dimanche 3, mercredi 6 et samedi 9 novembre à 15 h.
Théâtre de la Ville "hors les murs" - Espace Cardin, Paris 8e, 01 42 74 22 77.
>> theatredelaville-paris.com

Tournée 2019/2020

© Stereoptik.
© Stereoptik.
29 novembre au 1er décembre 2019 : Festival AmStramGram, Genève (Suisse).
12 au 20 décembre 2019 : Théâtre Olympia - CDN, Tours (37).
14 janvier 2020 : Théâtre Jean Lurçat - Scène nationale, Aubusson (23).
23 au 25 janvier 2020 : Le Trident - Scène nationale, Cherbourg-en-Cotentin (50).
7 au 11 février 2020 : Maison de la Culture, Bourges (18).
16 février 2020 : Théâtre des 4 Saisons, Gradignan (33).
18 février 2020 : L'Agora - Pôle national cirque, Boulazac (24).
12 au 14 mars 2020 : Le Quai - CDN, Angers (49).
23 et 24 mars 2020 : Le Tandem - Scène nationale, Douai (59).
31 mars au 5 avril 2020 : La Criée - Théâtre national, Marseille (13).
21 avril 2020 : L'Agora, Évry (91).
18 au 20 mai 2020 : Le Parvis - Scène nationale Tarbes Pyrénées, Ibos (65).

Gil Chauveau
Mardi 5 Novembre 2019

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À découvrir

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023