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RV du Jour

"Comment va le monde ?" de Marc Favreau, mise en scène de Michel Bruzat, avec Marie Thomas

Captation intégrale Proposée par RBD Productions, le Théâtre de la Passerelle (Limoges) et le Théâtre Les Déchargeurs (Paris), "Comment va le monde ?" a été filmé en 2017 dans ce théâtre parisien. Il s'agit d'une création de Marie Thomas permettant de découvrir les textes et de rendre hommage à Sol, le clown clochard imaginé et interprété pendant plus de quarante ans par le québécois Marc Favreau (1929-2005).



© DR.
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Parce qu'il a toujours eu envie de protéger la terre, Sol, pétrisseur, jongleur de mots, à la diatribe philosophique et humoristique, s'évade. Lui, il n'a rien, ce clown naïf nous fait partager sa vision du monde, il joue avec les maux/mots de la terre. La grande force de Sol, c'est de n'être rien, ça lui permet de jouer à être tout. Simplicité, liberté, folie, note bleue mélancolique dans les yeux.

"On est tous Sol seul au fond de soi et qu'il est le pôvre petit moi de chacun. Il se décarcasse pour que la vérité éclate. Il n'a pas d'amis, rien que des mots, il débouche sur la poésie pure. Liberté.

"Il est le plus petit commun dénominateur, c'est-à-dire qu'il a en lui, quelque chose de chacun de nous. Tout le monde finit par se reconnaître en lui. Pourquoi ? Un exemple de qualité, sans emphase, sans ostentation, avec humilité. Il insuffle au langage une énergie. Poète philosophe, médecin de l'esprit, menuisier, jardinier, autodidacte. Dans une époque secouée par toutes sortes de crises, cultivé, il transcende avec un grand éclat de rire. As du cœur, poète, rêveur, il rejoint le clown et l'Auguste. On s'enrichit à son contact. Enfant, il va jusqu'à l'absurde et dissèque ce petit peuple de tous les jours. Ce n'est pas une mise en accusation mais un constat témoin, malin. Il pose les questions, soulève des interrogations. Il est plus que jamais nécessaire de faire entendre les mots de ce clown/clochard, humaniste, qui nous parle de l'état de la planète, de la consommation.

"Et Marie Thomas lève la tête comme si le ciel lui parlait. Elle ne ressemble à personne, c'est fou comme j'aime. J'aime sa gaieté et sa mélancolie, ce vide et ce plein en elle. Un clochard aux traits d'un clown triste s'en va faire son "parcours" au milieu des mots. Il recrée tout un langage qui distrait le quotidien de sa banalité. Il dissèque la société et ses multiples aveuglements. Un marginal qui découvre le monde et le recompose avec humour. Tout est tourné en dérision avec délicatesse." Michel Bruzat, metteur en scène.


© DR.
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"Comment va le monde ?"
Textes : Sol (Marc Favreau).
Mise en scène, scénographie : Michel Bruzat.
Avec : Marie Thomas.
Création lumière : Franck Roncière.
Costumes : Dolores Alvez Bruzat.
Durée : 1 h 10.

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Les livres-disques Camino Verde sont en vente :
sur le site >> caminoverde.com

>> Lire l'article "Camino Verde capture à nouveau le spectacle vivant".

Gil Chauveau
Jeudi 26 Mars 2020

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© Jean-François Delon.
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Brigitte Corrigou
06/03/2024
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Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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Bruno Fougniès
15/10/2023