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Nomination de Frédérique Payn à la direction de Malraux, scène nationale Chambéry Savoie  06/04/2023

Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, en plein accord avec Thierry Repentin, maire de Chambéry, Philippe Gamen, président de Grand Chambéry, Hervé Gaymard, président du conseil départemental de Savoie, Laurent Wauquiez, président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, et Serge Fitoussi, président de l'association, donne son agrément à la nomination de Frédérique Payn à la direction de Malraux, scène nationale Chambéry Savoie, sur la proposition unanime du jury réuni le 2 mars 2023.

Productrice et consultante pour des projets et compagnies sur l'ensemble du champ du spectacle vivant, Frédérique Payn a été directrice adjointe en charge des productions et de la programmation au Centre dramatique national Théâtre de Lorient de 2016 à 2021. Elle a assuré la direction par intérim de l'Office national de diffusion artistique (ONDA) durant la période de changement de direction de mars à juillet 2022.

Frédérique Payn propose un projet qui s'inscrit dans l'évolution initiée par Marie-Pia Bureau pour Malraux, scène nationale. Intitulé "Demain avec…", il est construit sur trois valeurs transversales : la générosité à l'égard des artistes, des publics et des partenaires, l'ouverture aussi bien à l'échelle du territoire que vers le reste du monde, et l'attention à la jeunesse et aux territoires ultra-marins.

La présence permanente d'artistes, de toutes disciplines, choisis notamment pour leur engagement en matière de démocratisation culturelle et de médiation, irriguera toutes les dimensions du projet, selon des collaborations collectives et thématisées : "écoute, musiques vivantes et arts sonores" avec Noémie Boutin, Anne-Julie Rollet et Anne-Laure Pigache des Harmoniques du néon, Léo Margue et Timothée Quost ; "mouvement, corps et matière" avec Nathalie Béasse et Métilde Weyergans et Samuel Hercule de La Cordonnerie ; et "récits et territoires" avec Véronique Kanor et Antoine Cegarra.

Un festival pluridisciplinaire sur l'adolescence, conçu par et pour des adolescents, verra le jour, pour inviter les jeunes générations à investir les espaces de la scène nationale, à imaginer et rêver demain, pour se forger une pratique autonome d'expression, de pensée et de découvertes culturelles hors du cadre scolaire.

La programmation, associant étroitement les artistes et construite de façon partenariale et décentralisée, favorisera des formes itinérantes, en complicité notamment avec le Dôme à Albertville, ainsi que les communautés de communes et petits villages des espaces ruraux et montagneux, sur l'ensemble du territoire départemental. La Base, tiers-lieu au sein de la scène nationale, sera pleinement associée aux activités de Malraux, pour une symbiose féconde, une présence artistique autant que citoyenne démultipliée.

Enfin, le projet de Frédérique Payn se veut écoresponsable, s'engageant notamment au ralentissement des rythmes de production des œuvres, mais aussi à des coopérations actives pour allonger les tournées de spectacles.

Frédérique Payn succède à Marie-Pia Bureau dont la ministre tient à saluer le projet innovant et singulier déployé pour Malraux, scène nationale. La ministre remercie Vincent Schmitt pour avoir assuré l'intérim de direction depuis septembre 2022.
La Rédaction

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
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Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024