La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Pitchouns

Un chat botté qui "dé-cape" !

C’est un spectacle bourré d’humour où se côtoient une princesse un peu cruche, un meunier simplet et une redoutable ogresse dans le rôle du méchant. C’est en ce moment au Lucernaire. Emmenez-y vos pitchouns voir ce "Chat botté" habillé en super héros, parce qu’il "dé-cape" !



© Ana Diez.
© Ana Diez.
Dans son costume sorti tout droit d’un héros de "comic book", ce chat botté est tout sauf classique. Mais si l’histoire a été modernisée, on y retrouve bien l’esprit et la morale de Perrault où ce chat rusé fait l’apologie de la tricherie. Quoi de plus actuel que ces thèmes au milieu de ces grands qui nous gouvernent ? C’est ainsi qu’on y rencontre une chatte bottée (oui messieurs !) masquée, une sorte de super héroïne dont la mission est de rendre Tom, le fils du meunier, riche et heureux. Pour cela, Charlotte Popon, formidable (en alternance avec Amélie Saimpont) dans le rôle éponyme, doit mettre en œuvre maintes stratégies afin de conquérir la princesse. Ce personnage est aussi un retour aux sources revigorant, une sorte de "deus ex machina" qui tire les ficelles d’un théâtre des temps modernes.

Cette histoire revisitée est aussi malicieuse que sa scénographie maligne : des pans de bois peints amovibles se transforment tour à tour en moulin de campagne, en fleuve ou en antre de l’ogresse. Le beau travail de Mathieu Courtaillier sur la lumière va dans le sens du spectacle, le trait un poil forcé (mais juste), coloré et plein d’humour.
Et tout le spectacle est ponctué de chansons drôles (CD en vente à la sortie), chantées par les comédiens. Elles plaisent énormément aux enfants et rythment le spectacle.

© Ana Diez.
© Ana Diez.
Si les comédiens font beaucoup rire les petits, les quelques piques concernant l’actualité pimentent à souhait ce spectacle tout public. Tout le monde y trouve donc son compte. Et on notera notamment le costume très ambivalent de l’ogresse, mi homme mi femme. Belle réflexion menée par la Cie Le théâtre aux étoiles sur la question du "monstre" d'ailleurs souvent représenté chez les Grecs avec cette ambivalence.

Mais ce qui séduit peut-être le plus les enfants est que ce spectacle est participatif. Ils sont sollicités : ils doivent retrouver un indice qui se cache sous un des sièges de la salle ; ou alors endossent le rôle des paysans et doivent crier à la princesse que ces terres appartiennent au marquis de Carabas. Mais chut, ne le dites pas aux enfants, ce sera la surprise…

Enfin, mention spéciale aux acteurs qui à la fin du spectacle font l’effort de venir voir les enfants en costume pour leur parler et signer des affiches. Une façon de prolonger encore un peu ce joli moment de Théâtre.

"Le Chat botté"

© Ana Diez.
© Ana Diez.
D’après le conte de Charles Perrault.
Adaptation : Rébecca Stella et Danielle Barthélemy.
Mise en scène : Rébecca Stella.
Avec : Caroline Marchetti en alternance avec Sarah Fuentes, Raphaël Poli en alternance avec Diego Vanhoutte, Charlotte Popon en alternance avec Amélie Saimpont.
Décors : Camille Ansquer.
Costumes : Alice Touvet.
Musiques : Pili Loop.
Lumières : Mathieu Courtaillier.
Durée : 1 h.

Du 9 septembre au 22 novembre 2015.
Mercredi, samedi et dimanche à 14 h 30.
Du mardi au dimanche à 14 h 30 durant les vacances scolaires.
Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr

Sheila Louinet assistée de Enora Lesquibe
Vendredi 2 Octobre 2015

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025







À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024