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"Le Petit Bain"… de nuages, fantômes bienfaisants offrant aux enfants la liberté de rêver

"Le Petit Bain", Théâtre Paris-Villette, Paris

C'est un cube de bulles de savon, immense, qui vibre. Qui caresse au moindre souffle, berce et recouvre de sa blancheur immaculée l'artiste sur scène avec son petit sac à dos (ça cadeau ?). Des bulles, des milliards de bulles enserrées, serrées l'une à l'autre que l'artiste découpe en blocs, déplace, porte, emporte.



Rémy Bénard © Jean-Louis Fernandez.
Rémy Bénard © Jean-Louis Fernandez.
À la fois sculpteur d'air et danseur de nuages. Comme un passeur du vent, il enfante des formes en deçà même de leur ébauche. Joue avec elles. Se joue de l'aléatoire et de l'apparence.

Bien plus qu'amusant, bien plus qu'émouvant, bien plus qu'amoussant, le spectacle de Johanny Bert et Yann Raballand fait de la légèreté un objet de théâtre. Fait ressentir le paradoxe de la forme, l'étrangeté de la pesanteur et de la cohésion de la matière et de son évanescence.

Dans "Le Petit Bain" apparaissent autant de nuages, fantômes bienfaisants et fugaces qui offrent aux enfants la liberté de rêver. Une aventure qui les conduit tout en douceur par un itinéraire du plaisir de vivre vers la représentation heureuse d'un bonhomme de rien et miraculeux. Il suffit d'entendre les cris d'émerveillement dans la salle.

Samuel Watts © Jean-Louis Fernandez.
Samuel Watts © Jean-Louis Fernandez.
Pour les parents aimants (et ils le sont tous devant ce spectacle), c'est un parcours symbolique.

Bien plus encore, les parents astrophysiciens y verront comme une métaphore de l'univers et de la masse noire, et les parents pédiatres de la naissance.

À la toute fin du spectacle tombe des cintres des bulles plus grosses. Dans le spectre de la lumière, elles miroitent. Leurs surfaces s'irisent Et dans les phénomènes de diffraction et de réfraction des étoiles doubles apparaissent. Le spectateur voit comme une théorie de "l'apparaître", comme une approche de l'univers.

Un songe.

"Le Petit Bain"

Rémy Bénard © Jean-Louis Fernandez.
Rémy Bénard © Jean-Louis Fernandez.
Écriture collective.
Conception : Johanny Bert.
Mise en scène : Johanny Bert.
Collaboration artistique : Yan Raballan.
Interprète : Samuel Watts, en alternance avec Rémy Bénard.
Création lumière et régie générale : Gilles Richard.
Création sonore et régie : Simon Muller.
Régisseur : Bertrand Pallier.
Plasticienne : Judith Dubois.
Costumes : Pétronille Salomé.
Scénographie : Aurélie Thomas.
Construction décor : Fabrice Coudert, assisté de Eui-Suk Cho.
Commande d'écriture du livret : Alexandra Lazarescou, Marie Nimier, Thomas Gornet.
Dès 2 ans.
Durée : 30 minutes.

Du 6 au 23 avril 2017.
Mardi au vendredi à 10 h 30, samedi 22 à 17 h, dimanche à 11 h
Théâtre Paris-Villette, Grande Salle, Paris 19e, 01 40 03 72 23.
>> theatre-paris-villette.fr

Tournée
17 mai 2017 (9 h 15, 10 h 45 et 14 h 30) : Centre Culturel Jean-Houdremon, La Courneuve (93).
19 mai 2017 (10 h et 15 h 30) et 20 mai 2017 (16 h) : Pierrefitte-sur-Seine (93).

Jean Grapin
Lundi 10 Avril 2017

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

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"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
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"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023