La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Pitchouns

"Harry, l'Empoté" Un spectacle de magie où vous pourriez bien enfin comprendre comment "cela" fonctionne !

Vous êtes fan de Poudlard ? Ou, au contraire, vous en avez assez entendu parler ? Eh bien, allez vite assister au spectacle de magie d'Harry l'Empoté, le seul et unique magicien diplômé de l'école de Poularde en ce moment en vacances à Paris pour les congés d'hiver. Vous voyagerez dans son univers mystérieux et interactif sans voir le temps passer. Humour et rires aux éclats garantis.



© DR.
© DR.
C'est le comédien et magicien Jean-Luc Bétron qui se cache derrière ce clown chaleureux et fort sympathique qui fait le choix aussi d'insuffler aux oreilles des petits comme des grands quelques révélations savoureusement enthousiasmantes.

Jean-Luc Bétron fait de la magie depuis qu'il est tout petit et son spectacle commence d'ailleurs par le tour qu'il faisait déjà dans son enfance. Certes, la pratique de la magie représente beaucoup de travail et de recommencements incessants.

Mais son but n'est-il pas le seul et unique plaisir du public, enfants et adultes confondus ? C'est ce à quoi parvient remarquablement bien notre Harry qui n'a rien mais rien du tout d'empoté… Loin de là !

Et puis, surtout, notre clown-magicien érudit surfe avec talent sur l'interaction plutôt nécessaire à cette pratique si l'on veut vraiment donner vie et faire vibrer encore plus les émotions qu'elle suscite. Les enfants montent sur scène dans une ambiance festive où l'inexplicable est à portée de leurs mains et leurs yeux ébahis sont un gage de partage réussi.

© Francois Loock.
© Francois Loock.
De ce spectacle dans lequel les propositions de transmissions sur certains tours sont reçues par le public sous le couvert de la confidence, on sort conquis et ravis. Les tours de magie très professionnels de Jean-Luc Bétron, au service de la fête, du partage et de la famille, se déroulent en continu dans un premier temps puis le magicien les explique au public non sans proposer aux enfants de les refaire à la maison.

On passe 45 minutes bien trop courtes au cours desquelles on ne vise pas la recherche du rationnel. Ce n'est guère une priorité. Les plus jeunes s'émerveillent et les plus âgés aussi. On se laisse prendre aux pièges de certaines illusions avant de comprendre vers la fin du spectacle comment cela fonctionne.

Mais cela n'enlève en rien au plaisir que l'on prend à se laisser bercer par une bien jolie prestation menée avec brio par un Harry aux doigts d'or.

"Harry, l'Empoté"

© Francois Loock.
© Francois Loock.
Spectacle pour enfants.
Auteur : Jean-Luc Bétron.
Mise en scène de l'auteur.
Avec : Jean-Luc Bétron.
Durée : 60 minutes.

Du 20 février au 4 mars 2022.
Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et dimanche à 15 h
sauf les 20 et 27 février à 14 h.
Théâtre du Gymnase Marie Bell, Salle du Petit Gymnase, Paris 10e,
01 42 46 79 79.
>> theatredugymnase.paris

Brigitte Corrigou
Mercredi 23 Février 2022

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022







À découvrir

"Othello" Iago et Othello… le vice et la vertu, deux maux qui vont très bien ensemble

Réécrit dans sa version française par Jean-Michel Déprats, le texte de William Shakespeare devient ici matière contemporaine explorant à l'envi les arcanes des comportements humains. Quant à la mise en jeu proposée par Jean-François Sivadier, elle restitue - "à la lettre" près - l'esprit de cette pièce crépusculaire livrant le Maure de Venise à la perfidie poussée jusqu'à son point d'incandescence de l'intrigant Iago, incarné par un Nicolas Bouchaud à la hauteur de sa réputation donnant la réplique à un magnifique Adama Diop débordant de vitalité.

© Jean-Louis Fernandez.
Un décor sombre pouvant faire penser à d'immenses mâchoires mobiles propres à avaler les personnages crée la fantasmagorie de cette intrigue lumineuse. En effet, très vite, on s'aperçoit que l'enjeu de cet affrontement "à mots couverts" ne se trouve pas dans quelque menace guerrière menaçant Chypre que le Maure de Venise, en tant que général des armées, serait censé défendre… Ceci n'est que "pré-texte". L'intérêt se noue ailleurs, autour des agissements de Iago, ce maître ès-fourberies qui n'aura de cesse de détruire méthodiquement tous celles et ceux qui lui vouent (pourtant) une fidélité sans faille…

L'humour (parfois grinçant) n'est pour autant jamais absent… Ainsi lors du tableau inaugural, lorsque le Maure de Venise confie comment il s'est joué des aprioris du vieux sénateur vénitien, père de Desdémone, en lui livrant comment en sa qualité d'ancien esclave il fut racheté, allant jusqu'à s'approprier le nom d'"anthropophage" dans le même temps que sa belle "dévorait" ses paroles… Ou lorsque Iago, croisant les jambes dans un fauteuil, lunettes en main, joue avec une ironie mordante le psychanalyste du malheureux Cassio, déchu par ses soins de son poste, allongé devant lui et hurlant sa peine de s'être bagarré en état d'ébriété avec le gouverneur… Ou encore, lorsque le noble bouffon Roderigo, est ridiculisé à plates coutures par Iago tirant maléfiquement les ficelles, comme si le prétendant éconduit de Desdémone n'était plus qu'une vulgaire marionnette entre ses mains expertes.

Yves Kafka
03/03/2023
Spectacle à la Une

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
07/04/2023
Spectacle à la Une

Dans "Nos jardins Histoire(s) de France #2", la parole elle aussi pousse, bourgeonne et donne des fruits

"Nos Jardins", ce sont les jardins ouvriers, ces petits lopins de terre que certaines communes ont commencé à mettre à disposition des administrés à la fin du XIXe siècle. Le but était de fournir ainsi aux concitoyens les plus pauvres un petit bout de terre où cultiver légumes, tubercules et fruits de manière à soulager les finances de ces ménages, mais aussi de profiter des joies de la nature. "Nos Jardins", ce sont également les jardins d'agrément que les nobles, les rois puis les bourgeois firent construire autour de leurs châteaux par des jardiniers dont certains, comme André Le Nôtre, devinrent extrêmement réputés. Ce spectacle englobe ces deux visions de la terre pour développer un débat militant, social et historique.

Photo de répétition © Cie du Double.
L'argument de la pièce raconte la prochaine destruction d'un jardin ouvrier pour implanter à sa place un centre commercial. On est ici en prise directe avec l'actualité. Il y a un an, la destruction d'une partie des jardins ouvriers d'Aubervilliers pour construire des infrastructures accueillant les JO 2024 avait soulevé la colère d'une partie des habitants et l'action de défenseurs des jardins. Le jugement de relaxe de ces derniers ne date que de quelques semaines. Un sujet brûlant donc, à l'heure où chaque mètre carré de béton à la surface du globe le prive d'une goutte de vie.

Trois personnages sont impliqués dans cette tragédie sociale : deux lycéennes et un lycéen. Les deux premières forment le noyau dur de cette résistance à la destruction, le dernier est tout dévoué au modernisme, féru de mode et sans doute de fast-food, il se moque bien des légumes qui poussent sans aucune beauté à ses yeux. L'auteur Amine Adjina met ainsi en place les germes d'un débat qui va opposer les deux camps.

Bruno Fougniès
23/12/2022