La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Paroles & Musique

Coffees and Cigarettes "Freak show"… du rock, du hip et du hop !

Toujours dans sa continuité artistique et avec son deuxième LP, Renaud Druel, auteur-compositeur et interprète, puise sa source d'inspiration autant dans le cinéma que dans le hip-hop, le rock "n"roll ; et dans des instruments venus tout droit du Classique.



© DR.
© DR.
Il est seul dans la création mais toujours en duo, voire plus, dans la composition musicale et ne s'épargne aucune originalité dans son approche. Renaud Druel s'accompagne, et c'est sa marque de fabrique, de Caroline Pauvert ou Lyllou Chevalier à l'alto ou Quentin Gendrot au violoncelle.

Le cinéma ? Il s'en imprègne avec le titre du disque "Freak show" sorti tout droit du film culte américain de Tod Browning (1880-1962), "La Monstrueuse Parade" (1932, "Freaks" en version originale). Le nom même du groupe "Coffees and Cigarettes" est un clin d'œil au long métrage du réalisateur Jim Jarmush (2003). Il est aussi très présent dans certaines compositions au détour de dialogues et d'ambiances de films avec des voix comme enregistrées sur une bande-son "magnéto".

La musique, tirant autant sur les cordes, les percussions que les guitares, donne une qualité indéniable à l'album. Qualité qui s'immisce avec gourmandise aussi dans les paroles. Les textes sont bien léchés, poétiques à souhait et tirent vers un parler de rue que Gavroche n'aurait peut-être pas renié.

© DR.
© DR.
En 2014, "Coffees and cigarettes" était apparu sur la scène musicale avec "London western" et ses compositions originales. Ce premier LP, déjà très influencé par l'univers cinématographique, était assez narratif. Le second attaque directement sur les mesures, une façon de chanter qui frôle le rap, tape toujours dans le hip-hop en s'appuyant sur des instruments à cordes que l'on peut retrouver aisément dans les orchestres de musique classique. Une façon d'abandonner le narratif pour entrer dans l'action. Et le tout sonne à point. D'ailleurs, ce mélange heureux entre rock 'n' roll et hip-hop, Renaud Druel le nomme "hop 'n' roll".

La voix de Druel, assez grave, nerveuse, tape dans le rythme, traîne parfois un peu des papilles pour la rendre plus percutante. La musique est particulièrement bien charpentée. Nous sommes au carrefour, crossroad comme diraient nos amis bluesmen, d'instruments à cordes et de percussions très présentes. Ce décalage instrumental donne une fraîcheur à l'album qui aiguise l'écoute. Quelques accords d'harmonica et des riffs de guitare rappellent que le rock, avec sa sœur aînée le blues, n'est jamais très loin.

Ça accroche agréablement à l'oreille avec des tonalités, du bruitage, un son et des débuts de chanson originaux qui bousculent le tempo souvent soutenu, parfois reposant grâce à l'alto, avec des percussions un brin répétitives. L'album semble être une série de compositions qui se prennent par les croches et que l'on aimerait pour rien au monde abandonner.

● Coffees and Cigarettes "Freak show"
Label : Whitechapel - Tekini Records.
Distribution : Absilone.
Sortie : 20 octobre 2017.
Paroles et musiques : Renaud Druel.

Tournée

9 mars 2018 : Café citoyen "Altérez-vous", Louvain-La-Neuve (Belgique).
14 mars 2018 : La Fabryk, Lyon 8e (69).
15 mars 2018 : Cabaret Pop, Gap (05).
16 mars 2018 : Vinyle café, Vernoux-en-Vivarais (07).
24 mars 2018 : Le Gaudina, Bourges (18).
30 mars 2018 : Les Bains Douches, Lignières (18).
20 avril 2018 : Pub Le Bacchus, Chateau-Thierry (02).
21 avril 2018 : Le Miam's, Tours (37).
4 mai 2018 : La Tavern, Saint-Brisson (45).
5 mai 2018 : Festival il était une fois un chapiteau, Chinon (37).
11 mai 2018 : Le Zygo Bar, Nantes (44).
19 mai 2018 : Le Papier Buvard, Soulvache (44).
23 juin 2018 : Festival de l'escargot, Loché-sur-Indrois (37).
29 juin 2018 : Festival Indus – Outdoor, Saint-Julien-de-Civry (71).
20 juillet 2018 : Esvres-sur-Indre (37).
21 juillet 2018 : Festival Lurais'tival, Lurais (37).

Safidin Alouache
Lundi 26 Février 2018

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023







À découvrir

"Othello" Iago et Othello… le vice et la vertu, deux maux qui vont très bien ensemble

Réécrit dans sa version française par Jean-Michel Déprats, le texte de William Shakespeare devient ici matière contemporaine explorant à l'envi les arcanes des comportements humains. Quant à la mise en jeu proposée par Jean-François Sivadier, elle restitue - "à la lettre" près - l'esprit de cette pièce crépusculaire livrant le Maure de Venise à la perfidie poussée jusqu'à son point d'incandescence de l'intrigant Iago, incarné par un Nicolas Bouchaud à la hauteur de sa réputation donnant la réplique à un magnifique Adama Diop débordant de vitalité.

© Jean-Louis Fernandez.
Un décor sombre pouvant faire penser à d'immenses mâchoires mobiles propres à avaler les personnages crée la fantasmagorie de cette intrigue lumineuse. En effet, très vite, on s'aperçoit que l'enjeu de cet affrontement "à mots couverts" ne se trouve pas dans quelque menace guerrière menaçant Chypre que le Maure de Venise, en tant que général des armées, serait censé défendre… Ceci n'est que "pré-texte". L'intérêt se noue ailleurs, autour des agissements de Iago, ce maître ès-fourberies qui n'aura de cesse de détruire méthodiquement tous celles et ceux qui lui vouent (pourtant) une fidélité sans faille…

L'humour (parfois grinçant) n'est pour autant jamais absent… Ainsi lors du tableau inaugural, lorsque le Maure de Venise confie comment il s'est joué des aprioris du vieux sénateur vénitien, père de Desdémone, en lui livrant comment en sa qualité d'ancien esclave il fut racheté, allant jusqu'à s'approprier le nom d'"anthropophage" dans le même temps que sa belle "dévorait" ses paroles… Ou lorsque Iago, croisant les jambes dans un fauteuil, lunettes en main, joue avec une ironie mordante le psychanalyste du malheureux Cassio, déchu par ses soins de son poste, allongé devant lui et hurlant sa peine de s'être bagarré en état d'ébriété avec le gouverneur… Ou encore, lorsque le noble bouffon Roderigo, est ridiculisé à plates coutures par Iago tirant maléfiquement les ficelles, comme si le prétendant éconduit de Desdémone n'était plus qu'une vulgaire marionnette entre ses mains expertes.

Yves Kafka
03/03/2023
Spectacle à la Une

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
07/04/2023
Spectacle à la Une

Dans "Nos jardins Histoire(s) de France #2", la parole elle aussi pousse, bourgeonne et donne des fruits

"Nos Jardins", ce sont les jardins ouvriers, ces petits lopins de terre que certaines communes ont commencé à mettre à disposition des administrés à la fin du XIXe siècle. Le but était de fournir ainsi aux concitoyens les plus pauvres un petit bout de terre où cultiver légumes, tubercules et fruits de manière à soulager les finances de ces ménages, mais aussi de profiter des joies de la nature. "Nos Jardins", ce sont également les jardins d'agrément que les nobles, les rois puis les bourgeois firent construire autour de leurs châteaux par des jardiniers dont certains, comme André Le Nôtre, devinrent extrêmement réputés. Ce spectacle englobe ces deux visions de la terre pour développer un débat militant, social et historique.

Photo de répétition © Cie du Double.
L'argument de la pièce raconte la prochaine destruction d'un jardin ouvrier pour implanter à sa place un centre commercial. On est ici en prise directe avec l'actualité. Il y a un an, la destruction d'une partie des jardins ouvriers d'Aubervilliers pour construire des infrastructures accueillant les JO 2024 avait soulevé la colère d'une partie des habitants et l'action de défenseurs des jardins. Le jugement de relaxe de ces derniers ne date que de quelques semaines. Un sujet brûlant donc, à l'heure où chaque mètre carré de béton à la surface du globe le prive d'une goutte de vie.

Trois personnages sont impliqués dans cette tragédie sociale : deux lycéennes et un lycéen. Les deux premières forment le noyau dur de cette résistance à la destruction, le dernier est tout dévoué au modernisme, féru de mode et sans doute de fast-food, il se moque bien des légumes qui poussent sans aucune beauté à ses yeux. L'auteur Amine Adjina met ainsi en place les germes d'un débat qui va opposer les deux camps.

Bruno Fougniès
23/12/2022