Créée en 1992, "Célimène et le Cardinal" est l'histoire des retrouvailles entre Alceste (Robert Plagnol), religieux jaloux de son statut et de son pouvoir, et Célimène (Amélie Gonin) qui mène la vie de mère de quatre enfants avec des infidélités assumées.
Nous sommes dans un face à face constant sauf à deux moments, le premier à l'entame du spectacle où elle est seule et le second quand notre religieux se retrouve esseulé, épris d'une colère contenue et d'un désir refoulé, lui qui était amoureux d'elle vingt ans avant. La vie sacerdotale d'un cardinal a ses contraintes face à la chair. Ce sont des instants qui savent s'habiller, pour le premier, d'un soliloque et pour le second, de silence afin de faire oublier le verbe en mettant, dans les deux cas, le personnage face à lui-même.
Jacques Rampal (1944-2015) a écrit la pièce en alexandrin, telle une suite du "Misanthrope" (1666) de Molière. La mise en scène de Frédérique Lazarini laisse voir deux personnages, oscillant entre l'ironie de Célimène et parfois la colère d'Alceste. Pour celui-ci, tout est refoulement, incarné dans son maintien ferme et droit, la voix tendue et un peu étouffée. L'extérieur est rongé par l'intérieur quand il déclare son amour, lui qui a rêvé d'elle depuis trois mois, comme il l'avoue, et qui revient la voir vingt ans après, à l'étonnement de celle-ci. Son attitude extérieure est le reflet opposé de ses sentiments intérieurs, à la fois refoulés et en tension perpétuelle qui se nourrit un moment d'une pulsion inquisitrice.
Nous sommes dans un face à face constant sauf à deux moments, le premier à l'entame du spectacle où elle est seule et le second quand notre religieux se retrouve esseulé, épris d'une colère contenue et d'un désir refoulé, lui qui était amoureux d'elle vingt ans avant. La vie sacerdotale d'un cardinal a ses contraintes face à la chair. Ce sont des instants qui savent s'habiller, pour le premier, d'un soliloque et pour le second, de silence afin de faire oublier le verbe en mettant, dans les deux cas, le personnage face à lui-même.
Jacques Rampal (1944-2015) a écrit la pièce en alexandrin, telle une suite du "Misanthrope" (1666) de Molière. La mise en scène de Frédérique Lazarini laisse voir deux personnages, oscillant entre l'ironie de Célimène et parfois la colère d'Alceste. Pour celui-ci, tout est refoulement, incarné dans son maintien ferme et droit, la voix tendue et un peu étouffée. L'extérieur est rongé par l'intérieur quand il déclare son amour, lui qui a rêvé d'elle depuis trois mois, comme il l'avoue, et qui revient la voir vingt ans après, à l'étonnement de celle-ci. Son attitude extérieure est le reflet opposé de ses sentiments intérieurs, à la fois refoulés et en tension perpétuelle qui se nourrit un moment d'une pulsion inquisitrice.
Nous sommes ainsi dans un face-à-face parfois vif et souvent physique. Parole contre parole, désir refoulé contre mise à distance s'échelonnent tout au long de la pièce, rythmée par une domination physique d'Alceste qui s'exerce de temps en temps sur Célimène alors que celle-ci a un ascendant sur lui d'ordre psychologique. Elle tient encore les cordons de son cœur sans en abuser.
Le désir, mal contenu, d'Alceste rejaillit parfois dans son comportement et ses propos. Il utilise occasionnellement la puissance de son rang, celle de l'église dont il se fait un ambassadeur bien zélé, quand Célimène est dans un rapport plus subtil pour contrecarrer son emprise sociale et hiérarchique, l'église étant à cette époque une mère intraitable et omniprésente. L'un se retient, arc-bouté sur ses ergots religieux, quand l'autre est ouverte à la vie en société avec ses soubresauts infidèles en direction de Philinte.
Elle ne montre aucun amour ni désamour. Tout se joue sur ce qui ne se dit pas. Le masque du cardinal tombe par intermittence, son désir hiberné depuis vingt ans perçant à quelques reprises sous ses habits religieux et plus ouvertement dans une déclaration d'amour.
Le désir, mal contenu, d'Alceste rejaillit parfois dans son comportement et ses propos. Il utilise occasionnellement la puissance de son rang, celle de l'église dont il se fait un ambassadeur bien zélé, quand Célimène est dans un rapport plus subtil pour contrecarrer son emprise sociale et hiérarchique, l'église étant à cette époque une mère intraitable et omniprésente. L'un se retient, arc-bouté sur ses ergots religieux, quand l'autre est ouverte à la vie en société avec ses soubresauts infidèles en direction de Philinte.
Elle ne montre aucun amour ni désamour. Tout se joue sur ce qui ne se dit pas. Le masque du cardinal tombe par intermittence, son désir hiberné depuis vingt ans perçant à quelques reprises sous ses habits religieux et plus ouvertement dans une déclaration d'amour.
La scénographie est habillée de rouge et de noir avec les couleurs stendhaliennes en étendard de la passion, toujours aussi vive chez Alceste, et de la mort d'une relation amoureuse, devenue finissante et vaine malgré lui. Des traits d'humour apparaissent à plusieurs reprises, contrebalancés par une colère. Durant cette scène, la tension est un peu trop forte, mettant ainsi la relation entre nos deux personnages dans un périmètre de jeu beaucoup plus frontal et desservant quelque peu le dit par rapport aux non-dits des autres scènes.
Il est habillé d'une redingote de couleur noire qui l'enserre, quand notre dame est dans un corset violet. Lui sent le renfermement quand elle incarne légèreté et ouverture. Toutes ces années ont passé, mais les caractères sont restés. Alceste est très droit, presque tendu de bout en bout, le débit un peu saccadé. Tout semble être retenu chez lui quand elle arbore, elle, une attitude à la fois fluide et gracieuse. Sans se démonter, elle est en tenaille entre l'attitude inquisitrice du cardinal et le désir encore vif qu'il éprouve. Il a un visage à la Janus avec deux versants qui cohabitent dans une bataille autant psychologique que sociale entre ordre et liberté, religion et amour, contrainte et désir, puissance et dépendance.
Il est habillé d'une redingote de couleur noire qui l'enserre, quand notre dame est dans un corset violet. Lui sent le renfermement quand elle incarne légèreté et ouverture. Toutes ces années ont passé, mais les caractères sont restés. Alceste est très droit, presque tendu de bout en bout, le débit un peu saccadé. Tout semble être retenu chez lui quand elle arbore, elle, une attitude à la fois fluide et gracieuse. Sans se démonter, elle est en tenaille entre l'attitude inquisitrice du cardinal et le désir encore vif qu'il éprouve. Il a un visage à la Janus avec deux versants qui cohabitent dans une bataille autant psychologique que sociale entre ordre et liberté, religion et amour, contrainte et désir, puissance et dépendance.
La redingote cache mal, à dessein, le désir de notre homme. Les alexandrins le rappellent pour montrer que ses premiers soupirs amoureux dans la pièce de Molière se nourrissent encore et toujours d’un manque dans celle de Jacques Rampal. À croire que le désir n’est pas aussi élastique comme le rappelait Freud (1856-1939) car il y a de l’amour et que l’écriture de l’auteur, la mise en scène de Frédérique Lazarini et le jeu des comédiens le font durer avec élégance.
◙ Safidin Alouache
◙ Safidin Alouache
"Célimène et le Cardinal"
Texte : Jacques Rampal.
Mise en scène : Frédérique Lazarini.
Avec : Amélie Gonin et Robert Plagnol.
Scénographie : Brigitte Veyne.
Costumes : Nathalie Prats.
Lumières : Didier Brun.
Musique : Thomas Briant.
Production Andrew, Robert, Gilles et les autres…
Durée : 1 h 10.
Du 3 septembre au 7 décembre 2025.
Du mercredi au samedi à 21 h, dimanche à 18 h.
Le Lucernaire, Théâtre rouge, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e.
Téléphone : 01 45 44 57 34.
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Texte : Jacques Rampal.
Mise en scène : Frédérique Lazarini.
Avec : Amélie Gonin et Robert Plagnol.
Scénographie : Brigitte Veyne.
Costumes : Nathalie Prats.
Lumières : Didier Brun.
Musique : Thomas Briant.
Production Andrew, Robert, Gilles et les autres…
Durée : 1 h 10.
Du 3 septembre au 7 décembre 2025.
Du mercredi au samedi à 21 h, dimanche à 18 h.
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