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Paroles & Musique

C'était au temps où Bruxelles rêvait... du Grand Jacques

C'est à Bruxelles en toute logique que débute cette biographie musicale imaginée avec beaucoup de talent et d'intelligence par Jacques Pessis. Bruxelles... Là où tout commence, les rêves, les chansons... et le destin hors du commun de ce grand artiste, poète passionné et libre, que fût - qu'est toujours - Brel. De Bruxelles aux Marquises, du "marchand de cartons" au marchand de chansons, comment suivre, le temps d'un spectacle, la trajectoire d'un homme qui vécut chaque instant avec l'intensité de la "dernière cigarette"... sans cesse renouvelée... jusqu'au la dernière !



Aurélien Noël, Jacques Pessis et Nathalie Lhermitte. © Alfred Perrin.
Aurélien Noël, Jacques Pessis et Nathalie Lhermitte. © Alfred Perrin.
C'est là l'excellente idée de Jacques Pessis qui va reprendre le même principe de biographie musicale qu'il lui valut un vrai succès international avec "Piaf, une vie en rose et noir". À travers l'histoire d'une petite employé provinciale découvrant la ville et les chansons du Grand Jacques grâce à son employeur, Jacques Pessis va nous faire partager sa passion et son verbe encyclopédique en narrant avec ferveur la vie du poète, narration entrecoupée de quatorze chansons de Brel. L'interprète ? On ne change pas une équipe qui gagne et Nathalie Lhermitte - une voix d'exception à la diction mélodieuse - est de nouveau au côté de Pessis (après son interprétation remarquable de Piaf), donnant une féminité particulière et des reflets nouveaux aux titres choisis : La quête, Le plat pays, Quand on n'a que l'amour, Les Flamandes, La chanson des vieux amants, Madeleine, etc.

© Alfred Perrin
© Alfred Perrin
Accompagné par l'accordéoniste et arrangeur Aurélien Noël (un magicien des sons), elle prend à bras-le-corps les chansons, mettant beaucoup d'intensité et de musicalité dans ses interprétations. L'ensemble est fluide et les échanges, tintés de beaucoup d'humour, entre Jacques Pessis, Nathalie Lhermitte et Aurélien Noël, laissent entrevoir une sincère connivence entre eux et un plaisir non dissimulé de nous conter la vie passionnante et parfois bouleversante de Jacques Brel. On en ressort riche de connaissances et heureux de ses textes à nouveau partagés.

"Brel : de Bruxelles... aux Marquises"

© Alfred Perrin
© Alfred Perrin
(Vu le 27 octobre 2010)

Biographie musicale de Jacques Pessis.
Ecrite et racontée par Jacques Pessis.
Mise en scène : Ned Grujic.
Avec : Nathalie Lhermitte et Aurélien Noël (accordéon).

Reprise du 25 janvier au 20 mars 2011.
Du mardi au samedi à 19 h.
2e reprise du 19 avril au 4 juin 2011.
Du mardi au samedi à 20 h

Petit Théâtre du Gymnase, Paris 10e, 01 42 46 79 79.
[Après avoir été jusqu'au 31 décembre 2010 au Théâtre des Variétés, Paris 2e.]

Gil Chauveau
Jeudi 14 Avril 2011

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
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"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023