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Concerts

Concours international de piano d'Orléans… lauréat de la modernité

Du 18 au 28 février 2016, la 12e édition du concours dédié au répertoire pianistique de 1900 à nos jours prend ses quartiers à Orléans. Sa fondatrice Françoise Thinat vient de passer le relais à une jeune musicologue passionnée de musique contemporaine, Isabella Vasilotta. Entre héritage assumé et souffle nouveau, la nouvelle directrice artistique fourmille de projets.



Imri Talgam, 1er Prix du 11e Concours international de piano d’Orléans © S. Quidet.
Imri Talgam, 1er Prix du 11e Concours international de piano d’Orléans © S. Quidet.
Depuis 1994, le Concours international de piano d'Orléans décerne seize prix à de jeunes pianistes et compositeurs particulièrement investis dans le répertoire moderne et contemporain. Cette année une quarantaine de candidats de dix-huit nationalités - dont treize Français - vont s'affronter en trois phases éliminatoires jusqu'à la grande finale du 28 février, devant un jury international présidé par le pianiste Jean-François Heisser. Dans une première étape éliminatoire, ces quarante pianistes et compositeurs venus du monde entier se retrouveront du 19 au 21 février.

Les demi-finales se tiendront du 22 au 23 car il s'agit de tenter d'accéder à l'épreuve du "récital" le 24 février où les musiciens retenus auront la joie d'interpréter une œuvre de commande. Celle-ci - morceau imposé le 24 donc - a été confiée au compositeur Philippe Hersant (ancien membre du jury) et heureusement appelée "Les Carillons d'Orléans". La finale du 28 février verra trois finalistes concourir pour le Prix Blanche Selva. Ces épreuves publiques alterneront avec des conférences et des concerts d‘anciens lauréats tels Winston Choi (lauréat 2002), Toros Can (lauréat 1998) et l'Ensemble Court-Circuit. Une exposition photographique est également prévue.

Remise des prix 2014, à l'institut © S. Quidet.
Remise des prix 2014, à l'institut © S. Quidet.
Un concert de prestige au Théâtre des Bouffes du Nord, le 14 mars 2016, permettra de découvrir les primés du concours junior "Brin d'Herbe" (à 15 h) et les autres (à 20 h 30). Ce concert n'est que le prélude à une longue collaboration entre les artistes couronnés et l'association qui organise le concours. Notons que cette 12e édition est dédiée au compositeur récemment disparu Pierre Boulez.

Que veut donc apporter la nouvelle directrice artistique Isabella Vasilotta, jeune italienne pas encore trentenaire, à ce concours reconnu dans le monde entier ? Cette jeune compositrice à ses heures (depuis ses seize ans), qui cumule les expériences tant en France qu'en Italie dans de nombreux domaines tous liés à la musique, est la plus déterminée et énergique des jeunes femmes qui soient. Et c'est le désir de transmettre qui la motive : transmettre sa passion pour la création contemporaine, pour le public, pour le piano.

Isabella Vasilotta © Jean-Baptiste Millot.
Isabella Vasilotta © Jean-Baptiste Millot.
Sa passion consiste aussi à révéler (bien-sûr en un projet artistique partagé) de nouveaux interprètes et compositeurs (1) dont les talents sont divers. "Pluralité" des écoles, des techniques pianistiques, des époques (XXe ou XXIe siècles) est le maître mot d'Isabella Vasilotta. Au riche héritage du travail accompli par Françoise Thinat, la jeune italienne (qui vit en France depuis seulement trois ans et parle un français parfait) souhaite développer les tournées non seulement en Région Centre mais aussi en Europe et en Amérique latine, de même que les partenariats - déjà existants - avec davantage de fondations et institutions pour des résidences d'artistes primés (2). Elle songe également à ouvrir le concours à l'avenir à d'autres disciplines telles la littérature, la vidéo ou la peinture. Un bel élan et une manifestation assez unique à suivre donc.

(1) Un prix est réservé à celui qui cumule ces deux casquettes.
(2) Des tournées (récitals et master-classes), des résidences et la fabrication d'un CD sont, entre autres, à gagner.

© S. Quidet.
© S. Quidet.
Du 18 février au 14 mars 2016.
Épreuves et concerts :
Informations : 02 38 62 89 22.
Conservatoire de Musique - Salle de L'Institut.
4, Place Sainte-Croix, Orléans (45).
>> oci-piano.com

Scène nationale d'Orléans, boulevard Pierre Segelle, Orléans (45).
Tél. : 02 38 62 75 30.
>> scenenationaledorleans.fr

14 mars 2016.
Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis, bd de la Chapelle, Paris 10e.
Tél. : 01 46 07 34 50.

Christine Ducq
Samedi 13 Février 2016

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Concerts | Lyrique







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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
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"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023