La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Trib'Une

Un couple presque parfait

La chronique d'Isa-belle L

C’est drôle un couple. Il en est beaucoup question en ce moment. Dans la rue justement. L’autre jour, un dimanche à paris. Sous un ciel bleu, j’ai côtoyé des couples en hiver, des couples divers. Un homme et une femme, un homme et un homme, une femme et une femme. Des couples quoi. Qui s’aiment. Avec des hauts avec des bas. Oui aux ébats, aux combats mais à bas, les débats. Cela devient pénible.



© DR.
© DR.
Ils s’aiment et il n’y a rien à dire. Ou presque.
Oui. Tiens ! Parlons-en de l’amour. À l’heure où chacun y va de son refrain, il y a quelque part dans une salle à Paris, la comédie Bastille, un couple très drôle. Un homme et une femme qui se prennent la tête. Rien d’anormal ! Quand on s’aime. Il y a des hauts et puis des bas. Débats, sur le plateau du théâtre : il y en a. Une fois n’est pas coutume, ceux-là sont irrésistibles.

Ils s’aiment et là, j’ai très envie de l’écrire.

De la Place de la Bastille à la Comédie Bastille, il y a quelques pas. Sur la place, ça se chamaille en criant, au théâtre ça se titille en chantant. Et quand vient le final, tout rendre dans l’ordre. Ou presque, évidemment.

L’amour c’est ça : des hauts, des bas. Au théâtre c’est tout cela. Ce couple presque parfait qui en impose est, du début à la fin, en totale symbiose. Un homme, une femme et de nombreux personnages incarnés avec brio.

La femme, les femmes plutôt, sont jouées par la "bellissima" Camille Bardery. Superlatif italien qui lui va bien.

Ah ! Camille. Que de belles choses ce prénom me rappelle. Un prénom qui, j’avoue, lui sied à merveille.

J’aime bien ce prénom : Camille. Il va aussi bien aux garçons qu’aux filles et me rappelle de bons moments. Je dis Camille, j’écris ton nom et je me revois comme une gamine devant toi. Toi qui chantes : "j’ai sur le bout de la langue un mot qui me brûle, un mot qui m’embrouille". Ah ! Amour, toujours. Définitivement j’aime ce prénom. Camille. Surtout chez ce garçon.

© DR.
© DR.
Et la fille maintenant. Camille Bardery. Silhouette élancée, allure stylée, port de tête assuré. Camille, comédienne chic aux talents multiples. Si j’étais une femme qui aimait les femmes, j’aimerais être son capitaine. Ses yeux brillants, inlassablement, me guideraient et je serais la plus heureuse des "women". Voilà qui est dit, Camille. Elle regarde la vie plutôt du bon côté. Cela saute aux yeux, Comédie Bastille. Elle nous embarque et nous donne en retour ce que le théâtre a offert de plus beau aux femmes : des répliques bien écrites et admirablement ciselées. Maîtrisées sur la scène avec subtilité et finesse. Camille Bardery, je dois aussi l’avouer, possède cette diction impeccable dont beaucoup d’acteurs, sortis tous droit des écrans de télé, devraient s’inspirer. Être acteur, c’est un métier. Si le couple est "presque" parfait, les comédiens sont quant à eux, entièrement pros à n’en pas douter.

De Feydeau en passant par Ribes, de Tardieu à Courteline… le public jubile. On en redemande, l’hiver est si long… Rire par les temps qui courent, ce que c’est épatant, bon sang !

Rire avec Camille Bardery, rire toujours et encore avec David Bottet.

L’homme, les hommes plutôt, sont interprétés par le "molto carino" David Bottet. Charmant en italien. Adjectif insuffisant : époustouflant, ce comédien.

Si j’étais un homme, j’aimerais être son amant d’un soir, d’un soir d’hiver. Sa voix reconnaissable entre autres gens aimables me guiderait pas à pas et je serais le plus heureux des "lovers".

Cet élan d’amour dominical et marcher pour la liberté m’ont totalement inspirée.
C’est un comédien incroyable David Bottet. Il rentre sur scène et voilà qu’on est scotché. Il n’arrête jamais, enfile les répliques avec facilité, sachant parfaitement respirer. Encore un conseil à suivre de très près. Il est un comédien remarquable d’intensité.

© DR.
© DR.
Alors que dire d’autre de ce couple presque parfait. Qu’il fait un couple parfait en vrai, puisque pas tout à fait comme on pouvait l’imaginer avant d’entrer. Il ne ressemble à aucun autre, il est unique, c’est bien en cela que ce couple est fantastique. Camille est grande et lui plus petit, ils s’en amusent, c’est délicieux à regarder.

Ils s’aiment ces deux-là et reprennent à cœur joie les plus belles répliques de théâtre, ils chantent, ils crient, se cherchent et se titillent. On s’amuse. On se reconnaît même un peu. C’est la comédie à Bastille.

On en redemande. On revient même les voir. Quand on aime, on ne compte pas.

C’est beau un couple qui se chamaille, qui claque une porte puis qui se réconcilie. C’est beau et ça peut durer toute une vie.

Éros, dieu de l’amour, a brillé un dimanche dans les rues de Paname. Admirant de loin des couples d’hommes et de femmes s’enlacer sous un ciel bleu printanier.

Éros ne le sait peut-être pas mais brillaient non loin de là, sur un plateau, deux splendides comédiens. Se donnant la réplique devant un bon public et pour la deux cent cinquantième fois, au moins.

Quel bonheur ! De donner au public comme ça.

"Quel plaisir quand on nous aime comme ça ! Quand on nous aime, quand on nous aime, comme ça."

"Un couple presque parfait"

© DR.
© DR.
Une comédie mise en scène par Anne-Jacqueline Boush et David Bottet.
D'après des textes de Ribes, Tardieu, Obaldia, Courteline et Feydeau.
Avec : Camille Bardery et David Bottet.

Du 17 janvier au 30 mars 2013.
Du mardi au samedi à 19 h 30, dimanche à 17 h.
Comédie Bastille, Paris 11e, 01 48 07 52 07.
>> comedie-bastille.com

Isabelle Lauriou
Vendredi 1 Février 2013

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024