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Concerts

L'Esprit du Piano souffle à Bordeaux en novembre

La 9e édition du festival "L'Esprit du Piano", créé en 2010 par Paul-Arnaud Péjouan, débutera le 9 novembre 2018 dans la ville de Montaigne et de Montesquieu. Réaffirmant son identité originale avec une programmation éclectique mariant le répertoire classique et les univers électro et jazz, la manifestation bordelaise met encore à l'affiche stars confirmées et belles découvertes.



Abdullah Ibrahim © DR.
Abdullah Ibrahim © DR.
L'Esprit du piano va encore souffler sur la belle métropole bordelaise cet automne. Riche de son expérience de création et de direction artistique de deux festivals incontournables du clavier, "Piano aux Jacobins" à Toulouse et "Piano en Valois" à Angoulême, Paul-Arnaud Péjouan a fondé en 2010 en partenariat avec l'Opéra national de Bordeaux (et quelques fidèles mécènes) une manifestation originale de par son identité et son ambition. Une réussite en termes d'exigence artistique et de fréquentation qui a permis à "L'Esprit du Piano" d'essaimer en région plus largement (de septembre à mai) et de s'imposer en Chine depuis sa troisième édition.

C'est qu'un festival ressemble souvent à son concepteur. L'éclectisme de "L'Esprit du Piano" reflète tant les goûts, la volonté de rendre hommage aux monstres sacrés ou de faire connaître des artistes issus d'univers musicaux variés que la curiosité d'un directeur artistique, qui est aussi plasticien sous le nom d'Axel Arno.

On se souvient de son intrigant travail des images créées à partir de la musique de Bach, édité en DVD il y a quelques années - "Métamorphose Bach" avec la complicité du pianiste Édouard Ferlet et de Maurice Salaün. Cette ouverture à des imaginaires contemporains s'inscrivant dans un héritage patrimonial irrigue tout autant le festival bordelais.

Bertrand Chamayou © DR.
Bertrand Chamayou © DR.
En cette neuvième édition, ce sont deux grands du jazz qui en seront les figures tutélaires pour deux cartes blanches. Le sud-africain Abdullah Ibrahim ouvre le festival le 9 novembre et l'immense Chick Corea le clôt ou presque le 25 novembre.

Entre temps, le public aura applaudi Bertrand Chamayou dans un récital Schumann, Saint-Saëns, Yefim Bronfman (pour une soirée consacrée à Schumann, Debussy, Schubert), l'Orchestre national de Bordeaux Aquitaine dirigé par Paul Daniel avec le pianiste Jean-Baptiste Fonlupt (Chostakovitch - Tchaïkosky), Jean-Paul Gasparian avec le Chœur de l'Opéra national de Bordeaux dirigé par Salvatore Caputo (Chopin - Dvorak) ou encore Jean-Philippe Collard le 26 novembre.

Côté jeunes talents ou découvertes, outre le récital d'Alexandre Kantorow le 18 novembre, les Français feront connaissance avec le hongrois Deszo Ranki le 19 novembre (Haydn, Brahms, Schubert) ou encore avec les ambiances électroniques du Piano 2.0 New Classical de Francesco Tristano le 10 novembre. Ils devraient également apprécier la transcription pour piano et harmonium du "Requiem" de Mozart donnée par Loïc Lafontaine et Frédéric Ledroit le 18 novembre (11 h).

Francesco Tristano © Edgars Foto.
Francesco Tristano © Edgars Foto.
Des concerts gratuits à destination des étudiants, des seniors (et tous les autres) seront offerts par Amaury Faye, Rémi Parossian, Jae-Hyuck Cho ou Paul Lay pendant toute la durée du festival dans divers lieux, telles l'Université Bordeaux Montaigne (Amphi 700) et la Salle des Fêtes du Grand Parc. Une série de rendez-vous donc, qui s'annoncent à nouveau incontournables dans cette édition 2018 de "L'Esprit du Piano" (à l'Auditorium de Bordeaux et ailleurs) à ne manquer sous aucun prétexte.

Festival "L'Esprit du Piano"
Du 9 au 26 novembre 2018.

Réservation :
Grand Théâtre de Bordeaux.
Place de la Comédie Bordeaux (33).
Tél. : 05 56 00 85 95.
>> opera-bordeaux.com

Principaux lieux :
Auditorium de Bordeaux.
9-13, cours Clemenceau, Bordeaux (33).
Salle des Fêtes du Grand Parc.
39, cours de Luze, Bordeaux (33).

>> espritdupiano.fr

Christine Ducq
Mercredi 7 Novembre 2018

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Concerts | Lyrique







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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

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Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
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"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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Bruno Fougniès
15/10/2023