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Hillbilly Rockers : ils descendent de la montagne à cheval

Un groupe de country français capable de tenir tête aux pros américains ? Ça existe. Les Hillbilly Rockers servent un country rock qui déménage, fabriqué dans les montagnes franco-suisses, mais qui sent plus la Budweiser que la raclette.



© Yannick Perrin.
© Yannick Perrin.
Lorsqu’on s’amuse à reporter sur une carte les dates des tournées européennes de la plupart des stars de la musique country américaine, on constate un curieux phénomène, comparable à celui qui fit la spécificité du nuage radioactif de Tchernobyl : la tournée contourne les frontières françaises… De Ricky Skaggs à Emmylou Harris, jusqu’au beaucoup plus rock et consensuel John Fogerty - ex-leader de Credence Clearwater Revival tout de même… -, depuis des années, le scénario est immuable : Irlande, Grande-Bretagne, Suède, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Suisse… Et retour au pays. Voire départ pour l’Australie…

Frustré, l’amateur Français, s’il veut assouvir sa soif de musique live, n’a plus qu’à patienter jusqu’aux deux grands festivals d’été - Craponne-sur-Arzon et Mirande - et, en attendant, prendre un abonnement au club de Line Dance le plus proche tout en traquant les concerts des groupes bien de chez nous, qui tentent avec plus ou moins de succès de faire oublier la mise en quarantaine. Mais, faute de feeling, d’accent convenable ou, plus prosaïquement, de véritable talent, il n’est pas toujours facile pour ces émules de Hank Williams ou des outlaws texans de faire illusion.

© Yannick Perrin.
© Yannick Perrin.
La présence dans le paysage français d’un country band aussi dynamique que les Hillbilly Rockers tient donc du petit miracle. Depuis le désormais vieillissant The Bunch, fondé dans les années quatre-vingts par l’ex-chanteur des Champions Pat Winther, on n’avait pas entendu aussi convaincant.

Créé par le batteur Franck Baudis il y un peu plus de dix ans, le groupe, porté par la voix bluffante d’Astrid Espinosa, fait ses classes dans les montagnes suisses et savoyardes, et gagne peu à peu en énergie et en assurance, pour arriver aujourd’hui à un album studio qui n’a pas à rougir de figurer dans une discothèque aux côtés des groupes américains.

Avec des reprises aussi casse-gueules que le mythique "The Devil Went Down To Georgia" du Charlie Daniels Band ou le très seventies "Sutter’s Mill" de Dan Fogelberg, les Hillbilly Rockers placent la barre très haut… et la franchissent avec une belle santé. Passant sans complexe du country rock au honkytonk, ils nous offrent en douze titres, qui sentent la bière et les éperons, un entraînant voyage du côté des grandes plaines et du dernier bar avant le désert.

© Yannick Perrin.
© Yannick Perrin.
Ils seront le 28 juillet au "Country Rendez-Vous" de Craponne-sur-Arzon. Ne les ratez surtout pas. D’abord parce qu’ils sont aussi enthousiasmants en concert qu’en studio. Ensuite parce qu’ils sont capables d’aller dans la foulée conquérir Nashville. Et qu’ils pourraient bien, ensuite, faire comme leur petits copains américains : passer au large de la France…

• The Hillbilly Rockers "Update 3.0".
Sortie : mai 2012.
19 euros, frais de port compris.
• À commander à :
Franck Bauquis, Mougny, 74270 Chilly.
hillbilly@hillbilly-rockers.com
>> hillbilly-rockers.com
>> 25e Festival de Craponne-sur-Arzon

Gérard Biard
Dimanche 22 Juillet 2012

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© Jean-François Delon.
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

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© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

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© Christel Billault.
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Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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