La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
CédéDévédé

Barcella… "Soleil"… rayonnant !

Le dernier album de Barcella est un morceau de bravoure musicale enjouée dans une période où la tristesse colle parfois un peu trop aux basques. Dans des compositions colorées, le slameur-poète récidive dans une création où la qualité n'est pas un vain mot.



C'est son quatrième album et il tient toutes ses promesses avec des compositions musicales allègres, presque enfantines comme ces comptines que l'on chantait gamin. Sauf que celles-ci ont une armature artistique très travaillée avec une musique simple et directe. Elles ont en effet une ligne mélodique avec des ruptures très franches pour certaines, où les percussions s'étagent sur plusieurs niveaux, aux tonalités plus ou moins marquées, comme un ruissellement qui accompagne le chant.

Barcella, c'est Mathieu Ladevèze, slameur, poète connu, reconnu sur la scène française avec plusieurs prix remportés par le passé dont "Champion de France de Slam 2017" et ayant travaillé, entre autres, avec Luce, Émily Loizeau, Leeroy, Aldebert, Michaël Gregorio. Ce dernier a d'ailleurs écrit "Je lève mon vers" dans cet album "Soleil" qui a tous les attributs pour l'être… ensoleillé, dans des chansons rayonnantes où le questionnement, sur notre époque, pointe parfois le bout de son nez.

Les chœurs alliés parfois à du bruitage et à des dialogues tirés de conversations, apportent un cachet autant vivant, presque sorti de la réalité, que très travaillé vocalement. Les notes courtes, les harmonies qui reviennent comme des caissons aux multiples tonalités donnent aux chants, une couleur gaie et solaire. Ils sont entraînants aussi par les couplets, une musique aux accents variés, cadencée ou mélodieuse, et un refrain toujours chantonnant.

© Michaël Boudot.
© Michaël Boudot.
Même si l'album est dans un thème joyeux, lumineux, certains titres comme "Les valses machiavelles" ou "Maman" ont un parfum autre, une tonalité différente, joués pour ceux-ci au piano comme si la nostalgie et la tendresse les accompagnaient.

Barcella mêle différents univers musicaux avec le célesta, l'ukulélé et le mellotron donnant la repartie à la basse, à la guitare et au banjo. Les instruments à cordes, à vent et les percussions se marient par petites touches. L'album est une peinture musicale où chaque mélodie apporte son reflet, son timbre dans une mosaïque où l'artiste, avec une voix discrète, légère, sans emphase, donne à l'album le cachet d'une création semblant "spontanée". C'est très efficace.

Le chant est le fer de lance d'une croisade mélodieuse où batterie, guitare et trompettes sont en ordre de marche. Tout est bien ficelé dans le cadencement des rythmes qui fluctuent suivant les chansons qui respirent un air de bonheur, d'innocence. Les compositions sont toujours dans une rythmique où la musique, parfois bousculée par des ruptures, est appuyée par des ensembles vocaux, tels ces chœurs d'enfants dans "Soleil", faisant de la mélodie un entrecroisement à plusieurs tempos.

Les paroles sont poétiques et traitent de sujets à la fois faussement anodins, de détails qui n'en sont pas et de thèmes importants. "Soleil" ou l'art de s'y dorer intelligemment… même dans son salon.

© Michaël Boudot.
© Michaël Boudot.
● Barcella "Soleil"
Label : Ulysse Maison d'Artistes.
Distribution : Sony Music.
Sortie : 30 mars 2018.

Tournée
16 mai 2018 : Les Trinitaires, Metz (57).
17 mai 2018 : Les Tranzmatten, Sélestat (67).
19 mai 2018 : Festival Algues au rythme, Arradon (56).
20 mai 2018 : Festival Pay'Ta Tong, La Ferrière (85).
23 mai 2018 : Le Métronum, Toulouse (31).
24 mai 2018 : La Baleine, Onet-le-Château (12).
25 mai 2018 : Centre Simon Signoret, Canéjan (33).
1er juin 2018 : Ninkasi Kao, Lyon (69).
17 juin 2018 : La Magnifique Society, Reims (51).

Safidin Alouache
Mercredi 18 Avril 2018

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024