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CédéDévédé

"Amours Sorcières" de Julie Lagarrigue… Se laisser envoûter par sa féminine et imaginative plume

Avec "Amours Sorcières", Julie Lagarrigue nous entraîne sur des chemins de traverses amoureux et poétiques jonchés de pierres (perles ?) rares, aux franches et revendiquées sensibilités féminines, tantôt anguleuses et piquantes, tantôt lyriques et pleines de gaieté… tantôt tristounes et un rien mélancolique, tantôt effrontées et saillantes de pointes d'humour… Avec talent, elle sait poser son écriture sur des compositions aux multiples influences brésiliennes, orientales ou hispano-arabes et occitanes… Bref, un opus ensorcelant !



© Fergusson.
© Fergusson.
Quatrième album pour cette artiste aux multiples facettes, plasticienne, art-thérapeute, comédienne et auteure compositrice, qui nous offre ce voyage poétique et musical, forgé dans le creuset d'une chanson française assumée. Enregistré en live au fin fond de la forêt du Médoc… elle y retrouve la compagnie de musiciens complices, Anthony Martin (guitares, percussions et chœurs) et Ziad Ben Youssef (oud, percussions et chœurs), oudiste au jeu pincé expert. Ces derniers étaient déjà présents sur le précédent "Fragiles, Debout" enregistré en 2017.

Julie Lagarrigue dessine un périple mêlant propositions intimistes et titres plus joyeux, souvent "chorales", des chansons "femme/féministe" dosant avec élégance gravité, fantaisie et poésie. Dès le premier texte, "Le vent du sud… qui rend fou", naissent les pensées folles pour un amour fou, passionné… éphémère ? "chéri, juste une nuit, soyons fous !", et un étrange refrain porté par un chœur façon gospel du plus bel effet.

"Le beau de la forêt" nous donne l'association de guitares brésiliennes et de l'oud - dans une reprise du thème mélodique - pour un amour (ou pas) épistolaire, fragile et sourd aux vibrations du tambour de ses insomnies. La rythmique enlevée est assurée par de fines percussions. Ambiance résolument orientale pour "Le jardin de la sorcière" suivant avec toujours l'instrument arabe à cordes pincées et les chœurs en nappes aériennes et lancinantes.

© Fergusson.
© Fergusson.
"Dis-le moi"… Guitare sèche, et apparition de profondes intonations, de "glissés" vocaux sous légère influence de la dame en noire, Barbara, tant écoutée par Julie… mais évoquée dans un phrasé vocal composé de subtiles arabesques et d'une mélopée hispano-arabe donnant une densité particulière à ces mots appelant ceux que l'on aime, les mots des amants, le sensible et vrai "je t'aime". Et toujours des chœurs envoûtants, émouvants.

Parmi les quelques autres compositions qui ont fait le bonheur de nos pavillons auriculaires, on trouve "Je parle comme je pense", oud et fines percussions, comme un aveu d'une impertinence revendiquée, d'une belle au coeur rebelle qui se nourrit d'insolence ; "Mon mec est un scientifique", sans doute la chanson la plus romantico-déconcertante, pleine de vivacité et d'humour affectueux ; "Parlons oiseau", l'occasion de prendre une cuite de tendresse et de suivre la ligne de contrebasse discrète mais élégante de Fédéric Villéga et la rythmique soutenue des maracas.

Un petit coup de cœur final pour la version solo de "Le beau de la forêt" simplement piano et voix, mettant ainsi en avant et en valeur, la délicate texture de Julie Lagarrigue, vibrato léger, aérien et fragile, exprimée par des variations et des descentes graciles dans les différentes teintes/timbres de sa voix, très agile tant dans les graves que dans les aiguës.

L'ensemble de l'opus est riche de trouvailles, dans les intros, les finales, dans les superpositions, les surimpressions vocales ou instrumentales. On se laisse guider au fil des chansons tant l'effet de surprise est garanti et renouvelé… Sans oublier, qu'en plus d'une très bonne et rigoureuse réalisation technique, celui-ci brille par la qualité et la variété des chœurs (Aline Videau, Marine Cougoul, Cécilé Arné, Emmanuel Commenges, Frédérec Serrano).

● Julie Lagarrigue "Amours Sorcières".
Label : Microcultures.
Distribution : Kuroneko (numérique) et Le Vélo Qui Pleure (physique).
Sortie : 21 février 2020.
>> leveloquipleure.fr
leveloquipleure@free.fr

L'album "Amours Sorcières" est en vente dans la librairie Le Contretemps (Bègles) et à la Machine à Musique à Lignerolles (Bordeaux).

Création spectacle 2019 : "Amours Sorcières"
Chant, piano, guitare, percussions et voix : Julie Lagarrigue.
Guitares, percussions et chœurs : Anthony Martin.
Oud, percussions et chœurs : Ziad Ben Youssef.
Création sonore, prises de son, mixage et lumières : Patrick Lafrance.
Contrebasse : Fédéric Villéga.
Chœurs : Aline Videau, Marine Cougoul, Cécilé Arné, Emmanuel Commenges, Frédérec Serrano.

En tournée

12 septembre 2020 : présentation à 18 h du livre-disque augmenté CA2A - La machine à musique, Lignerolles, Bordeaux (33).
13 septembre 2020 : en solo, Château Courtey, portes ouvertes, St Martial (33).
26 septembre 2020 : en solo, Chez l'habitant - Bègles (33).
27 septembre 2020 : Concert privé solo, Villenave-d'Ornon (33).
16 octobre 2020 : en trio, avec Lo'Jo, Festival Chantons sous les pins, Pontonx (40).

Pour les concerts chez l'habitant, réservations : leveloquipleure@gmail.com

Gil Chauveau
Mardi 8 Septembre 2020

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"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
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"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023