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Nomination de Caroline Guiela Nguyen à la direction du Théâtre National de Strasbourg  19/12/2022

Sur proposition de Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, le Président de la République a décidé de nommer Caroline Guiela Nguyen à la direction du Théâtre National de Strasbourg pour un mandat de cinq ans.

Née à Poissy en 1981 d'une mère vietnamienne et d'un père pied-noir, Caroline Guiela Nguyen entreprend d'abord des études de sociologie et d'arts du spectacle à l'université de Nice, puis intègre l'École du Théâtre National de Strasbourg (TNS), en 2006, pour se consacrer à la mise en scène. Elle y crée sa compagnie "Les Hommes Approximatifs" qui s'intéresse aux récits de l'intime traversés par la grande Histoire et qui reflètent les évolutions de notre société et dont les pièces "Saigon", "Fraternité Conte Fantastique" et le film "Les Engloutis" sont le reflet. Pour donner vie à ces histoires, Caroline Guiela Nguyen mêle sur les plateaux des comédiens professionnels et des amateurs, de tous âges et venant d'horizons géographiques, sociaux et culturels, chaque fois différents. Elle construit ainsi son engagement artistique, tant au théâtre qu'au cinéma, autour de la question de la diversité, du mélange des cultures et des langues, pour raconter notre époque.

Artiste internationalement reconnue, Caroline Guiela Nguyen est aujourd'hui associée à l'Odéon - Théâtre de l'Europe, à la Schaubühne à Berlin, au Théâtre National de Bretagne à Rennes, à la Comédie de Reims, à la MC2: Grenoble et au Piccolo Teatro à Milan.

Caroline Guiela Nguyen entend faire du Théâtre National de Strasbourg un théâtre et une école où les pratiques du théâtre, du cinéma et de l'audiovisuel se construisent et se pensent d'un même mouvement. Pour travailler à ces enjeux, le théâtre s'associera à ARTE, chaîne franco-allemande de service public à vocation européenne dont le siège est à Strasbourg.

Dans la continuité de son geste artistique, elle s'engage à développer tous les outils possibles pour imaginer un théâtre-école en dialogue constant avec celles et ceux qui ne sont pas encore assez présents dans nos salles et sur nos plateaux. La Fédération des Centres Sociaux de France sera associée au TNS pour penser et mettre en œuvre ce projet.

L'autrice, metteuse en scène et réalisatrice ouvrira les portes du TNS aux artistes, chercheurs et acteurs sociaux pour penser et porter avec elle la mission du TNS.

Ancré sur le territoire de l'Eurométropole de Strasbourg, le projet de Caroline Guiela Nguyen portera les enjeux du théâtre à l'échelle européenne. Pour cela, elle s'appuiera sur le vaste réseau de théâtres qui s'est constitué autour de ses créations : la Schaubühne (Berlin), le Théâtre national Wallonie-Bruxelles, le Théâtre de Liège, le Piccolo Teatro (Milan), le Centro Dramático Nacional (Madrid), le Dramaten (Stockholm).

Caroline Guiela Nguyen prendra ses fonctions au 1er septembre 2023, ce qui permettra d'anticiper et de préparer au mieux la mise en œuvre de son projet succédant ainsi à Stanislas Nordey, dont Rima Abdul Malak salue l'action remarquable en faveur de la création et des écritures contemporaines, mais également son important travail en collaboration avec une vingtaine d'artistes associés - metteurs en scène, auteurs et acteurs.

Rima Abdul Malak se réjouit "de la nouvelle dynamique que Caroline Guiela Nguyen va insuffler au TNS, avec un projet ouvert et généreux, résolument européen. À l'instar de ses spectacles et de ses processus d'écriture, elle portera une vision décloisonnée, mêlant le théâtre et le cinéma, la petite histoire et la grande histoire, l'intime et le collectif. Elle a l'ambition de s'adresser à tous ceux qui se sentent éloignés du théâtre, pour qu'ils trouvent leur place à la fois dans le public, sur scène ou au sein de l'école du TNS."

Communiqué du 19 décembre 2022.
La Rédaction

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

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Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
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Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
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© Philippe Hanula.
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