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Jeux Olympiques de Paris 2024 : pour une fête sportive et culturelle, à Paris comme dans les territoires  10/12/2022

Le 25 octobre dernier, le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer annonçait que les festivals qui se tiennent pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques seront annulés ou reportés.

Sur la méthode, aucune concertation avec le secteur culturel et les collectivités territoriales. Une sommation brutale qui prend de court les organisateurs, les élues et élus et fait abstraction des spécificités liées à la programmation des festivals.
Sur le fond, cette injonction établit une triple opposition :
>> opposition entre le sport et la culture, allant à l’encontre de l’esprit des Olympiades Culturelles ;
>> opposition entre Paris, où se concentrera la majorité des épreuves, et les territoires où se déploient la plupart des festivals estivaux ;
>> plus grave encore, opposition entre Français, entre ceux qui pourront profiter des JOP et ceux qui seront privés de festivals.

De plus, l'invisibilisation soudaine de la dynamique festivalière et de la diversité culturelle de la France, uniques au monde, est déplorable pour l'image de notre pays à l'international.

C’est inacceptable, nous ne nous y résoudrons pas. Des pistes existent pour concilier festivals et JOP ; pourtant, elles n’ont même pas été explorées.

En conséquence, nous demandons à ce que le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer et la ministre de la Culture mettent en place une véritable concertation avec les organisateurs, les syndicats, les réseaux et fédérations et les collectivités territoriales pour aboutir à une solution construite, qui préserve les festivals et les emplois, ainsi que :
- la vitalité culturelle des territoires ;
- la sécurité publique ;
- l'intérêt général de l'ensemble de la population.

Après trois années de crise de la Covid, la Culture ne doit pas revivre un été blanc. Elle n’est pas une variable d’ajustement.

Nous appelons également les artistes et les sportifs qui le souhaitent à soutenir cette démarche, dans un mouvement commun de solidarité entre ces deux mondes aux passerelles si nombreuses. Une pétition a notamment été mise en ligne.

C’est ce qu’a tenu à rappeler l’ensemble des associations d’élus et des organisations professionnelles signataires de la tribune parue le 13 novembre dernier dans le JDD, lors d’une conférence de presse organisée ce vendredi 9 décembre à Rennes à l’occasion des Rencontres Trans Musicales de Rennes.

Signataires :

AMF - Association des Maires de France et des présidents d'intercommunalité AMRF - Association des Maires Ruraux de France
APRÈS - Attaché.e.s de Presse Réseau Entraide Syndicat
APVF - Association des petites villes de France
CITI - Centre international pour les théâtres itinérants
COFAC - Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication
De Concert ! - International Festivals Federation
FAMDT - Fédération des acteurs et actrices des musiques et danses traditionnelles
FASAP-FO - Fédération des Arts, du Spectacle, de l'Audiovisuel et de la Presse Force Ouvrière
FEDELIMA - Fédération des Lieux de musiques actuelles
Fédération FNSAC - CGT Spectacle
Fédération Communication Conseil Culture de la CFDT
Fédération Communication Culture Spectacle CFE CGC
FNADAC - Fédération nationale des asso. de directeurs des affaires culturelles des collectivités territoriales FNAR - Fédération nationale des Arts de la Rue
FNCC - Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture
Les Forces Musicales
France Festivals
France Urbaine
PRODISS - Syndicat National du Spectacle musical et de variété
PROFEDIM - Syndicat pro. des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs, indépendants de musique Régions de France
SACD - Société des auteurs et compositeurs dramatiques
SACEM
SCC - Syndicat des cirques et compagnies de création
La Scène Indépendante (ex-SNES) Syndicat National des Entrepreneurs de Spectacles
SMA - Syndicat des Musiques Actuelles
SNAC - Syndicat National des Auteurs et Compositeurs
SNSP - Syndicat national des Scènes Publiques
SYNAVI - Syndicat national des arts vivants
SYNDEAC - Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles
THEMAA - Association nationale des Théâtres de Marionnettes et Arts associés
TPLM - Tous Pour la Musique
UFISC - Union fédérale d'intervention des structures culturelles
Ville & Banlieue - Association des Maires Ville & Banlieue de France
ZONE FRANCHE - Réseau des Musiques du Monde
La Rédaction

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023