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Fonds SACD Musique de scène : les lauréats de l'édition 2022  02/12/2022

Créé par la SACD, le Fonds SACD de musique de scène est l'une des rares aides à l'écriture destinées aux compositeurs et compositrices qui soutient tous les répertoires du spectacle vivant et s'adresse à tous les publics. En effet, ce dispositif facilite et promeut toute la création musicale contemporaine dans sa diversité face aux difficultés rencontrées par les structures pour financer des musiques originales de scène. Ces musiques originales accompagnent ainsi des pièces de théâtre, des spectacles de danse et, depuis 2008, le cirque et les arts de la rue.

Réunie le 24 novembre dernier, la commission du Fonds Musique de scène était composée de : Laëtitia Ajanohun, autrice, metteur en scène et comédienne ; Taos Bertrand, chorégraphe et danseuse-interprète ; Manuel Peskine, compositeur ; Carole Prieur, autrice ; Ruppert Pupkin, autrice, compositrice-interprète et performeuse. La commission a sélectionné 10 projets parmi les 64 dossiers déposés.

À travers ces 10 projets, la commission a une nouvelle fois relevé la présence de thèmes engagés, soulignant l'évidente capacité de l'écriture musicale contemporaine française à accompagner avec force les changements actuels de la société et soutenir avec vitalité toutes les disciplines du spectacle vivant en s'adressant à toutes et tous, petits et grands.

Arts de la rue

>> Alexis Thépot pour la musique de "Les empiacuamentos", écriture de Pierre-Louis Gallo et mise en scène d'Alexis Thépot, production Scène Musicale Mobile, création le 1er octobre 2023 à l'Astrada à Marciac.

Cirque

>> Manon David pour la musique de "Women weave the land", écriture et mise en scène de Marion Even, production Compagnie la Migration, création le 21 avril 2023 en collaboration avec l'association Cirq'ônflex à Dijon.

Danse

>> Thomas Poli pour la musique de "Infra", chorégraphie de Vincent Dupuy, production Compagnie Atlas, création en mars 2024 au Théâtre de Vanves dans le cadre du festival Ardanthé.

>> Vanessa Court et Josep Tutusaus pour la musique de "This is not an Act of Love and Resistance", chorégraphie et mise en scène d'Aïna Alegre, production Studio Fictif, création le 9 décembre 2022 au festival December Dance à Bruges (Belgique).

Théâtre et théâtre musical

>> Elsa Biston pour la musique de "L'Enigme Rosemary Brown", texte Maya Boquet et Alban Lefranc, mise en scène de Maya Boquet, production La Pop, création le 26 avril 2023 aux Subsistances à Lyon.

>> Christophe Rodomisto pour la musique de "La Femme n'existe pas", texte de Céline Fuhrer, mise en scène de Jean-Luc Vincent, production Les Roses Blanches, création novembre 2023 au Théâtre des Célestins à Lyon.

>> Richard Comte pour la musique de "Grand Palais", texte de Julien Gaillard et Frédéric Vossier, mise en scène de Pascal Kirsch, production Compagnie Rosebud, création le 1er mars 2023 à la Comédie, CDN de Reims.

>> Estelle Meyer, Grégoire Letouvet et Pierre Demange pour la musique de "Niquer La Fatalité, chemin(s) en forme de femme", écriture et mise en scène d'Estelle Meyer, production La Familia, création le 10 mars 2023 au Théâtre Antoine Vitez à Ivry-sur-Seine.

>> Francisco Manalich pour la musique de "Le Rêve et la plainte", écriture et mise en scène de Nicole Génovèse, production Compagnie Claude Vanessa, création le 9 décembre 2022 au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris.

>> Léopoldine Hummel pour la musique de "Tout le monde est là", texte de François Cervantes, mise en scène de Simon Delattre, production Rodéo Théâtre 78, création les 16 et 17 septembre 2023 au Festival de Charleville-Mézières.

La SACD soutient la création musicale contemporaine :
Dans le cadre de son action culturelle Musique, la SACD mène une politique d'incitation à l'écriture et à la production d'ouvrages lyriques contemporains. La SACD est la plus ancienne société d'auteurs au monde, fondée en 1777 par Beaumarchais, elle appartient aux auteurs et autrices qui en sont membres. Elle représente plus de 60 000 autrices et auteurs de création numérique, audiovisuel, cinéma, radio, podcast et spectacle vivant. Elle gère et défend collectivement leurs droits, met à leur disposition de nombreux services, leur offre des espaces de travail, les conseille dans leur accès à leurs droits sociaux ou les questions liées à leur statut d'auteur… Elle soutient par ailleurs, grâce au dispositif de « rémunération pour copie privée », la création contemporaine et la diffusion des œuvres.

>> sacd.fr
La Rédaction

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024