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Claire Dupont nommée à la direction du Théâtre de la Bastille  02/02/2023

Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, et Catherine Dan, présidente de l'Association Théâtre de la Bastille-Paris, annoncent la nomination de Claire Dupont à la direction du Théâtre de la Bastille.

Fondatrice et directrice de "Prémisses", office artistique et solidaire pour la jeune création, après avoir créé le bureau de production "Les productions théâtrales", Claire Dupont s'est notamment consacrée, tout au long de son parcours, à accompagner les artistes et notamment les jeunes metteurs et metteuses en scène dans le développement de leurs projets ou de leurs compagnies. Chargée de cours depuis 2005, et, depuis 2014, maîtresse de conférence associée à l'Université Paris III, elle s'est toujours attachée à lier la création artistique à la question de la transmission et de la formation.

Son projet pour le Théâtre de la Bastille entend poursuivre le remarquable engagement de ce dernier en faveur de la création de projets pluridisciplinaires, tout en initiant de nouveaux axes de travail à l'international et notamment en direction des artistes des pays du bassin méditerranéen.

Forte de son expérience et de ses réseaux, Claire Dupont prévoit de déployer une maison de production au service des artistes et des publics, dans le souci constant de constituer un "écho du monde". Elle sera pour cela épaulée par un "parlement artistique" constitué dans un premier temps d'Agnès Mateus, Gurshad Shaheman et Betty Tchomanga. Elle souhaite également favoriser l'appropriation de ce lieu du XIe arrondissement par les habitants et les habitantes en renforçant les collaborations et les actions culturelles sur le territoire, en créant un projet participatif annuel et des actions hors les murs.

Catherine Dan, présidente de l'association, et les partenaires publics du théâtre expriment toute leur reconnaissance à Jean-Marie Hordé pour le formidable travail mené depuis 1989 à la tête de l'établissement. Par son engagement sans faille pour la création artistique et l'exigence qu'elle implique, il a su faire de ce lieu une institution structurante et emblématique pour les artistes du spectacle vivant et pour la création dramatique et chorégraphique contemporaine, l'une des premières à s'intéresser aux formes transversales du théâtre et de la danse ou à des esthétiques "hors normes", dans un rapport étroit au public.

L'État et la Ville de Paris sont les partenaires publics du théâtre et contribuent tous deux à son financement ; ils échangeront avec Claire Dupont dès sa prise de fonction pour envisager la nouvelle étape du développement du théâtre qui débute, au service des artistes et des publics.
La Rédaction

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024