La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Danse

Y Olé !… Flamenco, Hip-hop et danse classique sous le sacre de Stravinsky

"Y Olé !", Théâtre National de Chaillot, Paris

Sur des mouvements autant aériens, souples, décomposés que nerveux, José Montalvo a choisi de mêler le Flamenco, le hip-hop et la danse classique autour du "Sacre du Printemps".



© Patrick Berger.
© Patrick Berger.
À l'entame du spectacle, une quinzaine de danseurs se disposent sur la scène à un mètre les uns des autres. L'espace est investi dans ses latitudes et ses longitudes par des mouvements synchronisés.

Flamenco, hip-hop, danse classique, accompagnés entre autres du "Sacre du Printemps" de Stravinsky, composent le menu artistique du spectacle. C'est un mélange, un mariage, une hybridation entre différents univers artistiques.

Les rias des castagnettes connotent l'aspect traditionnel du flamenco bottant en touche le cajon. Les taconeos font apparaître des mouvements de jambes assez hauts laissant voir un jeu technique et nerveux au détriment de la sensualité des danseurs(es).

Les taconeos, de par leur rythme, sont à l'opposé des mouvements au sol du hip-hop. Nous sommes au carrefour d'univers moderne, contemporain et traditionnel qui bâtissent une belle mosaïque artistique. Au-delà du hip-hop, le flamenco est accompagné, dans son plus simple élément, de guitare et de chants.

© Jean Couturier.
© Jean Couturier.
Il y a deux types de contact, l'un au sol, avec les taconeos du flamenco et les mouvements fluides et très élastiques du hip-hop, l'autre dans les airs, avec des figures de danse classique. Même si les mouvements sont antinomiques les uns aux autres quant à leur périmètre géométrique, bas d'un côté, hauts de l'autre, ils sont faits au même rythme, dans la même essence, basés sur un corps qui fait l'espace, qui le dessine autant dans les airs grâce aux arabesques, qu'au sol avec les taconeos ou les déplacements glissés du hip-hop. Les mouvements très fluides de ce dernier caressent le sol faisant corps avec lui comme une virgule qui s'étire de son long pour se mouvoir. C'est beau, gracieux, léger comme un souffle d'été.

C'est la tradition qui rejoint la modernité, les identités artistiques qui se fondent avec leur Art, les castagnettes faisant alliance avec les sauts de basque, les taconeos avec les mouvements hip-hop. Ce thème de la rencontre entre univers différents devient récurrent dans les spectacles. Il est devenu un socle artistique sur lequel bon nombre de chorégraphes et de danseurs viennent se greffer, comme pour montrer que l'Art et la Danse restent encore une belle caution d'espoir et de réussite contre l'entêtement identitaire que notre époque peut vouloir, parfois, revendiquer.

"Y Olé !"

© Jean Couturier.
© Jean Couturier.
Création à Chaillot.
José Montalvo, artiste permanent.
Chorégraphie : José Montalvo, assisté de Joëlle Iffrig, Fran Espinosa.
Scénographie et conception vidéo : José Montalvo.
Créé et interprété par seize danseurs : Karim Ahansal dit Pépito, Rachid Aziki dit ZK Flash, Abdelkader Benabdallah dit Abdallah, Emeline Colonna, Anne-Elisabeth Dubois, Serge Dupont Tsakap, Fran Espinosa, Samuel Florimond dit Magnum, Elizabeth Gahl, Rocío Garcia, Florent Gosserez dit Acrow, Rosa Herrador, Chika Nakayama, Lidia Reyes, Beatriz Santiago, Denis Sithadé Ros dit Sitha.
Musique : Igor Stravinsky, Carlos Eleta Almaran, Pedro Pena, Fabian André, Wilbur Schwandt.
Costumes : Rose-Marie Melka assistée de Marie Malterre et Didier Despin.
Lumières : Gilles Durand, Vincent Paoli.
Collaboration artistique à la vidéo : Sylvain Decay, Pascal Minet.

© Patrick Berger.
© Patrick Berger.
Infographie : Sylvain Decay, Clio Gavagni, Michel Jaen Montalvo.
Coordination artistique : Mélinda Muset-Cissé.
Répétiteurs en alternance : Delphine Caron et Emeline Colonna, Simhamed Benhalima, Fouad Hammani.
Durée : 1 h 10.

Du 17 juin au 3 juillet 2015.
Du mardi au vendredi à 20 h 30, samedi 20 juin à 20 h 30, samedi 27 juin à 17 h et dimanche à 15 h 30.
Théâtre National de Chaillot, Salle Jean Vilar, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr

Safidin Alouache
Vendredi 26 Juin 2015


1.Posté par goirand le 15/07/2015 23:42
SPECTACLE QUI DONNE UNE PÊCHE D ENFER .
MERCI JOSE ET SON EQUIPE
DANIELE G

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025







À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024