La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Concerts

"Une nuit transfigurée", fable moderne et pluridisciplinaire

Autour de "La nuit transfigurée" d'Arnold Schoenberg, un spectacle né de la rencontre du premier violon de l'ensemble Des Équilibres, Agnès Pyka, et du peintre David Thelim sera créé à la Ferme du Buisson mêlant étroitement danse, peinture, vidéo et musique.



"Une Nuit Transfigurée" © DR.
"Une Nuit Transfigurée" © DR.
Comment naît un spectacle ? De la rencontre de personnalités venues de disciplines différentes et de leur désir de pénétrer dans les contrées et l'imaginaire de l'Autre afin d'inventer (ou inventorier ?) un nouvel espace de création. C'est donc à la rencontre d'Agnès Pyka et du peintre David Thelim que nous devons ce nouveau spectacle qui se veut pluridisciplinaire. Ce projet est à l'origine de leur collaboration avec d'autres artistes non moins déterminants : les musiciens de l'ensemble Des Équilibres, l'acteur et metteur en scène Alain Fromager, des danseurs et un vidéaste qui réunissent leurs forces pour nous proposer cette variation sur la transfiguration.

Si l'œuvre centrale de ce spectacle sur le concept de transfiguration - dont le metteur en scène Alain Fromager nous rappelle qu'elle advient grâce à l'amour (qui transforme tout), un concept phare de la soirée puisque chaque art convoqué se transfigurera en un autre en un dépassement d'une forme vers une autre - est bien le sextuor à cordes mythique de 1899 de Schoenberg ; ce dernier dialoguera avec des extraits de quatuors d'Alexandre von Zemlinsky et rencontrera deux pièces créées spécialement pour la soirée par la compositrice Graciane Finzi.

Agnes Pyka © Lyodoh Kaneko.
Agnes Pyka © Lyodoh Kaneko.
Ainsi, deux univers musicaux se rencontreront, ceux de Schoenberg et de Finzi. Mais le spectacle est également conçu avec une ambition plus haute : l'ensemble de musique de chambre Des Équilibres créé en 2006 et dirigé par Agnès Pyka entend corréler musique et peinture - celle de David Thelim - et à ces deux arts, la danse sans oublier la vidéo de Baptiste Klein, média indispensable sur scène pour des métamorphoses en écho à celles des partitions (transcendées par les lumières de Maurice Fouillhé). Comment ? Chaque geste, chaque coup d'archet contribuera à l'immersion musicale et visuelle du spectateur dans les tableaux (grâce à la vidéo) alors que deux danseurs (Prunelle Bry et Tristan Bénon, respectivement Elle et Lui) raconteront une histoire un peu différente de celle du poème de Richard Dehmel ayant inspiré le sextuor schoenbergien.

En quatre actes introduit et conclu par deux pièces de Graciane Finzi encadrant les œuvres des compositeurs autrichiens, l'héroïne (Elle) en quête d'amour, bien que revenue de tout, tombera enceinte et errant, rencontrera un homme. En une réflexion sur l'acte de création et d'enfantement, et sur le thème de la transfiguration donc, le spectacle proposera en une heure et demie de traverser des espaces allant du chaos primordial au "Pays de l'avant-naître" (titre de la deuxième œuvre de G. Finzi). Une rêverie qui devrait emporter loin le public à la Ferme du Buisson le 18 janvier.

"Une Nuit Transfigurée"

Répétition avec les danseurs © DR.
Répétition avec les danseurs © DR.
Variation pluridisciplinaire pour sextuor à cordes, deux danseurs et vidéo.
Directrice artistique de l’ensemble et premier violon : Agnès Pyka.
Mise en scène : Alain Fromager.
Vidéo : Baptiste Klein.
Peinture : David Thelim.
Composition : Graciane Finzi.
Lumières : Maurice Fouilhé.
L'ensemble Des Équilibres en sextuor à cordes.
Agnès Pyka, premier violon ; Jacques Gandard, second violon ; Cécile Grassi, alto ; Alphonse Dervieux, alto ; Caroline Boïta, violoncelle ; Guillaume Martigné, violoncelle.
Elle : Prunelle Bry.
Lui : Tristan Benon.

Création le 18 janvier 2022 à 20 h 45.
La Ferme du Buisson - Scène nationale de Marne-la-Vallée, allée de la Ferme, Noisiel (77).
Tél. : 01 64 62 77 77.
>> lafermedubuisson.com

>> desequilibres.fr

Christine Ducq
Lundi 10 Janvier 2022

Nouveau commentaire :

Concerts | Lyrique





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024